Le présent travail, situé au croisement de la recherche en littérature et en arts contemporains, met au jour et questionne l’ensemble de la création de l’écrivaine et artiste contemporaine Chloé Delaume. Il envisage le recours à l’intermédialité en tant que mise en œuvre d’une forme de plasticité dans les écritures du Je afin d’en opérer la métamorphose. Pour ce faire, il étudie les autofictions élaborées par l’autrice, ainsi que ses romans, nouvelles, essais, pièces de théâtre, courts-métrages, performances et créations design, musicales et scénaristiques. S’appuyant sur un corpus diversifié, riche de plus d’une centaine d’œuvres réalisées depuis le début des années 2000, cette étude a pour fin d’analyser l’hypothèse selon laquelle le corps est à la fois vecteur de modification de la subjectivité de l’autrice et performeuse – et de son public – et média féministe visant à influencer les récits contemporains.
L’approche en études de genre, qui oblige à interroger l’objet d’étude, sa méthodologie ainsi que son écriture, implique l’adoption d’une posture et d’un point de vue situés entre l’objectivité et la subjectivité induite par un travail inséparable de la dimension affective, dès lors qu’une proximité avec l’écrivaine s’établit. Dans le prolongement de cette réflexion qui interroge sa propre élaboration en termes de stylistique tout autant que de contenu, la recherche laisse place à une dimension méta-artistique. En effet, une enquête de terrain qui a pris la forme de résidences de recherche et d’écriture au domicile de l’autrice a permis d’envisager les conditions de possibilité de l’accès à l’univers d’une créatrice. L’écriture académique se mue alors en écriture littéraire. Cette première monographie portant sur l’œuvre delaumienne met en évidence la porosité existant entre la littérature contemporaine et l’art contemporain, et démontre le caractère performatif des dispositifs fictionnels.