1929. Kiki est élue « reine de Montparnasse ». Des années auparavant, elle était encore Alice, jeune fille sans le sou, enchaînant les petits métiers pour subsister dans Paris. Relieuse de livres, laveuse de bouteilles, puis visseuse d’ailes d’avion, elle commence à poser pour les peintres et sculpteurs qu’elle croise dans les rues de Montparnasse. Elle est hébergée par Soutine, le « bon ami », rencontre Utrillo, plus tard Hemingway.
Le Montparnasse des Années folles est comme en ébullition. Ses cafés grouillent de politiques qui semblent « comploter des révolutions », de bretteurs et vagabonds en tous genres, d’artistes « pleins de foi et d’ardeur ». Kiki est tour à tour peintre, chanteuse, actrice. Elle pose pour Kisling, Modigliani, Foujita, et fréquente les surréalistes. En 1921, Man Ray l’immortalise dans son Violon d’Ingres, faisant de sa muse une icône de l’époque. Dans son style inimitable, mélangeant tendresse et drôlerie, elle raconte l’effervescence de ces années et fait revivre les lieux qui ont fait de Montparnasse le cœur de la bohème parisienne : la Rotonde, le Jockey, la Coupole. Comme l’Ulysse de Joyce, ses Souvenirs tomberont sous le coup de la censure aux États-Unis. L’ultime version du texte de Kiki, oubliée pendant plus de soixante ans, est enfin disponible en poche.