Un duo inédit entre acoustique et électro pour un Chant de notre Rhône de Ramuz revisité !
UN ÉVÉNEMENT PHARE du printemps de la poésie proposé en partenariat avec le Centre des littératures en Suisse romande (CIEL UNIL). Entrée libre, au chapeau.
18.03.2023 Temple de Cully (rue du Temple 2, 1096 Cully), 16h00
01.04.2023 Maison Rousseau et Littérature (Genève), 17h00
À la croisée du sample poétique et du concert expérimental, l’artiste vocale Claire Huguenin et la harpiste électro Julie Campiche détournent le fleuve de son lit et réenchantent le Chant de notre Rhône de Ramuz, pour mieux appréhender ce qu’il vient nourrir en nous aujourd’hui. Quelle est cette identité rhodanienne chantée par le poète vaudois ? Pourquoi le lac Léman est-il le berceau d’une identité ? Après une table ronde sur la question de la réinterprétation de Ramuz, ce texte centenaire aux accents étrangement actuels promet de nous bercer de son flow.
« Cueillir d’où cette eau vient et où cette eau va. Savoir qui on est, savoir d’où on vient, savoir où l’on va. »
Dans Chant de notre Rhône, grand poème en prose publié en 1920, Charles-Ferdinand Ramuz « chante l’âme d’un fleuve » depuis Cully, son village natal. Au-delà de l’élégie, l’écrivain vaudois définit sa communauté : celle des riverains du Rhône — depuis le Valais, où il prend sa source dans le glacier éponyme, jusqu’à la Camargue et son embouchure dans la mer Méditerranée —, opposant la civilisation rhodanienne à la civilisation rhénane. Au centre ? Le lac Léman, « notre Méditerranée à nous », berceau agité que poussent tendrement du pied la Savoie et le canton de Vaud.
Sous la plume de Ramuz, tantôt savante, tantôt pleine de bon sens, le bassin versant de 10 000 km2 se remplit d’images et collecte mille figures. Des hommes d’abord — vignerons, pêcheurs et carriers qui doivent à l’eau leur vin, leur poisson et leurs rives. Des vapeurs et des flux enfin, comme une grande « circulation sanguine » reliant une « circonférence d’hommes » qui partagent la langue d’oc. Ce que Ramuz chante, plus qu’une topographie, c’est une « fidélité aux choses premières », un attachement à un bassin, non plus seulement versant, mais bien culturel.
À l’heure des questionnements identitaires, alimentés par les flux migratoires et les enjeux démographiques, ce chant vieux de cent ans semblait d’actualité pour irriguer notre pensée. Quelles eaux nous abreuvent aujourd’hui ? Quelles sources se sont taries ? Qu’est-ce qui relie les territoires à notre époque ?
Pour redonner vie à cette histoire d’un fleuve, Antonio Rodriguez, directeur du Printemps de la poésie, a opéré un montage du texte : plus précisément un sample à partir des formules ramuziennes les plus saisissantes, les plus actuelles, afin d’en tirer une nouvelle partition. Cette partition, il l’a confiée à deux musiciennes suisses qui se démarquent, par leur audace et leur énergie créatrice, sur la scène contemporaine internationale.
Empruntant aux improvisations vocales du scat, la chanteuse et compositrice Claire Huguenin mêlera ainsi les mots de Ramuz aux accords de la harpe électronique de Julie Campiche, laquelle détourne l’instrument rituel du poète pour instiller d’hypnotiques mélodies, à la croisée du jazz et des musiques actuelles.
Un duo inédit entre acoustique et électro pour un chant recomposé, scat de notre Rhône, qui commencera en gouttelettes depuis le Valais et dont on suivra les scintillements jusqu’à Genève, où il redevient « le » fleuve.
Table ronde, avant la représentation
« Le Chant de notre Rhône aujourd’hui »
En amont du concert, une table ronde réunira les écrivains et spécialistes de C. F. Ramuz, Noël Cordonier, Stéphanie Lugon, Daniel Maggetti et Olivier Thévenaz.
La rencontre portera sur la question sylleptique de la réinterprétation, à partir du texte Chant de notre Rhône : comment comprendre Ramuz aujourd’hui, comment faire résonner ses préoccupations avec celles de notre temps ? Et comment l’interpréter, sur scène, à notre époque ?
Ce sera également l’occasion pour Stéphanie Lugon d’évoquer « La Muette », projet d’espace muséal dans la maison de l’écrivain à Pully qui ouvrira ses portes à l’automne 2023.