Cet nouvel opus de la collection "Recherches croisées Aragon/Elsa Triolet", qui depuis 1988 propose une analyse scientifique des œuvres et des actions politiques ou culturelles du poète et romancier Louis Aragon et de son épouse l’écrivaine et intellectuelle d’origine russe Elsa Triolet, est consacré au versant intime de l’engagement d’Aragon, son « goût de l’absolu » et sa déclinaison dans son œuvre poétique, au-delà du pôle d’attraction constitué par l’amour, dans le corps-à-corps avec l’Histoire.
Il invite à un parcours chronologique, du renouveau poétique que représente Le Crève-cœur (1939) au grand poème de la crise de l’utopie communiste qu’est Le Fou d’Elsa (1963). Se dessine ainsi l’itinéraire singulier d’un poète qui, soucieux de « prendre l’événement à la gueule », écrit pour croire.
Sommaire
Première partie : Nécessité de la poésie en temps de détresse
I. Comment écrire en temps de guerre ?
II. « Poésie et défense de l’homme »
III. Une éthique de la négation
IV. L’espoir, force motrice fragile
Deuxième partie : Du doute au prophétisme, un chemin original
I. Les failles de « l’optimisme de décision »
II. La surenchère comme esthétique compensatoire
III. Au tourniquet du « faire croire » et du « croire » : les dessous de la posture du prédicateur
IV. Une parole habitée : la voix du prophète
V. L’engagement du croyant : du témoignage au martyre
VI. Les martyrs, relais symboliques : entre reconnaissance, canonisation réticente et fantasme identificatoire
Troisième partie : Dans la forge du sacré : l’ère effervescente
I. Un programme : les mythes « remis sur leurs pieds »
II. Le bricolage mythique
III. La fabrique du héros
Quatrième partie : L’institutionnalisation du croire : la posture du prêtre
I. « Préface au désenchantement » : le défi de la routinisation
II. Mes caravanes ou L’imposition d’une liturgie communiste
Cinquième partie : Calcification et crise de la croyance : le poème au risque de l’illisible
I. L’écriture « à ciel ouvert » à l’épreuve de la Guerre froide
II. L’oblation du sujet poétique à l’idéologie : une proclamation d’orthodoxie
III. Symptomatologie de la foi défaillante : la dissolution de l’objet
IV. La crise de la foi et sa dénégation : un sujet écartelé
Sixième partie : L’ébranlement de la croyance : de l’illisible à l’indicible
I. Le rapport Khrouchtchev, un « non-événement » ?
II. Défense de l’indicible : une position ambivalente
III. « Ce que j’aime » : croire, une histoire d’amour fusionnelle
IV. Majesté et vanité du martyre
V. Portée et limites de la critique de l’utopie
Épilogue : Faillite de l’utopie et désorbitation de l’objet de croyance
I. L’Histoire comme « perpétuelle tragédie »
II. L’amour, seul absolu : sauvetage de la foi et échappée mystique.