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Esthétique de l’existence : généalogies littéraires et philosophiques (Lille)

Esthétique de l’existence : généalogies littéraires et philosophiques (Lille)

Publié le par Marc Escola (Source : Isabelle Ost)

Colloque international organisé par le réseau Philature : réseau de recherche en philosophie et littérature,

à l'initiative de l'UMR Savoirs, textes, langages (STL, Université de Lille) et du Centre Prospéro. Langage, image et connaissance (UCLouvain Saint-Louis Bruxelles)

12 et 13 juin 2025

Université de Lille, Campus Pont-de-Bois (Maison de la recherche, Bâtiment F, salle F0.15)

Comité organisateur : 

Martin Mees (Université de Lille), Isabelle Ost (UCLouvain Saint-Louis Bruxelles) et Philippe Sabot (Université de Lille)

Détail du programme…

À partir de 1980 et jusqu’à la fin de sa vie, Michel Foucault explore dans ses cours au Collège de France comme dans ses ouvrages, conférences et entretiens une idée qui va progressivement s’imposer dans sa pensée : la possibilité de façonner sa propre vie comme on ferait une œuvre d’art. Cette formation autonome et singulière de soi se résume à partir de l’année 1982 par la formule de « l’esthétique de l’existence », qui apparaît de façon foisonnante dans les derniers textes et interventions de Foucault, et qui constitue l’un des héritages les plus féconds de sa pensée. 

 Mais, si l’esthétique de l’existence apparaît à l’occasion du travail de Foucault sur les textes antiques, elle trouve pourtant des origines plus tardives, maintes fois esquissées par Foucault lui-même, tantôt dans la pensée renaissante, tantôt à travers le dix-neuvième siècle, tantôt chez Baudelaire ou Nietzsche, constituant pour le philosophe une « longue histoire » qui demeure « à faire ou à reprendre » (L’Usage des plaisirs, in Œuvres complètes t. II, p. 745). L’esthétique de l’existence se façonne donc dans la réception que fait Foucault de différentes traditions littéraires et philosophiques, de pratiques d’écriture qui se font aussi pratiques de soi dans le mouvement même de leur conquête d’un style. 

Lors de ce colloque, nous voudrions nous saisir du vœu formulé par Foucault, jusqu’à présent resté sans suite, en produisant une généalogie de cette notion, de l’antiquité au xixe siècle, en passant par la Renaissance et en en poursuivant les fils jusque dans le monde contemporain, voire au-delà de Foucault lui-même. Quels ont été les héritages et transferts théoriques, artistiques, littéraires de ce concept, et quelles sont les formes contemporaines de l’esthétique de l’existence ? D’un point de vue plus interne à la pensée de Foucault lui-même, quelle généalogie peut-on tracer de cette notion au sein de son travail, opère-t-elle une rupture ou est-elle annoncée par un certain nombre de problématisations antérieures ? Quelles articulations entre esthétique, politique et éthique rend-elle pensable à travers les régimes de discours ?

Prenant la suite d’une journée d’étude exploratoire qui s’est tenue en janvier 2022, ce colloque a pour ambition de dresser un panorama plus systématique des enjeux de cette notion en en explorant généalogiquement différents moments de première importance. Cette entreprise ne peut évidemment se faire qu’à croiser références littéraires et philosophiques, qu’à explorer la façon dont la littérature peut inspirer à la philosophie certaines questions, notions ou problèmes, qu’à saisir en bref le rapport productif qui s’opère entre ces régimes d’écriture, en cohérence avec les ambitions portées par le nouveau réseau Philature*, dont il s’agit du premier grand colloque international.

* Philature : Inauguré grâce à un partenariat entre l’Université de Lille (Labo STL) et l’UCLouvain Saint-Louis Bruxelles (Centre Prospéro), ce réseau de recherche international vise à explorer les multiples modalités de rencontre entre philosophie et littérature, entre littérature et philosophie – et la philosophie… et la littérature, aurait dit Deleuze. L’homonyme dont s’inspire ce nom, le terme de « filature », désigne d’abord la fabrication (ou la fabrique) du fil à partir de matières textiles, puis, par jeu de métonymie, l’action de filer quelqu’un pour en suivre les traces. En ce sens, Philatureest un réseau, c’est-à-dire un ensemble de liens tissés entre des chercheuses et des chercheurs qui veulent mettre en dialogue deux disciplines, et plus fondamentalement deux discours, ayant tout à gagner à ne pas s’ignorer. C’est, de surcroît, un réseau où l’on travaille à même la matière du texte, tissu de formes (qu’elles soient littéraires et/ou philosophiques) créatrices de sens – du sens dont il s’agit de filer les traces, comme on repère et interprète des indices, afin de le produire encore et encore. L’enjeu de ce réseau est moins d’interroger par la comparaison ce qui ferait le propre de chacune de ces disciplines, ou à l’inverse d’appeler à un discours hybride en toutes circonstances, mais plutôt de faire droit à une pluralité d’écritures et de pensées dont le partage disciplinaire ne suffit pas à rendre compte.