Séminaire "Femmes et droits au prisme des récits". Avec Carla Robison et Aurore Turbiau (Sorbonne)

Séance de séminaire animée par Carla Robison et Aurore Turbiau. 

Elles aborderont les thèmes suivants:

Carla Robison : « Criminelle ou victime ? L’avortante clandestine, du droit à la littérature (France, Italie, Royaume-Unis, États-Unis) »

L’avortante n’est ni la seule ni la principale actrice visée par la répression de l’avortement, mais elle est au cœur de la littérature et des débats sur la dépénalisation de l’avortement. Longtemps dépeinte comme une « fille séduite » abandonnée par son amant, il faut attendre les années 1960-1970 pour voir son statut changer en littérature comme en politique. S’affranchissant de topoï préexistants, les récits d’avortements présentent alors un corpus qui permet de saisir le double renversement des stigmates associés à l’avortante, passant du statut de « criminelle » à celui de « victime », et de victime d’un « séducteur » à victime d’une « loi injuste ».

Aurore Turbiau : « “Cette loi comme beaucoup présentait un double tranchant” : Christiane Rochefort et la crise du viol, en 1972 »

Archaos ou le jardin étincelant, publié par Christiane Rochefort en 1972, offre un exemple remarquable de réflexion à la fois féministe et littéraire sur le droit d'une époque. Le roman est loufoque : baroque, délirant selon l'autrice, au moins foisonnant, comique et souvent incohérent. Pourtant, certains passages qui se présentent comme d'assez innocents et légers exercices de pensée sur la vie d'une Cité -- ainsi celui qui évoque la crise connue par le viol, lors du changement de régime législatif du royaume --, portent la marque d'une réflexion serrée, menée par l'autrice, sur le système définissant en droit, à son époque, viol et consentement. On le verra, c'est une réflexion "à double tranchant" : faut-il se décider à sortir les couteaux ?