Revue
Nouvelle parution
TrOPICS, n° 13 :

TrOPICS, n° 13 : "Littérature des saveurs, saveurs de la littérature" (dir. Guilhem Armand et Anne Chamayou)

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne (Source : Guilhem Armand)

TrOPICS, n° 13 : « Littérature des saveurs, saveurs de la littérature »

dir. Guilhem Armand et Anne Chamayou

Saint-Denis, Université de La Réunion, 2023

« La littérature et la gastronomie sont inséparables l’une de l’autre » (Curnonsky)

 La gastrocritique a fait son entrée sous la plume de Ronald W. Tobin au début de ce siècle, soulignant le fait que le critique littéraire est désormais aux côtés du gourmand et du cuisinier. Il n’est que de voir l’impressionnante bibliographie parue sur ce thème et la fécondité de la recherche universitaire. Même si la gastrocritique est nécessairement pluridisciplinaire, puisque son objet touche à tous les secteurs des Sciences humaines, la critique littéraire apporte à l’étude de cet objet les concepts et les outils de son propre champ, parce qu’elle interroge la cuisine à la fois comme un art et comme un objet de plaisir, ce qu’elle est ou prétend être elle-même. La gastronomie a ainsi investi la littérature en devenant l’un de ses objets de prédilection, l’un de ses questionnements en matière de codification et de goût, et finalement l’une des expérimentations de son langage lorsqu’il est mis au défi de la jouissance. En interrogeant le désir et le plaisir, celui des mets comme celui des textes, la gastronomie joue ainsi le même rôle que celui qu’a pu jouer l’érotisme à la fin des années 50. Comment la littérature explore-t-elle la perception du goût, pourquoi investit-elle le domaine des plaisirs de bouche et de table ? Que dit-elle ainsi d’elle-même et de sa propre saveur ? Ces questions ont guidé les concepteurs de ce volume ; les réponses qui ont été données par les auteurs des articles ici rassemblés s’articulent en deux grands secteurs : dans le premier, la gastronomie est l’objet d’un discours, dans le second, elle est le sujet d’une œuvre. Les études de la première partie de ce volume s’attachent à des lettrés, des critiques, des romanciers ou des poètes qui ont parlé de gastronomie. Dans la deuxième et la troisième parties de ce volume, quittant le domaine de la critique, on entre résolument dans celui de la représentation où l’écriture, textuelle ou filmique, s’empare de la scène gastronomique pour en faire l’un de ses sujets. 

Sommaire du numéro 

Anne Chamayou et Guilhem Armand : Introduction

 I.  Le Critique et le cuisinier 

Anne Chamayou : La révolution de 1739 : les intellectuels aux fourneaux

Guilhem Armand : La Gastronomie de Berchoux : une naissance critique

Kilien Stengel : De la critique littéraire à l’écriture gastronomique 

II.  La Société dans une assiette 

François Raviez : Le goût des Mémoires, une mémoire du goût ? Saint-Simon, Ligne, Chateaubriand

Youyou Guitard-Wu : Savent-elles manger ? La représentation de l’appétit féminin chez Cao Xueqin et Honoré de Balzac

Ian Grivel : La guerre a-t-elle une saveur ? Les manifestations du goût dans la poésie de guerre britannique (1914-1918)

III.  La Cuisine du texte 

Béatrice Alonso : De la coupe aux lèvres : manger, parler, aimer dans les Euvres de Louise Labé

Jean-Yves Laurichesse : Inspiration rabelaisienne et conjuration de la mort dans Le Banquet annuel de la Confrérie des fossoyeurs de Mathias Énard

Isabelle Labrouillère : À la recherche du goût perdu : l’écriture mélodramatique comme reconnexion au sensible dans Les délices de Tokyo

Bibliographie sélective (Guilhem Armand)