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Faire / défaire le Diable. Fabriques et mutations d'un corps dissident, XVIe-XVIIIe s. (Limoges)

Faire / défaire le Diable. Fabriques et mutations d'un corps dissident, XVIe-XVIIIe s. (Limoges)

Publié le par Marc Escola (Source : Vincent Quindos)

Faire / défaire le Diable : Fabriques et mutations d’un corps dissident (XVIe-XVIIIe siècles)

Journées d’étude 11-12 avril 2024, salle D005

Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Limoges, équipe EHIC Axe 1

 Organisation : Abderrahmene Frourej, Antoinette Gimaret, Vincent Quindos

Comme outil rhétorique, le Diable semble bien commode : il cristallise, aux XVIe-XVIIIe siècles, tout un éventail d’accusations, dont celles de sorcellerie, libertinage et autres hérésies. On retrouve aujourd’hui, dans la sphère médiatique notamment, des survivances de ce vocable emprunté à l’imaginaire diabolique. Le terme de « diabolisation » y est souvent employé comme synonyme de stigmatisation, quand derrière celui de « dédiabolisation » on entend jouer/déjouer une mystification. Si l’existence théologique du diable précède largement les temps qui nous intéressent, on assiste néanmoins à une « universalisation diabolique » (Alain Boureau) entre les XVIe et XVIIIe siècles. Le Diable est, partout en Europe, doté de pouvoirs considérables. Les démonologues le rendent responsable de la propagation d’épidémies ; il s’empare aussi du corps politique pour créer une communauté de fidèles menaçant la res publica. Aux nombreux pamphlets apologétiques et manuels d’inquisiteurs s’ajoute donc une grande quantité de traités démonologiques et autres méthodes d’exorcisme présumés venir à bout des cas de possession qui se manifestent de manière exponentielle. La concomitance de tous ces phénomènes assure une certitude : la « Renaissance » est aussi celle des Diables. Pourtant, l’emploi surabondant de cet artifice rhétorique résiste à quelques esprits. Par ailleurs, le champ de la fiction se voit de plus en plus investi par la figure du Diable, cette dissémination du motif substituant au goût de la peur celui du rire et de l’imaginaire. S’attachant à la figure du corps endiablé, ces journées d’études s’intéresseront à la fabrication et aux usages des représentations du corps diabolisé entre le XVIe siècle et le XVIIIe siècle en France ou en Europe, et aux liens existant dans cette période entre diableries et dissidences.

Jeudi 11 Avril

10h00 Accueil des participants 

10h30 Mot d’accueil d’Odile Richard, directrice d’EHIC

10h40 Introduction aux journées d’étude 

11h00 Session 1 : Sanctifications par le Diable dans l’hagiographie féminine

Modératrice : Antoinette Gimaret

Helena Queirós, Université Sorbonne Nouvelle – CREPAL et Universidade do Porto – CITCEM : Une quête de sainteté démonologique : la Vie de Josefa Maria da Trindade entre rhétorique masculine et agentivité féminine

Denis Courivaud, Université de Limoges – EHIC : Madeleine Vigneron et les animaux endiablés : le combat contre les démons au service d’une entreprise autohagiographique

Discussion

12h00 Déjeuner

14h00 Session 2 : Rhétoriques du Diable et controverse religieuse

Modératrice : Laurence Pradelle

Lucie Kaennel, Chercheuse indépendante : Le discours de Luther sur l’Antéchrist ou le potentiel critique des processus de diabolisation

Florent Gabaude, Université de Limoges – EHIC :  Ego sum papa ! La diabolisation du pape dans l’imagerie de propagande et la littérature luthérienne militante

Adrien Mociulschi, Université Paris-Saclay – DSR : Écrits savants et spéculations métaphysiques : les évocations du Diable dans les œuvres doctrinales de quelques docteurs de l’Église de l’époque moderne (François de Sales, Pierre Canisius, Robert Bellarmin)

Discussion

15h30 Pause 

15h45 Session 3 : Les diables au secours de la Raison d’État

Modérateur : Florent Gabaude 

Maria Laura Giordano, Université Abat Oliba CEU (Barcelone) : La diabolisation de l’autre dans l’Espagne impériale : le converso-ennemi comme facteur de cohésion

Pol-Henri Poirret, Chercheur indépendant : « Ce sont des démons invisibles qu’il est inutile de chercher […] Les troupes du Roi ne sont pas comme des lévriers qu’on peut mettre toujours aux trousses de ces gens-là. » Les usages politiques et militaires des démons invisibles camisards dans la Guerre des Cévennes (1702-1704)

Discussion

Vendredi 12 Avril

9h00 Accueil

9h30 Session 4 : Diableries philosophiques

Modérateur : Abderrahmene Frourej

Odile Richard, Université de Limoges – EHIC : Diables, démons et satyres dans l’imaginaire de Diderot : laïcisation et poétisation du démoniaque au XVIIIe siècle

Jean-Luc Guichet, Université de Picardie – CERCLL : Diaboliser le corps animal, une dédiabolisation du corps des hommes ? Autour de l’Amusement philosophique sur le langage des bêtes de l’Abbé Bougeant, 1739 

Discussion

10h30 Pause 

10h45 Session 5 : Qui a peur du Grand Méchant Diable ?

Modérateur : Vincent Quindos

Faustine Vidrequin, Université de Limoges – EHIC :  De la diabolisation du protestant à l’alimentation d’un imaginaire collectif : Pierre Le Loyer, un explorateur des narrations diaboliques

Ioana Manea, Université Ovidius (Constanța) : Le Diable incarné dans l’Histoire des imaginations extravagantes de Monsieur Oufle (1710) de l’abbé Bordelon : quel corps pour la fiction romanesque ?

Discussion

12h00 Déjeuner 

14h00 Session 6 : Brûler les planches : les diables en spectacle

Modératrice : Muriel Cunin

Gianluca Ruggeri Ferraris, Université de Florence : De l’autre à soi : le personnage du diable dans le théâtre français de la Renaissance

Anthony Saudrais, Université de Rouen Normandie : Diaboliser Molière. Une machination comme une autre ?

Audrey Gilles, Université de Polynésie française – EASTCO : Corps dansants, corps endiablés dans Le Blason des danses de Guillaume Paradin

Discussion