
"Il est devenu évident que tout ce qui concerne l’art, tant en lui-même que dans sa relation au tout, ne va plus de soi, pas même son droit à l’existence", écrivait T. W. Adorno, pour qui l’autonomie de l’art constituait pourtant l’autonomie de référence : celle à partir de laquelle on peut penser l’autonomie morale et politique. C’est que toute œuvre, même la plus sublimée, "cache quelque chose comme il faut changer le monde".â Dans sa Théorie de l’avant-garde publiée à peine cinq ans après la Théorie esthétique, Peter Bürger considérait l’esthétique d’Adorno comme « la norme de toute théorie contemporaine de l’esthétique ». Que reste-t-il de cette « norme » plus de quarante ans après la publication d’Ästhetische Theorie ?â Où en sommes-nous avec la Théorie esthétique d’Adorno ? : telle était la question débattue lors d’un colloque tenu à Rennes à l’automne 2017, dont les actes sont aujourd'hui réunis par Christophe David et Florent Perrier. L’ensemble est suivi d’un entretien avec Jacques Rancière et de plusieurs textes rares ou inédits d’Adorno.