
Georg Lukacs, Balzac et le réalisme français [1934-1935]
Traduit de l'allemand par Paul Laveau
Préface de Gérard Gengembre
Paris, La Découverte, coll. "Poche - Sciences humaines et sociales", 1999, 111 p.
- Isbn 10: 2-7071-2927-5
- Isbn 13 (ean): 9782707129277
- 5, 50€
Présentation de l'éditeur:
Engels a déclaré un jour qu'il avait plus appris dans Balzac surl'économie et la politique qu'en lisant les économistes et leshistoriens.
Dans cette série d'articles, écrits en 1934 et 1935 etréunis en 1951 sous le titre Balzac et le réalisme français, GeorgLukacs poursuit une lecture marxiste de Balzac qui avait commencé avecMarx lui-même. Dans une oeuvre réaliste, écrit-il, "convergent et serencontrent tous les éléments déterminants, humainement et socialementessentiels d'une période historique". Certes, poursuit-il, "aucunpersonnage littéraire ne peut contenir la richesse infinie etinépuisable de traits et de réactions que la vie elle-même comporte.
Mais la nature de la création artistique consiste précisément dans lefait que cette image relative, incomplète, produise l'effet de la vieelle-même, sous une forme encore rehaussée, intensifiée, plus vivanteque dans la réalité objective". Son indépendance d'esprit a permis àLukacs de s'émanciper de l'orthodoxie littéraire marxiste. A la foisthéoricien de la littérature, philosophe et intellectuel engagé, ildéveloppe, à travers cette surprenante série d'études consacrées àl'auteur de La Comédie humaine, une lecture et une méthode d'analysetrès personnelles des textes littéraires.
Georg LUKACS (1885-1971) est considéré comme l'un des représentants les plus importants du marxisme critique.
Il a consacré de nombreux livres à la théorie esthétique et littéraireparmi lesquels L'Âme et les formes, Le Roman historique, Thomas Mann etThéorie du roman.
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Notice publiée sur Fabula en 1999:
Balzac, écrivain révolutionnaire? Présentée par un Gérard Gengembreparticulièrement virulent, qui se livre aux périlleux exercices de laréhabilitation post-mortem et du respect, malgré tout, du "jeu"théorique, cette édition contient cinq textes de Lukacs consacrés auroman, dont trois sont consacrés à Balzac. Le premier,chronologiquement, intitulé Les Paysans (1934), souligne la "loifondamentale à laquelle Balzac soumet son travail de créateur" etdécrit " cette élaboration des principales déterminations de la viesociale dans son processus d'évolution historique, leur peinture selonleur manifestation chez les différents individus", expliquant ainsi"pourquoi [Balzac] peut montrer concrètement dans un épisode quelconquedes événements sociaux les grands forces qui régissent l'évolutionsociale." ( p.46). Le principe de lecture est sensiblement celui quiest adopté pour les analyses d' Illusions perdues (1935), et s'engagesur le terrain méta-textuel avec Balzac, critique de Stendhal ( 1935).Par ailleurs, dans Pour le centième anniversaire de la naissance deZola, Lukacs tente de rapprocher Balzac, " historien de la vie privéependant la Restauration et la Monarchie de Juillet" de Zola, "historiende la vie privée pendant le Second Empire" ( p. 92). Enfin, dans sapréface à l'édition de 1951, Lukacs pose de manière plus dogmatique "lareprésentation artistique adéquate de l'homme intégral" comme "laquestion esthétique centrale du réalisme." On préfère à ces pagesdéontiques les analyses critiques de Balzac, d'une clarté et d'unevigueur étonnantes, malgré le schématisme et les extensions marxistesimposées. Rappeler que l'écrivain, et en particulier le romancier, setrouve au coeur des processus de concrétisation et de prise deconscience des mouvements sociaux n'est peut-être pas inutile- avec ousans nostalgie.