Felipe Freller, Quand il faut décider. Benjamin Constant et le problème de l'arbitraire (préf. Pierre Manent)
Felipe Freller
Quand il faut décider. Benjamin Constant et le problème de l'arbitraire
Paris, Classiques Garnier, Constitution de la modernité, 2023
Le libéralisme est souvent accusé de négliger la dimension de la décision en politique. Pourtant, Benjamin Constant, l’un de ses « pères fondateurs », s’est constamment intéressé aux situations qui requièrent une décision impossible à fonder sur l’application d’un principe ou d’une loi préalable.
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Extrait de la préface de Pierre Manent
"À un moment où les régimes démocratiques, en Europe comme dans les deux Amériques, doutent d’eux-mêmes et connaissent des désordres sérieux, il importe de cerner avec netteté les ressources et les difficultés du gouvernement représentatif, qui fournit le cadre opérationnel de nos démocraties. Le travail savant, clair et impartial de Felipe Freller est une belle contribution à cet effort indispensable. Il s’attache à restituer la pensée de Benjamin Constant, l'un des auteurs politiques les plus pénétrants d’une époque et d’un pays qui ont contribué décisivement à donner forme à la politique et à la société modernes. Constant fut à la fois un homme politique dont la carrière court du Directoire à la Monarchie de Juillet, un publiciste particulièrement brillant, un théoricien majeur du gouvernement représentatif, enfin une figure qui résume en sa personne et dans son œuvre la force et les faiblesses, en un mot les tourments du libéralisme politique. [...]
Felipe Freller décrit admirablement avec quelle ampleur et subtilité d’imagination politique Constant, dans la suite de sa carrière, multipliera les suggestions institutionnelles pour combattre l’arbitraire par l'arbitraire, c’est-à-dire l'arbitraire agresseur des droits par l'arbitraire défenseur des droits. Il propose par exemple de combattre la tyrannie de lois violant l’indépendance individuelle par le sentiment moral des jurés dans un jury qui pourrait alors prévaloir contre ces lois. Constant suscite ainsi des figures positives de l’arbitraire, naissant du mouvement spontané de la conscience intime des citoyens lorsque ceux-ci se perfectionnent par l'exercice de leurs facultés dans un régime de liberté."