Essai
Nouvelle parution
Marine Le Bail, Bibliocrimes

Marine Le Bail, Bibliocrimes

Publié le par Eloïse Bidegorry

Et si les livres pouvaient tuer?

Si les bibliothèques, les librairies ou encore les cabinets de livres précieux constituent à première vue des lieux de savoir sanctuarisés, étrangers à la violence, de nombreux textes de littérature policière font au contraire le choix d’en exploiter le potentiel mortifère et menaçant.

Du fameux livre empoisonné du Nom de la rose au faux livre vengeur de Tiré à part, du Livre des Neuf Portes imaginé par Arturo Pérez-Reverte au Songe de Poliphile dans La Règle de Quatre, les récits de «bibliocrimes» regorgent d’ouvrages pour lesquels et par lesquels on tue. Le présent essai se propose précisément d’explorer les affinités entre le récit d’enquête et le motif du livre appréhendé dans toute sa matérialité, à travers un corpus d’une douzaine d’œuvres fédérées par des dispositifs narratifs et poétiques communs. Au-delà de la mise en scène de personnages et de lieux pittoresques associés au monde du livre, les «bibliocrimes» engagent, plus profondément, une réflexion d’ordre éthique sur les pouvoirs de l’écrit et de ses supports matériels.

Marine Le Bail est maîtresse de conférences en littérature française du XIXe siècle à l’université Toulouse-Jean Jaurès. Après avoir consacré sa thèse aux écrivains bibliophiles du XIXe siècle (L’Amour des livres la plume à la main, PUR, 2021), elle travaille aujourd’hui plus largement sur l’histoire culturelle du livre et de ses usages. Elle codirige notamment le projet de recherche transdisciplinaire «Biblioclasmes» qui s’intéresse aux destructions de livres à travers les âges.