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Peguy et la langue : une vision politique ?

Peguy et la langue : une vision politique ?

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Alexandre de Vitry)

Journée de l’Amitié Charles Péguy

Avec le parrainage de l’Académie des sciences morales et politiques

Vendredi 6 décembre 2013

Institut de France

23, quai de Conti

« Péguy et la langue : une vision politique ? »

 

Journée annuelle de l’Amitié Charles Péguy, avec le parrainage de l’Académie des sciences morales et politiques et le soutien du CERIEC LUNAM université d’Angers (EA 922)

 

Journée ouverte à tous dans la limite des places disponibles

Inscription obligatoire avant mercredi 4 décembre : pauline.bruley@univ-angers.fr.

 

            Péguy n’a cessé de prêter attention aux faits de langue et de langage, en particulier à la question du français, de son écriture et de sa transmission. Cependant, parmi les mutations universitaires que Péguy met en lumière, la linguistique en tant que telle n’occupe aucune place particulière. Il est pourtant contemporain du développement de la linguistique moderne : que ce soit la grammaire comparée et la sémantique de Bréal, ou la linguistique de Saussure, qui n’a pas encore pris le nom de « linguistique structuraliste » et que Péguy aurait pu connaître. Il évoque rarement la romanistique de Paris, l’œuvre de lexicologie et de sémantique de Bréal, Darmesteter, le travail de l’abbé Rousselot. Meillet (qui fait cours au Collège de France) n’est guère mentionné dans l’œuvre de Péguy, non plus que la stylistique de Bally.

            Nous voudrions formuler quelques hypothèses afin de cerner la situation de Péguy par rapport au concept et à l’objet langue tels qu’ils se constituent à son époque, et dans son œuvre.

Peut-être le silence de Péguy s’explique-t-il – plutôt que par quelque cécité – par la complexité de ce que représente la langue à ses yeux. La pluralité identitaire de Péguy, normalien paysan, socialiste, chrétien, implique une pluralité d’ordre linguistique, tant en théorie qu’en pratique. C’est pourquoi l’idée de « situation », propre à Péguy, nous semble intéressante pour comprendre sa vision de la langue et des langues, ou des langages. Quand il analyse les formulations, la syntaxe, le lexique de ces registres, Péguy a tendance à parler de langages pour entendre ce que les linguistes et les stylisticiens appellent registres ou langues. Resterait à savoir si ces situations, traduites dans des « langages », correspondent à une conception socio-politique de la langue, par excellence le français, décliné dans ses différents registres – ou si Péguy a proposé une réflexion générale sur l’objet-langue. N’y aurait-il donc de langue, pour Péguy, qu’en tant qu’il y a des langues, celles du paysan ou du bourgeois, celle de la littérature, prose et poésie, celle de la politique, celle de la théologie ?

Norme et politiques de la langue

Penser la langue de manière plus unifiante dans la perspective de Péguy, ce peut être penser la norme : celle du bon français, celle du français littéraire des chefs-d’œuvre. Faut-il alors mettre l’accent sur une norme patrimoniale, celle du français mais aussi du latin de la Vulgate, ou sur une norme se faisant, en termes bergsoniens, norme républicaine permettant de fonder la cité présente et à venir ?

Et quel est alors le statut accordé par Péguy aux langues étrangères et aux divers sociolectes ? De ces différentes perspectives, émerge-t-il une vision ou une conceptualisation de la langue, dans l’œuvre de Péguy ? Comment la vision de la « langue » s’y articule-t-elle à la pensée du « langage » et du « style » ? Pourrait-on envisager – en lui faisant quelque peu violence – un Péguy linguiste ? Des Péguy linguistiques ?

Fécondité linguistique de Péguy : lectures de linguistes et de stylisticiens 

En effet, l’auteur de Clio est devenu un objet d’étude de choix pour différentes écoles linguistiques, de l’œuvre critique de Meschonnic au récent travail collectif sur La Langue littéraire, dirigé par G. Philippe et J. Piat, où l’on trouve un chapitre important consacré à la prose de Péguy. Ces travaux ont toujours relié le destin de la langue dans l’œuvre de Péguy à des questionnements politiques, dans une articulation entre rythme, lexique, grammaire, et valeur, ou esthétique de la Cité, de la nation.

 

Programme

 

Palais de l’Institut de France, salle Hugot, au fond de la grande cour (2nde cour), à droite

 

9h 00 Accueil des participants

9h 15 Allocution de Xavier Darcos, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences morales et politiques 

 

La langue et la cité : enjeux politiques, éthiques, philosophiques

9h 30 Jérôme Grondeux (Université de Paris-Sorbonne) : « Langue et nation » 

10h 00 Christelle Reggiani (Université de Paris-Sorbonne) : « Péguy linguiste »

Pause

10h 45 Charles Coutel (Université d’Artois) : « Péguy et la langue philosophique »

11h 15 Maud Gouttefangeas (Université de Paris-Sorbonne) : « Péguy mâche-t-il ses mots ? »

11h 45 Jean-Pierre Sueur (Sénateur du Loiret, Université d’Orléans) : « La langue poétique de Péguy »

12h 15 Débat

Être au monde par le langage

14h30 Rémy Guérinel (Association Marcel Jousse) : « Le moment Marcel Jousse »

15h00 Alexandre de Vitry (Université de Paris-Sorbonne) : « De Deleuze à Péguy, la langue comme concept »

15h30 Pauline Bruley (Université d’Angers) : « Rousselot, Spire, Péguy : rythme et langage »

16h00 Discussion

En présence de Michel Zink, secrétaire perpétuel de l’Académie des Inscriptions et Belles-lettres (sous réserve)

Fin de la journée vers 17h00

 

Pauline Bruley pauline.bruley@univ-angers.fr

Alexandre de Vitry adevitry@gmail.com