Madame Kathia HUYNH
Langues et littératures françaises
Soutiendra publiquement ses travaux de thèse intitulés
Le Poignard et le Scalpel. Balzac et le romanesque.
dirigés par Madame AUDE DERUELLE
Ecole doctorale : Humanités et Langues - H&L Unité de recherche : POLEN - Pouvoirs, Lettres, Norme
Soutenance prévue le mercredi 13 décembre 2023 à 14h00
Hôtel Dupanloup, Rue Dupanloup, 45000 Orléans
Composition du jury :
Aude Déruelle (directrice) Université d'Orléans
Catherine Mariette-Clot (rapportrice) Université de Grenoble Alpes
Boris Lyon-Caen (rapporteur) Université Paris Sorbonne (Paris 4)
Éric Bordas (examinateur) ENS de Lyon
Philippe Dufour (examinateur) Université de Tours
Christèle Couleau (examinatrice) Université Sorbonne Paris Nord (Paris 13)
—
Résumé :
L’opposition convenue mais schématique entre « romanesque » (romance) et « réalisme » (novel) ne rend pas compte de l’hybridité de la poétique balzacienne. Dans La Comédie humaine, romanesque et réel, loin de s’opposer, fusionnent dans une œuvre dont l’hétérogénéité a été critiquée pour être mieux minimisée par l’histoire littéraire et la postérité. Bien que le « réalisme » tel que le pratique Balzac repose sur un modèle d’observation scientifique et un régime de vraisemblance mimétique, La Comédie humaine continue de ménager une place conséquente aux motifs et aux scénarios issus du code romanesque ; loin d’être les défauts auxquels ils ont souvent été réduits, ils participent de sa démarche d’intellection et de déchiffrement de la société contemporaine. Au cœur des objets dits réalistes, apparemment aux antipodes de la tradition romanesque (le quotidien, l’argent, la province), Balzac invente une formule romanesque inédite, fondée sur des aventures imperceptibles et les riens de l’ici-et-du-maintenant. Entre héritage et recréation, reprise et réinvention, Balzac opère un profond bouleversement conceptuel et dramatique de la catégorie du romanesque, intégrée à la représentation du réel. Notre thèse, portant sur l’intégralité de La Comédie humaine, présente un double intérêt théorique et poétique. Il s’agira d’abord de revenir sur une notion mal aimée et peu théorisée, délaissée des traités de poétique et des études littéraires en raison de l’illégitimité du genre et de la négativité qu’elle charrie. On tâchera également de relire la poétique de Balzac à la lumière du romanesque, aussi impensé qu’incontournable. Labile et problématique, la catégorie du romanesque posera des enjeux d’ordre divers : de poétique, de stylistique, de réception, d’histoire littéraire. Nous serons ainsi invitée à réfléchir à la persistance et à l’acclimatation de l’imaginaire romanesque dans le « réalisme » balzacien, qui permet d’écrire, de penser et de critiquer le réel par des voies fermées à la simple copie et à l’observation analytique.