Jeudi 17 et vendredi 18 octobre 2024,
9h-18h Espace Colladon (Rue Jean-Daniel Colladon 2, Genève)
« Il y a toute une histoire de l’intériorité qui est à faire », a déclaré Jean-Pierre Vernant. Cette histoire qui n’a été jusqu’ici qu’esquissée semble d’autant plus nécessaire que la philosophie du siècle dernier n’a cessé d’interroger la notion d’intériorité pour la remettre en chantier et parfois en cause. Qu’il s’agisse des réflexions que l’école brentanienne a consacrées à l’intentionnalité, de la conception husserlienne de la conscience, de l’analytique heideggérienne du Dasein, mais aussi de l’insistance avec laquelle Wittgenstein ne cessa de questionner « le mythe de l’intériorité », et plus tard de la remise en question des contenus mentaux dans la sémantique de Kripke, l’intériorité a perdu à jamais son statut d’évidence. Hilary Putnam et Tyler Burge ont développé à leur tour un externalisme en sémantique et en philosophie de l’esprit, soutenant que « les significations ne sont pas dans la tête ». Les sciences de l’esprit et la philosophie de la perception elles aussi ont remis en question la métaphysique cartésienne de l’esprit en avançant l’idée d’une embodied cognition.
Moi, intériorité, conscience, réflexivité : aucun de ces mots de la philosophie ne va donc de soi et leur remise en question, mais aussi leur inscription dans des traditions plurielles et des contextes contradictoires, s’imposent avec urgence. Ce colloque se veut l’expression de cette urgence.