Florence Dumora (« Intervalle spatial et intervalle temporel : un canard-lapin au crépuscule ») et Vincent Debiais (« Informel et intervalle de l’image médiévale »)
[Double conférence]
Florence Dumora (« Intervalle spatial et intervalle temporel : un canard-lapin au crépuscule »)
et
Vincent Debiais (« Informel et intervalle de l’image médiévale »)
INHA 2 rue Vivienne, 75002 PARIS (salle Benjamin)
24 janvier 2023
mardi 24 janvier 2023, 14h-16h
Pour cette deuxième séance du séminaire CEEI-THALIM « L’Intervalle : objets, discours, pratiques», nous accueillerons deux intervenants.
La séance se déroulera en présentiel à l’INHA (2 rue Vivienne, 75002 Paris), en salle Benjamin. Entrée libre dans la limite des places disponibles.
Florence Dumora, « Intervalle spatial et intervalle temporel : un canard-lapin au crépuscule »
Discutante : Hélène Campaignolle (CNRS UMR THALIM & CEEI)
Présentation
Dans le prolongement de la séance inaugurale du séminaire et de la « grammaire générale de l’intervalle » construite par Jean-Marie Klinkenberg et Francis Edeline, on réfléchira aux rapports entre intervalle temporel et intervalle spatial, en envisageant quelques cas d’assignation complexe à l’un ou l’autre, rassemblés sous l’emblème du canard-lapin.
Ce type d’intervalles sera confronté à ceux qu’étudie le philosophe Louis Marin quand il met en évidence le rôle des fond, support, surface et marge en peinture (à propos de Philippe de Champaigne comme de Jean-François Lacalmontie), son travail permettant de nuancer la thèse d’une négativité de l’intervalle dans la théorie de la représentation classique
Bio-bibliographie
Florence Dumora, professeure de littérature française à l’Université Paris Cité, consacre ses recherches aux rapports entre littérature et figurations du for intérieur (imagination, curiosité, mensonge, passions…) au XVIIe siècle, et particulièrement au rêve (L’Œuvre nocturne, Paris, Champion, 2005), dans des œuvres littéraires et des traités philosophiques, médicaux ou théologiques. Elle s’intéresse également aux rapports du texte et de l’image, notamment la gravure dans l’œuvre de Gombauld (L’Endymion, 1624) ou de Théodore Maurisset (XIXe s.), ainsi qu’aux rébus français du XIXe siècle (Rébus d’ici et d’ailleurs, avec Claire-Akiko Brisset et Marianne Simon-Oikawa, Hémisphères – Maisonneuve & Larose, 2018).
Vincent Debiais, « Informel et intervalle de l’image médiévale »
Discutante : Estelle Ingrand-Varenne (CNRS/CESCM & CEEI)
Présentation
L’iconographie s’attache au premier chef à la reconnaissance du motif et du sujet ; de ce qui, dans l’image, répond positivement à l’identification et à la nomination. Dans l’art du Moyen Âge et dans sa saisie par l’histoire, l’iconographie comme outil de description de l’image a longtemps régné en maîtresse des lieux, et s’est attachée à faire l’inventaire des figures peintes ou sculptées pour reconnaître scènes, thèmes et personnages. Dans cette culture scientifique du thésaurus, dans laquelle on attribue, classe et hiérarchise, l’espace entre les figures et les motifs, les « creux dans l’image » sont le plus souvent tus par la description, comme s’il n’y avait rien de visuel dès lors qu’il n’y a rien de nommable. La distance entre les personnages, le fond du cadre, le champ de la narration et tout ce qui se trouve dans l’intervalle des motifs ne semblent pas faire image et ne disent rien de ce que l’art du Moyen Âge a voulu représenter. C’est à la discussion de la réalité, la robustesse et la pertinence de ce fait historiographique qu’est consacrée cette présentation. Elle cherche, en constatant et en analysant les intervalles de l’image médiévale, à leur restituer leur valeur iconique et à déterminer leur rôle dans la syntaxe ou la composition, dans le sens de l’image et dans une grammaire des entre-deux.
Bio-bibliographie
Vincent Debiais est médiéviste et chargé de recherche au CNRS. Il est membre du groupe Anthropologie historique du long Moyen Âge au Centre de recherches historiques (EHESS, Paris). Docteur en histoire médiévale (2004) et habilité à diriger les recherches en histoire de l’art médiéval (2015), il s’intéresse à la rencontre entre culture écrite et culture visuelle au Moyen Âge, et plus généralement aux questions d’esthétique et de pensée visuelle dans l’art médiéval. Il a à ce sujet publié une monographie sur les relations texte/image (La croisée des signes. Écriture et image dans l’art médiéval (800-1200), Paris, 2017) et un ouvrage consacré à la figuration du silence dans les images du Moyen Âge (Le silence dans l’art. Théologie et liturgie du silence dans les images médiévales, Paris, 2019) ; dans cette perspective, il anime avec Deborah Puccio-Den l’équipe internationale « Arts et Intelligences du Silence » à l’EHESS. Ses recherches actuelles concernent la question de l’informel et la pensée abstraite dans les arts visuels du Moyen Âge occidental. Il anime un carnet de recherche (www.devisu.hypothèses.org) sur la culture visuelle médiévale.