Tout le monde le sait, "le rose, c’est pour les filles". De fait, il rattache au féminin tout ce qu’il colore. Tour à tour marqueur de beauté ou de séduction, de douceur ou de naïveté, il contribue à une esthétisation du genre et à la perpétuation de stéréotypes : d’un côté, il rend le féminin superficiel, artificiel, donc paradoxalement invisible ; de l’autre, son association au masculin connote l’efféminement, voire l’homosexualité. Dans Rose, sous-titré Une couleur aux prises avec le genre (éd. Amsterdam), Kévin Bideaux interroge la place singulière que cette couleur occupe en Occident. De sa rivalité avec le rouge à son association à la fleur, en passant par le style rococo et le rendu des chairs dans la peinture ; des premiers colorants roses jusqu’à Barbie ; de l’opposition du bleu et du rose aux divers usages qu’en ont faits la mode, le cinéma, les dessins animés et les jeux vidéo ; de la construction de la préférence pour le rose au rôle qu’il joue dans le marketing, sans oublier la relation ambivalente que les mouvements féministes et LGBTQ entretiennent à son égard, Kévin Bideaux retrace, abondante iconographie à l’appui, la longue histoire sociale, artistique, politique et culturelle d’une couleur devenue une véritable technologie de genre.
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Publié le par Marc Escola