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Les émotions au prisme du genre (Kuşadası,Turquie)

Les émotions au prisme du genre (Kuşadası,Turquie)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Driss Ablali)

Colloque international :

12-13 octobre 2023. Kuşadası (Turquie)


Les masques du discours II : 

Les émotions au prisme du genre 

Driss Ablali. CREM. Université de Lorraine. France

Duygu Öztin. Université Dokuz Eylül. Izmir. Turquie


En 2015, la première édition des « masques du discours[1] » explorait les stratégies discursives implicites et sous-entendues du sens. Cette deuxième édition sera centrée sur les émotions, question devenue incontournable aujourd’hui en sciences humaines et sociales (certain.es parlent d’emotional turn ou d’affective turn), en lien avec la catégorie du genre, aussi bien dans son acception discursive (genre de discours/genre textuel) que sexuée (genre social).  

Consacrer un colloque international à une thématique comme celle de l’émotion (Parret 1986 ; Greimas & Fontanille 1991 ; Kerbrat Orecchioni 2000 ; Charaudeau 2008 ; Plantin 2013 ; Micheli 2014), dont la généralité et le vague sémantique peuvent s’appliquer à des observables multiples et variés, présente des risques de confusion intellectuelle et d’interprétations multiples. Aussi précisons que le colloque ne vise pas seulement à replacer l’étude des émotions sous l’angle des traces verbales des émotions exprimées (lexicales ou morphosyntaxiques, argumentatifs ou sémantiques), non plus uniquement du côté de la matérialité corporelle qui participe de de la sémiotisation de l’émotion (intonation, débit, voix, postures, gestes…), mais à rattacher ces phénomènes à une différenciation selon le genre discursif, dans son articulation au genre sexué. Le genre, à la fois discursif et social, est alors envisagé comme un ensemble de contraintes ou de conditions de possibilités du sens des émotions. Cette conception du genre invite ainsi à considérer des questions aussi larges que celles de la culture, du pouvoir, de l’idéologie, de la performance, des normes sociales, de l’esthétique ou de la technique.

C’est l’émotion comme processus sémiotique, contraint par le genre textuel et par l’identité de genre, dont le degré d’intrication est à définir, et qui nourrit en filigrane le sens des textes et des discours que l’on souhaite soumettre à discussion, pour (dé)masquer les raisons des émotions. La mise en discours des émotions suivant l’identité de genre et les conditions sociales sera par ailleurs interrogée dans la production de discours des émotions typiquement genrées ou en vigueur dans des « communautés émotionnelles » (M. Weber ; Barbara H. Rosenwein).

De telles problématiques se définissent notamment par rapport au sujet, appréhendé non seulement comme posture singulière mais aussi comme instance plurielle qui vit, partage et réagit émotionnellement dans l’altérité des émotions communes (« l’autre moi-même » ou « émotions sociales », Damasio 2010). A cet égard, on s’attachera à décrire comment une émotion collective unifie une pluralité d’ethos et d’actions ou événements épars (Kaufmann & Quéré 2019), en engageant des considérations spécifiques sur les émotions, par exemple des sentiments nationalistes, révolutionnaires, ou des sentiments d'appartenance à un groupe (apprenant.es, occupant.es ou occupé.es, faibles et souffrant.es), ou encore à une religion, une secte, comme à des pratiques collectives (organisation de rites, mouvements de grève, jeux collectifs, rassemblements identitaires divers), ensembles pensés comme autant de cadres et de formes de régulation des émotions. Il ne s’agira pas de comprendre comment se construit une émotion collective en discours, mais d’identifier le terreau sur lequel s’impriment les visées et les valeurs communes aux membres de la communauté, appartenant au même genre social et « moulant » leur pratique langagière dans le même genre de discours. 

Il s’agit aussi de comprendre ce que l’émotion fait au genre et réciproquement, ou comment l’expérience émotionnelle, invoquée ou provoquée, négocie avec la performativité du genre, à la fois textuel (Adam ; Maingueneau, Bronckart, Rastier) et social (Butler), pour dire ou masquer le secret, l’implicite, l’ineffable, l’interdit, la censure, le tabou, le fantasme, la honte…

Nous nous intéresserons non seulement aux pratiques verbales (littéraires, médiatiques, politiques, scolaires…), mais aussi aux pratiques multi-modales en élargissant l’empan de la description et de l’analyse de la dualité genre/émotions à d’autres médias comme le cinéma, la publicité, la photographie, les réseaux sociaux, dès lors qu’il s’agit de confronter le régime des émotions aux lois du genre.

Avec ce colloque interdisciplinaire sur Les Émotions au prisme du genre, à partir des grands axes que nous avons indiqués, nous souhaitons dégager de nouvelles pistes de réflexion et d’étude pour repenser de manière dynamique la portée du pouvoir de médiation du genre, ordinairement silencieux sur les émotions comme expérience individuelle ou collectivement construite. Interdisciplinaire, son but est aussi d’offrir un espace de discussion ouvert entre linguistes et non linguistes, pour croiser des approches variées autour de ce que s’émouvoir en discours veut dire, sous le déterminisme du genre.

Modalités de soumission des propositions de communication :

Langues des communications : français

Les propositions de communication devront être adressées avant le 20 juin 2023, par voie électronique à :  emotions.genre2023@gmail.com 

Les décisions seront communiquées le 15 juillet 2023 et le programme du colloque sera diffusé début septembre.

Les propositions soumises devront décrire un travail original et novateur, et devront contenir un état de l'art et des références à des travaux antérieurs pertinents. 

Les résumés (ne dépassant pas 500 mots) doivent être en Times 12 avec interligne simple et en format Word. Ils feront l’objet d’une double évaluation anonyme par deux experts du comité scientifique.

Le résumé sera accompagné d’une page séparée indiquant le titre de la proposition, le nom de l’auteur.e (ou des auteur.es) et les coordonnées professionnelles.

Les propositions retenues dureront 20 minutes, suivies de 10 minutes d’échange.

Le colloque aura lieu exclusivement en mode présentiel.

Une sélection sera faite par le comité scientifique parmi les présentations après le colloque, et leurs auteur.es seront ensuite invité.es à rédiger un article pour un ouvrage collectif issu du colloque.

Conférencier.es invité.es :

Ruth Amossy : Université de Tel Aviv, Israël

Jacques Fontanille : CeReS. Université de Limoges, France

Lieu du colloque : 

Le colloque aura lieu à la ville de Kuşadası (https://sealightresort.sealighthotels.com/, sur le littoral de la mer Égée, à 5 km du site archéologique d'Éphèse.

Modalités d’inscription :

Le comité d’organisation a établi les tarifs suivants relatifs à l'inscription au colloque : l'inscription comprend l'accès aux conférences, l'hébergement en pension complète (3 nuits, du 11 au 14 octobre), et les pauses café :

400 euros : hébergement en pension complète en chambre single

300 euros : hébergement en pension complète en chambre partagée.

Comité scientifique :

Julie Abbou                              Université de Turin, Italie
Juan Alonso Aldama                   Université Paris Cité, France
Sémir Badir                              Université de Liège, Belgique
Fabienne Baider                        Université de Chypre, Chypre
Alpha Ousmane Barry                 Université Bordeaux Montaigne, France
Erik Bertin                               Université de Limoges, France
Patrick Charaudeau                    Université Paris-Sorbonne, France
Georgeta Cislaru                        Université Paris Nanterre, France
Marion Colas Blaise                    Université du Luxembourg, Luxembourg
Nicolas Couegnas                      Université de Limoges, France
Dominique Ducard                     Université Paris Est Créteil, France
Valdir Flores                             Université Fédérale du Rio Grande do Sul, Brésil
Nathalie Garric                          Université de Nantes, France
Matilde Gonçalves                      Université Nouvelle de Lisbonne, Portugal 
Luca Greco                              Université de Lorraine, France
Ayşe Kıran                               Université de Hacettepe, Ankara, Turquie
Roselyne Koren                         Université de Bar-Ilan, Israël
Ece Korkut                               Université de Hacettepe, Ankara, Turquie
Tiziana Migliore                         Université d’Urbino, Italie
Hassan Moustir                         Université Mohammed V de Rabat, Maroc
Eleni Mouratidou                       Université Paris Nanterre, France
Nedret Öztokat Kılıçeri                Université d’Istanbul, Turquie
Sündüz Öztürk Kasar                  Université Galatasary, Istanbul, Turquie
Iva Novakova                           Université Grenoble Alpes, France
Ondřej Pešek                            Université d Boheme du Sud, République Tchèque
Christian Plantin                        Université de Lyon 2, France
Yusuf Polat                              Université de Kırıkkale, Turquie
Alain Rabatel                            Université Lyon 1, France 
Hamid Reza Shairi                     Université Tarbiat Modares de Téhéran, Iran
Fátima Silva                             Université de Porto, Portugal
David Szabo                             Université ELTE, Budapest, Hongrie
Patricia von Münchow                   Université Paris Cité, France
Monica Zoppi                             Université de Campinas, Brésil.