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L'éphémère dans l'art. Fugacité, beauté, fragilité (Lyon)

L'éphémère dans l'art. Fugacité, beauté, fragilité (Lyon)

Publié le par Marc Escola (Source : Chaire d'université Vulnérabilités)

Coorganisée par la Chaire d’Université Vulnérabilités (UCLy) et le groupe de recherche international « Art et reconnaissance », rattaché à l’IHRC (International Human-Being Research Center) porté par l’Université de Perugia, en partenariat avec l’Istituto Italiano di Cultura di Lione, cette journée s’appuie sur un réseau interdisciplinaire de chercheuses et chercheurs partageant la conviction que l’art et toute forme d’expression artistique (poésie, littérature, théâtre, cinéma, arts visuels, etc.) constituent le lieu de manifestation de l’humain et de sa capacité créatrice, en révélant l’originalité et la riche complexité de son être-au-monde. 

Et si l’art avait essentiellement à voir avec l’inscription du temps dans la matière ? S’il était par excellence non seulement le lieu où s’immortalise l’instant fugace, fixé dans une représentation, mais aussi le désir de faire converger l’éphémère et le durable, la vision définitive (l’essence, le projet artistique en voie d’aboutissement) et la substance fragile et périssable de l’œuvre, appelée, par sa matérialité, à s’éroder puis à disparaître (finitude). Parmi les artistes pris du vertige de faire converger le durable et l’évanescent, le stable et le vulnérable, certains, notamment les créateurs d’art éphémère, font de l’expérience de la fugacité, l’énigme centrale de leur quête artistique. Ils ouvrent un vaste terrain de réflexion sur le temps, sur l’art et l’homme à l’épreuve du temps.

D’emblée, aucune œuvre, dans l’histoire de l’art, n’est préservée de l’effacement. Un simple regard au patrimoine mondial révèle la multitude de pièces maîtresses à jamais perdues. Les œuvres qui nous occuperont ont en commun que contrairement à la plupart, elles ont été créées pour disparaître, qu’elles portent dans l’idée même qui les a mises au monde, leur propre métamorphose vers l’effacement. Mélopées improvisées, fragiles sculptures, œuvres de lumière, la disparition annoncée oriente l’acte artistique lui-même au moins autant que sa réception par le spectateur. L’enjeu est donc d’interroger, à travers des œuvres à la vulnérabilité assumée, la manière dont l’art questionne le sens du temps humain. Ces œuvres font surface à une époque inédite, ère de l’anthropocène, où peut-être comme jamais dans l’histoire, nous imaginons la possibilité d’un monde sans l’homme. 

Les voies à explorer sont multiples. D’abord, la question de sens au cœur du projet d’inscrire l’éphémère dans l’art. S’agit-il, pour tel ou tel artiste, de se détacher des choses éternelles, réelles ou supposées, pour fuir vers ce qui passe, ou au contraire de semer des semences d’éternité dans le champ d’un monde fugace, vulnérable, comme l’un de ses bons fruits ?  D’accomplir, en ce monde de finitude, une œuvre absolue, et donc définitive, en intégrant la mort, la disparition, au sein même de l’œuvre ? Une question de réception, ensuite. L’aspiration à continuer l’œuvre sous une autre forme (photographique, numérique, archivistique), propre à l’art éphémère, pourrait-elle alors être comprise comme une manière de défier la perte ? Ou bien de défier le temps ? À l’inverse, un autre regard sur l’évanescence pourrait laisser penser que l’art éphémère tire précisément sa valeur de sa durée limitée. Dans chaque cas, la valeur de l’œuvre d’art, pérenne ou fugace, renvoie toujours à l’homme et à la vulnérabilité de la condition humaine. Question de traces, enfin. L’art éphémère implique pour l’artiste, comme pour le spectateur, de penser le terme de l’art : le terme comme suppression matérielle de l’œuvre et de chacune de ses fonctions ; mais sans en être pour autant néant ou anéantissement, puisqu’elle revient à travers le souvenir, les traces numériques, les livres d’art. Ces nouvelles vies qui laissent la disparition derrière elles restent toutefois des vies surgies de la mort, marquées par la traversée de la mort : une vie qui, d’une part, dépasse la limite du néant, mais reste, d’autre part, marquée par la réalité de l’effacement, dans la mesure où celui-ci a été l’événement ultime de l’œuvre. Détailler du regard une œuvre évanescente, pourrait être, au fond, méditer sur l’homme et sur le temps.

Journée d’études-Programme

 « L’éphémère dans l’art. Fugacité, beauté, fragilité »

UCLy, Campus Saint-Paul - Lyon, vendredi 5 mai 2023 - Amphithéâtre F. Perroux A152

Matinée 

Présidente de séance : Chiara Pesaresi, UCLy

·         9h - Ouverture
Olivier Artus, Recteur de l’UCLy 

·         9h10 - Présentation des partenaires et introduction
Anna Pastore, Institut Culturel Italien de Lyon
Massimiliano Marianelli, IHRC, Université de Pérouse
Dominique Vinay, UCLy

·         9h30 - Laura Sanò, Université de Padoue
Le "désenchantement originel" de l'art chez Rachel Bespaloff

·         10h15 - Carla Canullo, Université de Macerata, Collegium de Lyon et Chaire d’Université Vulnérabilités, UCLy
Beauté fragile et Parole vulnérable : pour une poiesis de l’existence, avec Jean-Louis Chrétien

11h Pause

·         11h30 - Paolo Valore, Université de Milan - intervention en langue italienne
La poésie et la création éphémère de toute chose : le cas du "De Rerum Natura"

12h15-14h Déjeuner libre

Après-midi

Président de séance : Laurent Denizeau, UCLy

·         14h - Café-piano
Jean-Philippe Causse, Conservatoire de Vienne - Salle Vicat

·         14h45 - Serena Meattini, Université de Pérouse
La vulnérabilité dans l’art : entre esthétique et éthique 

·         15h30 - Orsola Rignani (conférence en distanciel), Université de Parme - intervention en langue italienne
La danse éphémère avec Michel Serres : chrono-/choro-/somato-phania

16h15 Pause

·         16h45 - Projection du film sur l’atelier d’Emilie Tolot 

Conclusions

Dominique Vinay et Laurent Denizeau, UCLy

·         17h30 - Visite guidée de l’exposition d’Emilie Tolot, Sculpture en liberté