
Joë Friedemann , VICTOR HUGO, UN TEMPS POUR RIRE, Librairie Nizet, 2002. ISBN 2-7078-1265- X
Si, comme laffirme Flaubert, « rien nest sérieux en ce bas-monde que le rire », et si, prémisse ou corollaire à cet aphorisme , cest dans le rire, aux dires de Delphine de Girardin, que se trouve « la vérité », une part essentielle de cette vérité rieuse , au 19e siècle , échoit sans aucun doute à Victor Hugo. Une lecture orientée met en relief la récurrence dominante et, partant, la portée idéologique de ce thème dans les écrits du poète, dès lorée de luvre. Nombre de conclusions auxquelles devaient arriver à lépoque, au plan global et théorique, des auteurs comme Jean-Paul Richter, Baudelaire, Dumont, sans exclure évidemment leurs prédécesseurs et, de manière surprenante, certains de leurs successeurs -- tels Freud ou Bataille -- vont être illustrées intuitivement et concrètement dans luvre hugolienne et ce, dans un mûrissement progressif qui sétendra sur plus dun demi-siècle. Tout se passe comme si le rire -- quil faut démarquer du grotesque et de la fantaisie -- devenait la donnée intrinsèque dun parcours initiatique se développant sur lensemble des écrits, dans une recherche inlassable des composantes les plus secrètes de lâme humaine.
Si on peut parler dun Victor Hugo comique, humoriste, ironiste, il faut se garder de faire de son rire un concept étroit, réducteur A linstar de nombreuses conjonctures de lexistence où le rire jaillit et où il ny a rien de drôle, le phénomène rieur surgit, dans luvre hugolienne, avec ses ramifications variées et souvent tragiques. Il se présente, alors, comme à la source dun questionnement philosophique et métaphysique.