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Nouvelle parution
La Règle du Jeu, n°78 : Entretien inédit avec Jorges-Luis Borges

La Règle du Jeu, n°78 : Entretien inédit avec Jorges-Luis Borges

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne

Sommaire

ENTRETIEN INEDIT AVEC JORGE LUIS BORGES

Dans cet entretien mené par Ben Amí Fihman en décembre 1969 à New-York, Jorge Luis Borges élucide trois énigmes de son œuvre, raconte comment il aurait adapté L’Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde au cinéma et évoque, entre autres, l’œuvre d’Edgar Allan Poe et d’Adolfo Bioy Casares.

DOSSIER : AVEC SALMAN RUSHDIE

Quand nous avons appris, cet été, l’attaque qui a failli coûter la vie à Salman Rushdie, nous avons été collectivement bouleversés, saisis d’une stupeur sans mots.

Stupeur, d’abord, devant l’attaque en elle-même : trente-trois ans après la fatwa de l’ayatollah Khomeini, le corps de l’écrivain a été touché par un barbare inculte qui, des Versets sataniques, n’avait même pas lu une ligne. Derrière cette tentative de crime, se profilait l’intarissable guerre – celle, non du goût, mais des écrivains contre les morts-vivants, des âmes libres contre les possédés du néant, des artistes contre les obsédés de la pureté.

Colère, aussi, d’observer que les voix de soutien se faisaient moins nombreuses. Comme si, en trente ans, quelque chose avait changé dans les esprits – mais quoi ? Une affaire de courage disloqué ? De liberté en miettes ? De boussoles perdues ? Ou, bêtement, d’accoutumance envers l’inacceptable ?

Tristesse, aussi, immense sidération de voir ce qui arrivait à notre ami : Salman Rushdie, membre du comité éditorial de notre revue depuis sa fondation, compagnon de tous les combats de La Règle du jeu, lui qui nous a offert tant de textes – et qui, fort heureusement, continuera de nous en donner…

Nécessité, donc, de dire, d’écrire que nous sommes avec lui. Nous ? Des écrivains. Des amis. Des lecteurs de son œuvre prodigieuse qui, des Enfants de Minuit à La Maison Golden en passant par Les Versets sataniques, Shalimar le clown ou Joseph Anton, ne cesse d’envoûter le verbe, de réinventer le grand héritage du réalisme magique, de faire danser les faits et les fictions, les pays et les mythes, l’imaginaire et la dureté des choses. Désir de saluer en Rushdie le Vivant, l’Inspiré, le Créateur debout.

Qui en veut aux œuvres ? Comment continuer à écrire après cela ?

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