
"Incivilités", mot revenu des Etats-Unis, est un terme qui a envahi l'espace public pour dénoncer ses dysfonctionnements. Largement adopté par les médias, l'opinion, et des services publics, la notion fait pourtant débat en sciences politiques et en sociologie : est-elle pertinente ? comment la définir ? Comme elle recouvre un ensemble hétérogènes de faits, peut-elle se définir autrement que par un sentiment de rupture de l'ordre quotidien, et par les émotions d'inquiétude et de réprobation que cela suscite ? A-t-elle valeur de symptôme ? Et dans ce cas, est-ce le symptôme d'une crise de la civilisation des moeurs, ou bien d'une intolérance toujours accrue envers la violence? Quant aux historiens de la littérature, qui se sont penchés sur l'histoire de la civilité, ils invitent à jeter un regard moins inquiet, plus comique et plus dialectique sur cette notion: l'incivilité est davantage une épreuve pour la civilité, que son ennemie, davantage un aiguillon que son envers : peut-être ouvre-t-elle la possiblité d'une relation dynamique entre personnes que beaucoup sépare.
La journée d'études IN/civilté(s) dans la littérature contemporaine s'intéressera à la manière dont la littérature contemporaine, en France, investit cette notion, sa définition, ses usages, et l'ensemble hétérogène qu'elle désigne. Elle étudiera la façon dont les auteurs français contemporains se font les témoins des débats, des émotions et des discours de l'incivilité.