Essai
Nouvelle parution
Christophe Duret, En des verres miroirs, obscurément. Une lecture mésocritique de l’habiter urbain dans la fiction cyberpunk 

Christophe Duret, En des verres miroirs, obscurément. Une lecture mésocritique de l’habiter urbain dans la fiction cyberpunk

Publié le par Esther Demoulin (Source : Christophe Duret)

Sherbrooke, Canada, le 18 avril 2023 – Le livre En des verres miroirs, obscurément : Une lecture mésocritique de l’habiter urbain dans la fiction cyberpunk, de Christophe Duret, est paru aujourd’hui en accès libre et gratuit aux Éditions de l'Inframince. Il s'agit du deuxième tome du diptyque intitulé MÉSALGIE. Il fait suite à l'ouvrage Moyen Âge postcatastrophique: L'utopie nostalgique au prisme de la mésocritique.

Cliquez ici pour télécharger l’ouvrage En des verres miroirs, obscurément (Mésalgie, Tome II).

Cliquez ici pour télécharger l’ouvrage Moyen Âge postcatastrophique (Mésalgie, Tome I).

Informations sur la publication 
Le cyberpunk est mort en 1995, ont jadis affirmé Arthur et Marilouise Kroker, soit le jour où le film Johnny Mnemonic est sorti au cinéma. Pour eux, l’échec de cette œuvre s’explique moins par des raisons esthétiques que par l’avènement de changements culturels rapides, alors que les métaphores cyberpunk des années 1980 ne fonctionnent plus dans les années 1990. Il est vrai qu’à partir de cette époque, le numérique a pénétré toutes les facettes de notre quotidien et le fait de naviguer dans les espaces numériques est devenu une activité banale. Toutefois, la culture contemporaine n’en a pas ter­miné avec le cyberpunk. En la matière, les fictions produites au cours de la décennie 2010 témoignent d’un intérêt renouvelé pour ses considérations sur l’avène­ment d’une post­humanité, sur l’intelligence artificielle, sur le caractère vertigi­neux de la vie au sein de mégapoles hypertrophiées et sur les es­paces numé­riques. Elles témoignent également d’un bougé dans la représentation de la société contemporaine, et plus particulièrement, car c’est le sujet de cet ou­vrage, dans la re­présentation et la simulation du milieu urbain contemporain et de son habiter. Ce sont là des signes suggérant qu’au cours de ses quatre décennies d’existence, le cyberpunk a enregistré et continue d’enregistrer en la matière des mutations dignes d’être étudiées. Cela implique la mise en texte d’une expérience du milieu urbain contemporain et de son habiter propre, qu’il s’agit de mettre au jour et que le cyberpunk, en prise sur notre époque, exa­cerbe pour en montrer les aspects délétères et les potentialités — désirables ou souhaitables — non exploitées.

En sus d’une verticalisation et d’un étalement croissants, les villes telles que les fictions cyberpunk nous les donnent à voir, à lire ou à jouer sont devenues, avec le passage du temps, « intelligentes ». Les technologies assurant à leurs habitants confort et sécurité se sont multipliées pour donner lieu à des « technococons », pour reprendre un néologisme d’Alain Damasio. Mais ces mêmes villes, à travers le filtre de la fiction et en fonction d’une demande croissante de prévisibilité et d’une tolérance toujours plus faible de la société face à l’incertitude, ont vu se multiplier en leur sein des dispositifs de sur­veillance et de prédiction emblé­matisés aujourd’hui davantage par les drones, les capteurs bio­métriques, les Big data et les traceurs que par les tours panop­tiques, les ca­méras et les microphones miniaturisés d’autrefois, donnant lieu, dans l’exercice, à des formes de ségrégation sociospatiale et à un morcellement de l’espace public au profit d’une architecture de forteresse physique et numérique. À cette ségrégation, fruit d’une obsession sécu­ritaire, répond en contrepartie une autre obsession pour la vitesse et la libre circulation des biens, des personnes et de l’information, cette fois, que la ville — nœud dans un réseau économique tissé à l’échelle mondiale —, délaissant la logique des lieux en faveur d’une logique des flux, surveille et régule à l’aide d’outils nés de la cybernétique.

C’est à ces mutations du milieu et de l’habiter urbains vues au prisme du cyberpunk de la décennie 2010 que se consacre cet ouvrage dans une pers­pective mésocritique. Il s’agit de brosser le portrait de Cybernanthropolis, ce pendant science-fictionnel de nos villes contemporaines.

Informations sur l’auteur
Détenteur d’une maîtrise en communication et d’un doctorat en études françaises de l’Université de Sherbrooke, où il en­seigne la communication à titre de chargé de cours depuis 2016, Christophe Duret a réalisé un stage postdoctoral au Laboratoire univer­sitaire de documentation et d’observations vidéoludiques (LUDOV) de l’Université de Montréal sur la représentation de l’habiter urbain dans les fictions cyberpunk. En plus du présent ouvrage, il est l’auteur du livre En des verres miroirs, obscuré­ment et de plusieurs articles parus dans des revues interna­tionales telles que Communication & organisation, Recherches en communication, Itinéraires : Littérature, Textes, Cultures, Sciences du Jeu, Intermédialités, Quêtes littéraires et Biblio­manies. Il a également codirigé les ouvrages collectifs Ici et maintenant : Les représentations de l’habiter urbain dans la fiction contemporaine, Habiter les espaces autres de la fic­tion contemporaine : Utopies, dystopies, hétérotopies et Contemporary Research on Intertextuality in Video Games. 

Ses champs d’intérêt en recherche portent sur la mésocri­tique, les études vidéoludiques, l’intermédialité, la transmé­dia­lité, les études surveillancielles et les études utopologiques.

À propos des Éditions de l’Inframince
Nous sommes une maison d’édition scientifique francophone établie à Sherbrooke (Québec, Canada), spécialisée dans les études de la spatialité des textes (de fiction ou non) et des médias (films et séries d’animation, bande dessinée, cinéma, jeux vidéo, œuvres multimédia, en réalité virtuelle ou augmentée, télévision, etc.). Cela comprend, notamment, des recherches relevant des perspectives de l’écocritique, de l’écopoétique, de la géocritique et de la mésocritique, mais aussi de la rhétorique spatiale ou de tout autre démarche croisant les textes, les médias et les disciplines examinant des questions de spatialité, de l’architecture à l’urbanisme, en passant par l’anthropologie, la géographie, la philosophie, la psychologie et la sociologie.

Notre mission est de publier des ouvrages en accès libre et gratuit. Il s’agit de favoriser la diffusion du savoir en dehors de toute démarche de nature commerciale.

Les ouvrages sont publiés sous licence Creative Common «Attribution – Pas d’utilisation Commerciale – Pas de Modification 4.0. International» (CC BY-NC-ND)

 

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Blog :
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TABLE DES MATIÈRES

Introduction: En des verres miroirs, obscurément

PREMIÈRE PARTIE: Définitions, cadre théorique et méthode

Chapitre 1: Le cyberpunk
Le « cyber » du cyberpunk
Le « punk » du cyberpunk
Le cyberpunk, expression culturelle d’un monde en processus de globalisation
Une mise en tension de l’eutopie et de la dystopie
L’hybridité générique du cyberpunk
Le cyberpunk aujourd’hui

Chapitre 2: La mésocritique et l’analyse mésogrammatique
Qu’est-ce que la mésocritique?
L’analyse mésogrammatique
Ce qu’habiter veut dire
L’habiter comme « être dans l’espace » et « être sur terre »
L’habiter comme « faire dans l’espace »
L’habiter comme « faire avec l’espace »
L’habiter comme « être ensemble dans l’espace »
L’habiter comme « être entre les espaces »
Une rhétorique spatiale :utopie, eutopie, dystopie
Habiter des mondes mésalgiques

DEUXIÈME PARTIE: Habiter la ville contemporaine

Chapitre 3: Habiter la ville des flux
Une ville hors d’échelle
L’urbain diffus et l’altérisation de la nature
La densification et la complexification du milieu urbain
La ville des flux
Hypermobilité et dromophilie

Chapitre 4: Le cohabiter, entre mixophobie et mixophilie
Une architecture de forteresse physique
Une architecture de forteresse numérique
Communauté, communauté imaginée, communauté potentialisée
Une société ouverte et cosmopolite
La création de nouvelles enclaves
Une figure du cohabiter : la communauté écouménale à imaginer
Multitude et communauté écouménale
Dividualisation et microcommunautés calculées

Chapitre 5: La ville intelligente et la société algorithmique
Cybernétique et arcologies
La ville intelligente
Cybernanthropolis, la ville néocybernétique
Surveillance, contrôle et dataveillance
Une société algorithmique
Cybernanthropolis, la ville de la société algorithmique
La ville intelligente comme espace augmenté
Une ville sensible et sensuelle
De quoi l’intelligence des villes est-elle le nom?
La ville intelligente franchisée

TROISIÈME PARTIE: Ivresse, vertige, ilinx

Chapitre 6: L’ivresse, le vertige et la ville
Ivresse et intropathie dans la grande ville
Le vertige et la ville verticalisée
Verticalité radicale, vertige et science-fiction
L’ilinx, entre dépossession et contrôle
L’horizontalisation et la réticularisation de la ville
Le cyberespace
L’ivresse et l’intropathie avec la machine
L’intropathie avec la machine dans Hardwired
L’ilinx et le franchissement des enclaves

Chapitre 7: Du flâneur au traceur : les pratiques ludosportives
La stégophilie et l’exploration urbaine
Le parkour
Le parkour et la dimension politique de l’habiter
La vision parkouriste
L’ilinx du parkour contre l’obsession sécuritaire de la modernité liquide
Le parkour dans la franchise Mirror’s Edge
Parkour et mise à l’échelle de la ville
Le flow
Surmonter les espaces striés du pouvoir

QUATRIÈME PARTIE : Des mondes cyberpunkaux mondes zoopunk
Introduction à la quatrième partie : Après les flux, les hyphes?
Le mésogramme des flux
Alain Damasio et la dystopie critique
L’œuvre d’Alain Damasio au regard du cyberpunk

Chapitre 8: C@PTCH@ : La Ville et le Réseau
Le vertige du réseau, entre ivresse et anxiété
La ville intelligente et ses dispositifs de surveillance
L’incertitude ontologique dans « C@PTCH@ »
Le motif mésogrammatique de la Ville

Chapitre 9: Bastions et conforteresses dans Remember Me
De Deep-paris à High-paris, de la profusion à la géométrisation
Les ego-rooms comme réitération du cyberespace et de la logique des flux
Cubisation et vertige ontologique
Cubes et quadrillage
Le Sensen et l’enclavement
Surmonter les enclaves : le traceur et la communauté dans le pâtir
Une politique de la forme contrariée

Chapitre 10: Les Furtifs : Un habitat pour le vivant
Cybernanthropolis et la société algorithmique de demain
Des pratiques habitantes subversives
L’habiter comme une hyphe
Le refus d’un monde dévitalisé

CINQUIÈME PARTIE: Habiter les villes intelligentes de WATCH_DOGS
Introduction à la cinquième partie : Les chiens de garde sont dans les rues de Cybernanthropolis
WATCH_DOGS, une œuvre cyberpunk non science-fictionnelle

Chapitre 11: WATCH_DOGS et la cartographie de la ville intelligente
La cartographie cognitive de la ville des flux
Altérisation et désaltérisation de la ville dans WATCH_DOGS
WATCH_DOGS, un récit conspirationniste
Marqueurs traditionnels et nouveaux marqueurs
La concentration du monde
Cartographier les flux

Chapitre 12: La transversion dans WATCH_DOGS
Le posthumain
Le posthumain en son milieu
Entre inversion et éversion : la transversion
Le cyberpunk et le posthumain
Le motif mésogrammatique du profileur
WATCH_DOGS et l’ilinx
Le parkour
La course vertigineuse
Corps et transversion
L’habiter posthumain vu comme un devenir-ville?

Chapitre 13: Les figures du cohabiter dans WATCH_DOGS
La mixophobie dans une Angleterre fascisante
WATCH_DOGS et l’obsession sécuritaire contemporaine
WATCH_DOGS et la lutte pour la structuration de la multitude
La multitude comme force de calcul
Le Census system ou la génération procédurale de la multitude
Profilage et hospitalité narrative
Nous sommes la multitude et non la somme de nos données

Conclusion: Cybernanthropolis, ou Habiter les flux de la ville contemporaine
Néomédiévalisme cyberpunk
Pour une éducation à la ville