Comment une ère dite post-factuelle a-t-elle pu s’installer et comment un tel régime des apparences a-t-il pu à ce point brouiller les rapports entre faits et fictions? Si les rapports entre être et apparence sont le premier élan de la philosophie, répondre aux enjeux ontologiques contemporains demande de reprendre à nouveaux frais les objets fictionnels. Dans un essai sobrement intitulé Fictions (Vrin), la philosophe Markus Gabriel vient de proposer ce qui s’apparente à un traité de l’imagination, en trois mouvements : le réalisme fictionnel propose une analyse des objets fictifs et fictionnels ; le réalisme mental s’attache aux objets de l’imagination, décrypte la fabrique des illusions et discute pied à pied avec la phénoménologie ; le réalisme social décrit la dimension publique de l’esprit et propose des analyses d’ontologie sociale. Si les fictions sont au centre de ce mode de représentation, elles en sont aussi la clé. En comprendre le fonctionnement, les limites et surtout la nécessité (les fictions sont bien réelles) permet d’en circonscrire l’incidence et surtout de renforcer les outils critiques des sciences humaines et sociales, souvent les grandes perdantes des arbitrages socio-économiques et politiques.
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Publié le par Marc Escola