Un siècle et demi après le passage avéré du dernier navire négrier, la cale hante toujours, telle une ombre, les œuvres écrites, visuelles et musicales des artistes afro-descendants. Dans les archives coloniales, elle est le décor central des vieux journaux de bord des marins. Dans La poétique de la cale. Variations sur le bateau négrier, un livre intime dont la cale est le personnage-spectre, Fabienne Kanor entreprend de descendre en poésie dans les entrailles de ces monstres flottants et d’enjamber la mer dévoreuse d’hommes en sens inverse afin de libérer le pouvoir curateur de la mémoire. Car la cale "affleure aussi dans l’espace public, les musées et lieux de commémoration Elle est dans le corps de ceux qui, sans y être tombés, ne peuvent pour autant pas l’oublier. Elle est une mélancolie, une blessure ancrée dans la chair de millions de personnes dont les racines ont été brouillées et éparpillées".
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Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne