Séance conclusive du séminaire du GIRB "Balzac et la question-femme". Avec Loup Belliard et Carole Bourlé (Paris)
Séance conclusive du séminaire du GIRB « Balzac et la question-femme »
Avec Loup Belliard et Carole Bourlé
Regards croisés sur les lectures actualisantes de la « question-femme », séance conclusive du séminaire annuel du GIRB (Groupe international de recherches balzaciennes) "Balzac et la 'question-femme’", co-organisé par José-Luis Diaz, Céline Duverne, Jacques-David Ebugy et Lucie Nizard, avec le soutien du CERILAC.
Vendredi 6 octobre à 14h, campus des Grands Moulins (Université Paris Cité), bibliothèque Jacques Seebacher (Paris 13e).
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"La vieille fille chez Balzac, ou l'impossibilité du désir" - Loup Belliard (doctorante à l'Université Grenoble Alpes)
La Vieille fille, La Cousine bette, Pierrette, Le Curé de Tours : ces romans de Balzac mettent tous en scène des personnages de femmes célibataires d'âge mûr, qui donnent forme texte après texte à un type social qui marque encore nos imaginaires modernes, celui de la vieille fille. Si ces figures montrent quelques divergences que nous analyserons, elles montrent aussi de nombreux points communs, notamment le regard très critique porté sur elles par leur auteur. A travers ces portraits dénigrants, c'est toute une haine du célibat, notamment féminin, qui se devine chez Balzac. D'où vient cette vision négative de la vieille fille, protagoniste caractérisé par son incapacité profonde à faire famille ? Comment les vieilles filles balzaciennes sont-elles exclues du domaine du féminin, et deviennent des créatures évoluant en dehors du genre ? Nous verrons comment ces parcours de femmes marginalisées révèlent l'importance sociale de la sexualité dans La Comédie humaine.
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"Balzac : mal gazé ? Une écriture du corps désiré et désirant" - Carole Bourlé (docteure de l'Université de Rouen Normandie)
En 1975, la réalisatrice féministe Laura Mulvey théorise le concept du male gaze et montre qu’au cinéma le regard des hommes sur les corps féminins est problématique. Sexualisée à outrance et souvent gratuitement, la femme est représentée comme un objet de fantasme et de plaisir pour un spectateur masculin, complice du réalisateur. À l’époque de Balzac où les différences genrées sont rationalisées par une littérature médicale qui assujettit et sexualise les femmes, une approche sexuée de la femme et uniquement de celle-ci paraît plus évidente encore. Dès lors, comment appréhender le male gaze balzacien ? n’est-il qu’un fait d’époque inévitable ou relève-t-il d’un choix esthétique ? Les femmes ont-elles droit, comme les hommes, de fantasmer sur les corps ou Balzac gaze-t-il certains de leurs désirs ? Ne pourrait-on pas voir en lui, enfin, un précurseur du female gaze ? Nous tenterons de répondre à ces questions par une approche stylistique, en nous appuyant sur quelques textes issus de La Comédie humaine et des Contes drolatiques.
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Illustr. : Balzac caricaturé par Grandville. Détail de la Grande course au clocher académique, 1839.