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Les Mues en Mai ou L'Enfant et les mues, de l'album à la scène (Besançon)

Les Mues en Mai ou L'Enfant et les mues, de l'album à la scène (Besançon)

Publié le par Marc Escola (Source : Julia Peslier)

Coordonné par Julia Peslier

« Moi, je préfère ramasser les mues
serpents, cigales, feuilles mortes, écorces, roches effritées
tout se transforme
Il n’y a qu’à patienter »
(Il faudra, de Ramona Bădescu et Loren Capelli)



Au départ, la Mue…

La mue est le processus organique de transformation animale, impliquant le renouvellement partiel ou total de l’enveloppe de l’animal. Paradoxale, elle le met à nu et le rend vulnérable en même temps qu’elle le dote d’une peau ou d’une carapace à sa mesure et participe à la continuation de sa vie. Elle se tient entre la forme qui advient et la mort, elle dépose sur le chemin les restes, coquilles vides et lambeaux de peau, comme autant de traces du vivant. Elle est à la fois spectaculaire et intime. On peut la regarder ou en être aveuglé, le temps qu’elle se fasse. On peut l’écouter comme en être le sujet, saisi dans l’intensité du processus. Elle dit quelque chose du temps et de l’être, de la permanence et de la transition : saisonnière ou unique. Quand elle s’applique au phénomène vocal, la mue désigne le changement la voix chez l’humain, le déplacement de son timbre : troubles hormonaux, psychologiques, puberté, ménopause, castration, ses causes sont variées, liées aux âges de la vie pour part... Que l’on chuchote ou que l’on chante, du grave à l’aigu, elle vient nommer un moment de transformation et de transition, parfois inconfortable, parfois expérimental. Par la voix, elle entre dans l’avènement de la parole, dans la relation intime et publique au langage et à l’expression.

L’enfant et les mues

L’enfant vit l’âge de bien des métamorphoses. Son corps grandit. Il entre dans le langage et dans les langues. Il s’ouvre au monde, par son attention aux détails, à la matérialité des pelages et des carapaces, par sa passion pour des vies animales. Il collecte les coquilles, observe les larves et exuvies, joue avec les poils de la toison d’hiver. La littérature pour la jeunesse le sait bien. Des plus classiques aux plus contemporains, les albums foisonnent de mues : têtards, chenilles, lézards, tortues, escargots, méduses, lucioles, renards, cerfs et rennes, larves et crustacées, de Leo Lionni, Iela et Enzo Mari à Kitty Crowther, de Gaétan Doremus, Beatrice Alemagna à Bernadette Gervais, de Laetitia Bourget et Emmanuelle Houdart à Ramona Bădescu et Benjamin Chaud… Le théâtre pour adolescent.es n’est pas en reste, ravivant dans la mue de nouvelles métaphores de ce que grandir et se préparer à l’âge adulte veulent dire.

Tant de bêtes et tant de mues dans les arts de l’album, dans les écritures et les spectacles pour la jeunesse, le corpus est vaste de celles et ceux qui écrivent, illustrent, pensent et jouent la mue à hauteur de l’enfant et de ses différents âges, pour lui parler de lui ou de toute autre chose, dans un geste métaphorique et poétique que la pandémie a rendu encore plus nécessaire en bouleversant nos relations au chez-soi, aux espaces publics et aux milieux naturels, aux manières de sociabilités, aux façons d’habiter le monde et le corps, au repliement et à la contention des gestes offerts, à l’émergence d’autres regards plus émerveillés sur le monde naturel.

De l’album à la scène : Le temps de la mue ? 

C’est à la croisée des arts, des mythologies et des sciences naturelles que nous souhaitons penser ensemble ce temps de la mue. Car la mue c’est aussi la transformation d’une forme, d’un récit, d’une expérience d’une pratique artistique à l’autre, d’une traduction à une transposition artistique. La forte houle qui a secoué les arts de la scène pour la jeunesse depuis 2020 a impliqué de renouveler les formes scéniques, d’en proposer d’inédites, d’enrichir la lecture de nos albums, des imaginaires et des connaissances qu’ils proposent, d’accompagner le processus de changement, de sa part d’ombre comme de sa lumière.

Si la littérature a abondamment pensé les métamorphoses depuis Ovide, la mue, plus organique, plus matérielle, plus technique et autrement mythique, est restée comme disponible. Face à la pandémie, aux confinements et aux déconfinements, face à tout ce qui a tenu l’enfance et l’âge adulte en suspens, la mue sera, pourquoi pas ?, une figure pour réenchanter notre relation au monde, relancer la roue du temps et y faire circuler de nouvelles énergies. Elle est une enquête que l’on peut mener avec un regard renouvelé.

Les Mues en mai, ce programme de deux journées d’études en appui de la recherche création de la compagnie Melampo, fait le pari de rassembler des chercheuses et chercheurs d’horizons disciplinaires divers, des artistes et des professionnel.les des arts de l’enfance, pour mettre en mouvement nos savoirs, nos expériences et nos imaginaires de la mue.

Ferons-nous peau neuve de nos peaux anciennes ?

Avec Eleonora Ribis, metteuse en scène et la Compagnie Melampo pour le cycle de création La Mue (2021-2024), accompagnée de Ramona Bădescu pour le texte littéraire associé Les Forces Rondes et de Marianne Rulland (Kamishibai) et Julia Morlot (installation & résidence) pour la création plastique

Avec Céline Schnepf (compagnie Un Château en Espagne) pour la création Féroce.

Avec la présentation d’une édition de 1705 du livre de l’entomologiste Maria Sybilla Merian, Metamorphosis Insectorum Surinamensium (conservé à la Bibliothèque d’études de Besançon) et une table de livres présentée par la Bibliothèque universitaire de Lettres

Un dossier critique sur « La Mue et les arts de l’enfance, de l’album à la scène et réciproquement » pour la revue Skén&graphie sera adossé à ces deux journées d’études.

Programme

Mardi 30 mai
Matinée

9h15     Accueil
9h30 – 10h 
   Pascal Lécroart
(Université de Franche-Comté, directeur d’ELLIADD), Ouverture des journées
  Julia Peslier,
Brève introduction 
  Interlude
, Lecture d’album par les mastérant.es du parcours « Littérature de jeunesse », master Lettres et humanités

I. Écrire les mues, en images & en mots
Président de Séance : Yvon Houssais
10h – 11h
   Julia Peslier
(Université de Franche-Comté/ELLIADD), « Albums de mue, albums en mues ? – petites scènes »
  Quentin Arnoud
(Université de Franche-Comté/ELLIADD), « Mues, transformations et réincarnations dans Les Contes de Poindi de Jean Mariotti, ou comment penser la continuité du vivant avec la mythologie kanak »

        11h-11h15    Pause

11h15 – 12h15 
   Table ronde avec Ramona Bădescu
(écrivaine) et Eleonora Ribis (metteuse en scène) autour de Les Forces Rondes/ projet « La Mue », Céline Schnepf (écrivaine et metteuse en scène) autour de Féroce, « Écrire des Mues pour le jeune public ». Animation par Julia Peslier

        Déjeuner


Après-Midi
II. Créer les mues à la scène : plasticités, matérialités

14h – 15h 
   Table ronde avec Eleonora Ribis
(metteuse en scène), Marianne Rulland (plasticienne) et Julia Morlot (plasticienne) : « Autour de La Mue : différentes facettes du processus de création, du kamishibai aux résidences en école » 
   Lecture
Les Forces Rondes (extrait) par Eleonora Ribis
   Projection de « La Mue : Résidence de territoire »,
réalisation :  Fabio Falzone (2 min)

15h – 15h45 
   Conversation avec Laurie Bedouet
(vétérinaire et écologue, Université de Franche-Comté) et Sonia Dourlot (photographe entomologiste, assistante de conservation à la Citadelle de Besançon), « Photographier, documenter, conserver la vie animale : mammifères insectes & crustacés ». Animation par Elodie Bouygues et Julia Peslier
   Projection de « La mue du gecko »,
filmée en temps accéléré par Coralie Peslier. (2 min) 
   Interlude
, Lecture d’album par les mastérant.es du parcours « Littérature de jeunesse », master Lettres et humanités

        15h45 – 16h     Pause 
`
III. Scènes et écologies de la Mue
Présidente de séance : Élodie Bouygues

16h – 17h15
 Carine Rousselot
(Université de Franche-Comté/ELLIADD) « Du motif du “cocon” de la mue à l’espace scénique du théâtre jeune/tout public : “prendre soin de” la fragilité du vivant ? »
 Stella Broyer Denous
(Université de Franche-Comté/ELLIADD) « Transition écologique et passage à l’âge adulte, métaphore de la Mue dans Une Chenille dans le cœur de Stéphane Jaubertie »
   Interlude
, Lecture d’album par les mastérant.es du parcours « Littérature de jeunesse », master Lettres et humanités

Mercredi 31 mai
Matinée

 IV. D’autres mues encore
Présidente de séance : Anne-Claire Raimond 

9h30 – 11h
 Pauline Hachette
(Université de Paris 8/FabLitt), « Explorer les mues : de la forme animale aux désirs humains de mutation »
   Teresa Solis
(Université de Paris Ouest Nanterre/ CRIX), « Emanuele Luzzati et ses décors de théâtre »
    Carolane Sanchez
(Université de Franche-Comté/ELLIADD), « Maïeutique et Partition »

        11h00 – 11h15     Pause

V. Des Livres et des Mues

11h15 – 12h15     
   Anna Maria Sybilla Merian, Metamorphosis Insectorum Surinamensium (1705)
Présentation du livre par Pierre-Emmanuel Guilleray (Conservateur, Bibliothèque d’études de Besançon). Avec ses collègues Bérénice Hartwig et Anne Mougey (sous réserve). Animation par France Marchal Ninosque
   Table de livres autour de la Mue,
avec le concours de Marie Nallet, Bibliothèque universitaire de Lettres.

12h15 – 12h30 
   Interlude,
31… Les Mues en mai présentation du livret et des dessins réalisés par les mastérant.es du parcours « Littérature de jeunesse », master Lettres et humanités

   
Clôture des journées à la Faculté des lettres.

Après-Midi

 
   Pour poursuivre la rêverie sur la mue, vous êtes cordialement invité.es à découvrir le spectacle Anima, La Ménagerie Graphique et Le Cocon de l’Atelier du vent.

15h – 16h30 Anima de Adèle Ogier et Jérémy Montheau, L’Atelier du Vent.
Théâtre de l’Espace. Les 2Scènes. Besançon. Durée : 45 minutes. (pré-réservé pour les participant.es et réservation possible à l’accueil des 2Scènes : 3 euros pass étudiant, 9 euros tarif normal). Suivi d’une rencontre avec l’équipe d’une demi-heure.

Organisation scientifique : Julia Peslier 
Journées d’études préparées avec le concours de Quentin Arnoud, de Clémence Tronche, de Stella Denous Broyer, des étudiant.es du master Lettres et humanités Parcours « Littérature de jeunesse », Joëlle, Marielle, Eolia, Alice et de licence, Oumar



Faculté des Lettres de l’Université de Franche-Comté, 
25 30 rue Mégevand,
GRAND SALON