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André Breton aux enchères

André Breton aux enchères

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Laurent Margantin)

Fabula s'associe à l'étonnement peiné de Laurent Margantin, François Bon et Remue.net :

 

Nous apprenons par un article de presse, ce 21 décembre, qu'une vente aux enchères de tous les tableaux, sculptures, objets d'art primitif rassemblés par André Breton dans son appartement mythique de la rue Fontaine allait avoir lieu en avril prochain à l'Hôtel Drouot. Rappelons que cet appartement de Breton est, à l'égal de la maison de Victor Hugo pour le dix-neuvième siècle, un grand lieu de la littérature du vingtième siècle.

Cet ensemble d'objets n'est pas simplement l'uvre d'un collectionneur, mais une création artistique en soi, le fruit d'années de voyage et de prospection, et il ne peut être, selon nous, ainsi bradé et dispersé. On pense notamment à la description qu'en fait Julien Gracq dans "En lisant, en écrivant"

Dans l'article en question, on nous dit que ce "tableau vivant de ses panoramas intérieurs" avait été accueilli au sein de l'exposition du centre Pompidou, début 2002, intitulé "L'aventure surréaliste". On nous dit aussi que la veuve d'André Breton avait conservé pieusement cet appartement en l'état, mais que la "configuration de l'endroit rendant pratiquement impossible (nous soulignons) l'ouverture au public", il avait été décidé, une fois Elisa Breton disparue, de mettre la totalité des uvres d'art aux enchères. À qui iront ces uvres ? L'Etat pourra soi-disant en acquérir quelques-unes, sans que rien ne soit sûr de ce côté-là, et surtout la "maison Breton" sera démantelée et disparaîtra. On peut également lire qu'un cédérom sera offert à la vente, pour le public qui voudra se faire une idée du lieu. En somme : aux riches collectionneurs les uvres arrachées à leur contexte si particulier, et au public un cédérom, comme si les images devaient, dans nos sociétés modernes, remplacer toute expérience physique d'un lieu.

Laurent Margantin