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Un rapport sur le livre numérique… (Le Monde, 30/6/8).

Un rapport sur le livre numérique… (Le Monde, 30/6/8).

Publié le par Marc Escola

Un rapport sur le livre numérique propose quatre pistes pour sauvegarder l'édition LE MONDE | 30.06.08 | 18h26  •  Mis à jour le 03.07.08 | 10h25

Pour Bruno Patino, qui a remis son rapport lundi 30 juin, il s'agit d'engager une réflexion "avant qu'il ne soit trop tard". Premier constat : "Le livre numérique n'est plus, en France, une fiction."Des pans entiers ont déjà basculé : l'édition scientifique, technique,médicale, juridique. Cela concerne aussi les dictionnaires et lesencyclopédies, les livres pratiques, guides de voyage et livres decuisine, et cela s'amorce pour les ouvrages universitaires et leslivres scolaires.

Constatant les changements majeurs dans lamusique et le cinéma, Bruno Patino est convaincu que la littératuregénérale (fiction, essais, BD, jeunesse) pourrait aussi basculer dansle monde virtuel. "La lecture-plaisir sur écran va-t-elle se développer massivement ?" Cette question reçoit un début de réponse positif au Japon, le pays où le livre numérique est le plus développé (3 %).

Il n'existe pas de standard universel pour l'"ebook". Mais dans le même temps se propage la multiplicité des écrans de lecture. "On peut aisément imaginer un processus de dématérialisation rapide de l'écrit qui adopterait les outils existants", souligne le rapport. Comme si la littérature avançait vers le numérique sans s'en rendre compte.

Leprincipal danger est l'appropriation de la valeur d'un livre par unacteur étranger à la chaîne du livre. De la même manière qu'Applefournit de la musique, les opérateurs de télécommunications quidétiennent des réseaux de distribution numérique, voire le libraire enligne Amazon pourraient devenir des concurrents redoutables pour leséditeurs.

L'AVENIR DES LIBRAIRIES

Leprocessus de dématérialisation en cours est porteur de trois dangerspour la chaîne du livre. Un auteur de best-sellers pourrait être tentéde suivre un distributeur numérique qui lui ferait des conditions plusalléchantes, évinçant l'éditeur. La distribution et la diffusion deslivres effectuées par les principales maisons constituent le deuxièmemaillon faible. Enfin se joue l'avenir des librairies, essentiellespour la création.

Bruno Patino fait quatre recommandations :promouvoir une offre légale attractive pour le livre numérique afind'éviter le piratage ; défendre la propriété intellectuelle, qui doitrester la clé de voûte de l'édition ; prévoir des mécanismes permettantaux détenteurs de droits (auteurs et éditeurs) d'avoir un rôle centraldans la détermination des prix, car la loi Lang n'est pas adaptée àl'offre numérique, et enfin obtenir un taux de TVA à 5,5 % (contre 19,6% actuellement) pour l'ensemble des biens culturels numériques.

Alain Beuve-Méry