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Formes de la résonance à l’ère de l’Anthropocène : comment faire advenir le Plurivers ? (Montpellier & en ligne)

Formes de la résonance à l’ère de l’Anthropocène : comment faire advenir le Plurivers ? (Montpellier & en ligne)

 Jeudi 14 et vendredi 15 novembre 2024 

salle Panathénées, St Charles 2, Université Paul-Valéry Montpellier III 

entrée libre, en présentiel et en ligne sur youtube

Accéder au programme…

Avec le soutien de: 

ReSO, GIS TEPCARE, Université Paul-Valéry, Montpellier

CRESEM, Université de Perpignan

3L.AM Université d’Angers

Invité spécial de ces journées d’études : Nathanaël Wallhenhorst, Professeur à la faculté d’éducation de l’Université Catholique de l’Ouest (UCO) à Angers dont il est le doyen. Parmi ses ouvrages : Penser l’éducation à l’époque de l’Anthropocène (avec Renaud Hérier, Le Bord de l’eau, 2023), Vortex – Faire face à l’Anthropocène (avec Laurent Testot, Payot, 2023) ;  Qui sauvera la planète ? Les technocrates, les autocrates ou les démocrates… (Actes Sud, 2022).

"Lors de ces journées d’études consacrées aux présentations des jeunes chercheurs, nous engageons l’hypothèse que les savoirs scientifiques transmis dans les pédagogies de transition ne sont pas suffisants pour provoquer une véritable mise en capacité d’agir, malgré une compréhension rationnelle des dérèglements planétaires. Nous nous appuyons sur le concept de résonance développé par le sociologue Hartmut Rosa, qui offre un cadre pertinent pour penser les relations entre l’humain et l’environnement à l’ère de l’Anthropocène.

La résonance désigne l'expérience d'une connexion profonde et harmonieuse avec le monde qui nous entoure, englobant la perception sensorielle, l'émotion, l'imagination et l'action. En élargissant notre champ de vision, nous explorerons les échelles de politisation du Soi écologique, du micro au macro politique, en nous appuyant sur les travaux de Hartmut Rosa et la phénoménologie de Maurice Merleau-Ponty. Nous étudierons également la reliance de l'être au milieu et à la communauté, inspirés par Augustin Berque et Jacques Tassin sur l'écologie du sensible.

Ces échelles de perception seront inscrites dans une perspective globale, en lien avec les "émotions de la Terre", notamment à travers les travaux de David Abram, Théodore Roszak et le Groupe de Recherche sur l'Écoformation. Ainsi, nous visons à démontrer que la résonance peut jouer un rôle crucial dans la transition sociale et écologique, en facilitant le déploiement d'un Soi écologique et en favorisant une relation harmonieuse avec la nature.

Dans ce contexte marqué par la crise environnementale de l'Anthropocène, la nécessité de restaurer une relation équilibrée avec la nature devient primordiale. Cette réflexion s’intègre à celle concernant le sentiment d'appartenance au système-Terre et l'acquisition de compétences essentielles dans les pédagogies de transition. Toutefois, il est suggéré que la simple transmission de savoirs scientifiques ne suffit pas à induire une capacité d'agir effective. 

Ainsi, en intégrant la résonance dans les approches pédagogiques de transition, nous pourrions mieux comprendre et promouvoir le sentiment d'appartenance au système-Terre. Cette approche souligne l'importance de cultiver une relation plus profonde avec la nature, non seulement pour répondre aux défis environnementaux, mais aussi pour favoriser le bien-être individuel et collectif. En développant une éthique du care qui prend en compte les besoins de tous les êtres vivants, humains et non humains, les pédagogies de transition peuvent contribuer à construire un avenir plus durable et résilient.

Dans un contexte où l'écologie devient une préoccupation majeure de la société et où la globalisation met en lumière les liens entre langues et cultures, les linguistes se mobilisent pour sensibiliser l'humain à la détérioration de l'environnement en explorant le rôle de la langue. L'émergence de l'écolinguistique dans les années 1970 a marqué le début d'un domaine interdisciplinaire, situé à l'intersection des sciences naturelles et humaines, mettant en lumière deux axes d'études principaux : l'écolinguistique et l'écologie des langues. L'écolinguistique examine les relations entre discours et environnement, explorant comment le langage peut à la fois décrire, aggraver et atténuer les problèmes environnementaux. D'autre part, l'écologie des langues se penche sur la vitalité et la diversité des langues dans leur contexte social, examinant leur évolution et leur adaptation à leur environnement. Dans cette dynamique, la traduction émerge comme un domaine intrinsèquement lié à l'écologie, où la traduction écologique (translation ecology) devient un écosystème complexe composé du texte original, de la langue source et de la langue cible. L'éco-traductologie s'appuie sur la théorie de l'adaptation et de la sélection, trouvant ses racines dans l'évolution darwinienne, pour équilibrer les dimensions linguistiques, communicationnelles et culturelles dans le processus traductif.

C'est dans ce cadre que se situent nos journées d'étude, qui se proposent d'explorer les contours et les enjeux d'une éco-résonance, en se concentrant sur une éco-poétique bleue. Nous aborderons le rôle du plancton dans la littérature de jeunesse contemporaine, ainsi que les possibilités de connexion entre les humains, en particulier les enfants, et les entités non humaines des communautés pélagiques. Nous utiliserons des cadres conceptuels tels que la théorie de l'adaptation et de la sélection, ainsi que la transcorporeality développée par Stacy Alaimo, pour examiner une conception élargie de la résonance, intégrant des relations interspécifiques au-delà des interactions strictement interpersonnelles. Nous mettrons en lumière l'importance de ralentir et d'intensifier nos interrelations par des « intraactions », explorant comment une attention accrue à l'infiniment petit peut ouvrir de nouvelles voies vers une cohabitation plus harmonieuse avec notre environnement.

Parallèlement nous plongerons dans le monde de la fiction climatique anglophone pour explorer les liens entre la dégradation des écosystèmes, la propagation des maladies et l'émergence d'un nouvel ordre social. Nous analyserons les représentations de l'éco-résonance dans les personnages de ces romans, ainsi que les connexions complexes au sein des écosystèmes qui conduisent à l'émergence de maladies. En examinant les récits de contagion virale, nous interrogerons également les relations entre les espèces et l'exceptionnalisme humain, en envisageant des communautés post-apocalyptiques qui encouragent une mentalité de cohabitation et de respect de l'interconnexion écologique.

De plus, dans un monde confronté aux défis environnementaux, la littérature italienne contemporaine offre une perspective singulière sur la manière dont nous pouvons repenser notre relation avec la Terre et tous ses habitants. Franco Arminio, écrivain italien contemporain, se distingue par sa sensibilité profonde à l'égard de la nature et de l'environnement. À travers ses écrits, Arminio nous invite à nous immerger dans la symphonie du vivant, où chaque élément, du plus petit insecte à la plus majestueuse montagne, résonne en harmonie avec l'ensemble de l'écosystème. En nous plongeant dans l'éco-résonance dans les textes d’Arminio, nous sommes appelés à développer une nouvelle conscience de notre interdépendance avec le monde qui nous entoure. Cette conscience élargie nous pousse à reconsidérer nos modes de vie et nos choix quotidiens, nous invitant à adopter des pratiques plus durables et respectueuses de l'environnement. 

En synthèse, ces journées d'étude sont une exploration interdisciplinaire des liens entre langues, cultures, écologie et traduction, offrant une réflexion approfondie sur la manière dont nous pouvons repenser notre relation avec le vivant dans un monde confronté à des défis écologiques sans précédent."

Comité scientifique :

Clément Barniaudy (UM) 

Angela Biancofiore (UPVM3) 

Daniele Comberiati  (UPVM3) 

Mariarosaria Gianninoto  (UPVM3) 

Bénédicte Meillon (U. Angers)

Vittorio Valentino (Université La Manouba,Tunis)

Marie-Pierre Ramouche (UPVD) 

Comité d'organisation des doctorants :

Mascha Canaux

Rebecca Degregori

Manon Sala

Gulia Verardi

Qiujuan Zhou