Réédition d’un ouvrage paru en 1999 aux éditions P.O.L alors même que 20 ans après la disparition de Monique Wittig est lancée l’année #Wittig2023 afin de célébrer son œuvre, et qu’une nouvelle génération de lectrices et de lecteurs s’empare de ses livres.
Préface inédite de Anne F. Garréta, écrivaine, universitaire, spécialiste du féminisme et des questions de genre, membre du prix Médicis et co-présidente de l’association des ami·es de Monique Wittig.
Paris-la-politique est un ensemble de textes qui forment la saisissante parabole des années de militantisme de l’autrice, une des pionnières du mouvement de libération des femmes en 1968. Plus généralement, c’est la parabole des luttes de pouvoir dans les groupuscules. Certains textes traitent directement de l’esclavage. Ils rappellent que Monique Wittig, après des débuts classiques dont témoigne encore la nouvelle « Elsa Braun » (une gamine au parloir subit la visite d’un vieux monsieur au crâne rose) a transité par la science-fiction. Ils montrent comment le refus de la représentation réaliste aboutit chez elle à une surreprésentation, voire un surréalisme. « Le jardin » (1978) est la description atroce d’une société où « les êtres », beaux et mobiles, exploitent « les corps », ectoplasmes immobilisés dans des transats, nourris de force, bercés par des grands singes. De temps à autre il est posé sur leur sexe une machine à traire. D’autres textes, plus théoriques, portent sur le féminisme. Chez Monique Wittig, pas de « féminitude », mais, au contraire, un refus de la nature féminine, une exécration de tout ce qui est dit féminin. C’est un narcissisme dont elle se moque dans Paris-la-politique.