Après avoir détruit les décors du remake de Gunga Din auquel il participait, l’acteur indien Hrundi V. Bakshi est rayé de la liste des acteurs pouvant jouer à Hollywood. Une erreur de la secrétaire du puissant dirigeant du Studio, Fred Clutterbuck, inverse la situation. Au lieu d’être blacklisté, le nom de Bakshi est ajouté à la liste des invités pour une soirée très chic chez Clutterbuck. Son arrivée dans la maison très moderne du puissant patron hollywoodien engage une mécanique de lente et progressive avancée vers l’explosion symbolique de la soirée et de la maison. La maladresse et la naïveté de Bakshi provoquent d’abord de petits désagréments avant d’engendrer de grandes catastrophes qui effacent littéralement la maison et les invités.
Salué comme une grande réussite, le film tient d’abord par son acteur principal Peter Sellers qui campe l’indien Hrundi V. Bakshi. Son sens de l’improvisation accompagne la mise en scène de Blake Edwards qui utilise le décor comme un véritable personnage du film. Mais ce moteur du chef d’œuvre ne doit pas occulter les autres personnages et les micro-récits dessinés par Edwards : du producteur libidineux Divot aux apprentis actrices comme Michelle Monet en passant par Steve Frankenon, le serviteur alcoolique.
Ce film de 1968 situe une sorte de tournant pour l’histoire culturelle et cinématographique mais aussi pour les deux protagonistes principaux, Peter Sellers et Blake Edwards.
Sébastien Rongier est écrivain et essayiste. Dernières parutions : Je ne déserterai pas ma vie (éditions Finitude, 2022), Alma a adoré. Psychose en héritage (Marest, 2019), Duchamp et le cinéma (Les Nouvelles éditions Place, 2018), Les Désordres du monde. Walter Benjamin à Port-Bou (Pauvert-Fayard, 2017).