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À quoi pense le Sud ? La pensée magique d’Ernesto de Martino entre question méridionale et philosophie sociale (Paris)

À quoi pense le Sud ? La pensée magique d’Ernesto de Martino entre question méridionale et philosophie sociale (Paris)

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne (Source : Francesca Belviso)

À quoi pense le Sud ? 

La pensée magique d’Ernesto De Martino entre question méridionale et philosophie sociale

Colloque international

Universités Paris Cité et Sorbonne Nouvelle 

31 janvier et 1er février 2024 

En situant son ethnologie dans le Sud de l’Italie, dans la région des Pouilles, et en prenant en considération les phénomènes de la magie et de la possession dans des livres centraux, Le monde magique (1948), Italie du Sud et magie (1959), La terre du remords (1961), l’ethnologue Italien Ernesto De Martino a profondément renouvelé la pensée anthropologique en remettant en question l’idée selon laquelle magie et possession relèveraient d’une mentalité primitive et de mondes profondément autres. « La magie nous fascine parce qu’elle a longtemps été considérée comme le trait caractéristique d’un monde radicalement différent du nôtre » (Le monde magique). En remettant en question un tel primitivisme attaché aux sociétés autres, De Martino s’est attaché à mettre en avant une rationalité pratique d’hommes et de femmes pauvres en lutte contre leurs conditions de vie, s’employant par la possession ou par la magie à résister à l’extrême misère de leurs existences. Dès lors l’idée d’un texte caché des subalternes aux pratiques de résistance et de survie effacées par les savoirs dominants prend tout son sens. De telles pratiques, interprétées hâtivement dans une nosographie médicale exogène, peuvent être également lues comme des manières originales d’être-au-monde largement occultées par des sciences sociales trop euro-centriques. Elles s’inscrivent également dans une histoire de la question méridionale forgée notamment par Gramsci comme autre histoire de la question sociale. L’œuvre de De Martino peut alors être lue comme une épistémologie du Sud alternative aux rationalités occidentales hégémoniques.

Ce colloque voudrait mettre en avant trois axes centraux attachés à montrer la nouvelle fabrique de l’ethnologie (axe 1), la rationalité de la pensée magique (axe 2),  les relations entre question méridionale et question sociale : au Sud des Sud (axe 3).

Programme

MERCREDI 31 janvier 

APRES-MIDI 14h-17H30

Ouverture par Guillaume le Blanc

1/ Défaire l’ethnologie, refaire l’ethnologie. 

Président de séance: Guillaume le Blanc

- Giordana Charuty, (EHESS)

 « De la magie aux arts de l'existence. Ce que peut l'ethnographie ».

- Roberto Beneduce, (Université de Turin)

« L'épistémologie des derniers, la modernité d'une proposition. Techniques et témoignages d'une contre-histoire écrite par l'encre de la crise »

- Frédéric Keck, (EHESS)  

« Lévy-Bruhl et De Martino : vigilance, crise et participation » 

- Simona Taliani, (Université de Naples)

« Pour une ethnologie sans fin: s'approcher du sentiment de la perte grâce à une éthique du dépassement » 

JEUDI 1er février 9H30-12H30

2/ Ce que réalité veut dire. Magie, irrationalisme et religion

Présidente de séance: Maria Pia De Paulis

- Francesca Belviso, (Sorbonne Nouvelle)

« Heurs et malheurs de l’irrationalisme dans l’Italie postfasciste : le cas De Martino » 

- Orazio Irrera, (Université Paris 8) 

«Salut et sacré»

- Sandro Landi, (Université Bordeaux Montaigne)  

 « La double réalité. Une lecture du chamane de De Martino »

- Paolo Desogus, (Paris Sorbonne) 

«De Martino et le symbolisme laïque chez Pasolini». 

APRES-MIDI. 14H-17H

3/Question méridionale, question sociale : une autre histoire de la solidarité  

 Présidente de séance: Francesca Belviso

- Federico Tarragoni, (Université de Caen) 

 « De Martino et Gramsci : penser l'émancipation des groupes subalternes»

 - Marc Abelès, (CNRS) 

 « De Martino, Gramsci et les Postcolonial Studies, ou Quand l’anthropologie perd le Nord »

- Guillaume le Blanc, (Université Paris Cité)

« Persévérer dans la vie précaire : possession et dépossession de soi »

 - Claudia Girola, (Université Paris Cité) 

« De l’Argentine à la France. La crise de la présence chez De Martino et les formes d’affirmation de soi des personnes sans abri».

— 

Organisateurs 

Guillaume le Blanc

Professeur de philosophie sociale et politique,

Membre Sénior de l’IUF

Université Paris Cité

guillaume.le-blanc@univ-paris-diderot.fr

Francesca Belviso,

Maîtresse de conférences en études italiennes,

Université Sorbonne Nouvelle

Francesca.belviso@sorbonne-nouvelle.fr