Il est une forêt sans borne où je voudrais
M’enfoncer, en mourant, loin de la médecine
Qui m’impose pour vivre une foule d’extraits Chimiques. J’y prendrais tout doucement racine,
Jusqu’au jour où, non moins en douceur, j’entrerais
D’abord aussi fragile et fin qu’une houssine,
Quitte de mes devoirs et de mes intérêts,
Dans l’absence de temps où l’Arbre se dessine
Sans crayon ni pastel, sanguine ni pinceau.
Vite, j’y deviendrais vigoureux arbrisseau.
Puis l’artiste inconnu qui conçut la rosée.
Et la houle des monts et les yeux des vivants
Me laisserait songer tout au fond du musée
Végétal où, distraits, viennent errer les vents. »
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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :
"Le vent dans les vers", par Gérard Cartier (en ligne le 2 mai 2023).
Après cinq tomes de « physique amusante » (1), dans lesquels Réda explorait l’univers « par la langue algébrique » (« car l’algèbre parfois s’accorde avec la lyre »), voici que l’ancien dromomane vélosolexiste semble renouer avec sa veine fantasque. C’est du moins ce que l’on croit en ouvrant son dernier livre, Leçons de l’arbre et du vent. L’idée réjouit. Les arbres et le vent qui les agite composent un monde merveilleux, chargé pour chacun d’émotions et de souvenirs, tant vécus que littéraires. On déchante assez vite ; ce recueil est écrit dans le sillage des précédents, dont l’auteur reprend la formule en l’appliquant non pas aux arbres (peu sont saisis dans leur nature propre) mais à l’Arbre, comme l’écrit Réda, cette entité des classifications qu’agite le vent des idées pures. Il y mêle des thèmes de sa Physique – ainsi de poèmes sur l’ordre et le chaos ou sur l’intrication des particules.