
Prix Goncourt 1923. Auteur de romans et d’essais dans la prestigieuse Collection Blanche de la NrF, chez Gallimard ; de nombreux articles dans la Nouvelle Revue Française. Poète, aussi. Ami assidu de Paul Valéry, qui préface son premier recueil de poésie en 1920. Cité par Gide et Aragon – c’est ce dernier qui mentionne avec condescendance « un certain M. Fabre » dans son fameux Traité du Style. Auteur de pièces de théâtre : Olivier Messiaen met en musique deux d’entre elles, pendant la guerre. Des peintres célèbres du Montparnasse des années 1920, Foujita, Vuillard ou Man Ray, le croquent – son portrait est en frontispice de ses œuvres.
Ingénieur de formation (École centrale), issu de la méritocratie de la IIIe République, du fin fond du Tarn. Mais aussi industriel, banquier, éditeur, l’un des premiers vulgarisateurs français de la théorie de la relativité, correspondant avec Einstein. Titulaire de brevets d’invention, pendant la Première Guerre mondiale. Pionnier de l’aviation, dans les années 1920. Et historien : comme Stefan Zweig, auteur de plusieurs biographies, consacrées à Jeanne d’Arc, saint Augustin, Copernic, saint François d’Assise.
Tenté par l'Action Française dans les années 1920 (comme beaucoup), puis candidat à la députation S.F.I.O. dans l'Aude en 1932, à la demande de Blum et dans le département de celui-ci, et sur un programme de rupture avec l'affairisme.
Tel est Lucien Fabre (1889-1952), homme d'une élite d'avant la Seconde Guerre mondiale, connu dans le Paris intellectuel et mondain des années 1920 et 1930, et dans un grand public cultivé, pendant quelques décennies après sa mort. Une figure importante de son vivant, sollicitée dans les journaux, les revues, les salons, fréquentant des personnalités comme Valéry, Messiaen, Man Ray ; et pourtant, une figure aujourd’hui complètement oubliée. C’est bien ce qui suscite notre intérêt : qu’est-ce que la notoriété résiduelle d’une personnalité, comment sa célébrité s’efface-t-elle, en même temps que les générations qui l’ont connue, comment le cas échéant peut-elle renaître ?
Sommaire :
1. Éclectisme et grande culture
2. « Qui se souvient de Lucien Fabre ? »
3. Méritocratie IIIe République
4. La guerre, blessé à 25 ans
5. Avec le 52e Régiment d’Artillerie de campagne
6. Inventions de guerre
7. À Paul Valéry, pour toujours
8. Connaissance de la déesse
9. Anicroches einsteiniennes
10. Vanikoro, et le prix Goncourt avec Rabevel !
11. Relire Rabevel, dix ans plus tard.
12. Ingénieur, cadre d’entreprise, France & Roumanie
13. Pionnier de l’aviation
14. Venise, ville-putain
15. Vignerons du Midi
16. Les invertis
17. Origines de l’homme
18. Perfide Aragon...
19. Une cagnotte pour Valéry
20. Réglons leurs comptes à Gide et Valéry
21. Princesses, duchesses et autres correspondants
22. Heureux qui comme Ulysse
23. Pilier des Nouvelles Littéraires
24. Charlot et le rire
25. Les images d’une France qui travaille
26. Un Georges de La Tour ?
27. Un socialiste audois
28. « L’homme de la sérénité »
29. « Au fond je n’aime réellement dans la vie que les femmes »
30. Pathé-Cinéma
31. Rions sous l’Occupation
32. Dieu est-il innocent ?
33. Rabevel au cinéma ?
34. Du rififi à la Libération
35. Tristan et Yseult
36. Rien ne sera plus comme avant
37. Avoir raison contre Sartre ?
38. Le cercle des poètes disparus
39. La bibliothèque idéale de Raymond Queneau
40. Babion le luxurieux ; fin de l’aventure
41. Éloges de Fabre, après sa mort
42. Jeanne d’Arc, réédition 1977
43. Controverses wikipédiennes
44. À mon ami Lucien Fabre
Annexe ― Écrits de Lucien Fabre.