Aux confins de la linguistique et de la musique : discours, parole, chant (Université d'Évry Val d'Essone)
Université d'Évry / Paris-Saclay
Amphi 100 Maupertuis
17 janvier 2023
L'expérience humaine ne s’établit que par le langage, et c’est dans et par le langage que nous sommes devenus humains, que la société a été créée. C’est l’ensemble formé par le sujet et ses partenaires dans l’acte énonciatif qui forme cette société, car c’est cet ensemble qui fait aussi la culture et la langue. L’avènement du sujet et du sujet humain se fait ainsi dans et par le langage.
Émile Benveniste (1974) propose ainsi le discours comme le lieu d'établissement de ces instances. Gérard Dessons (2006) nous rappelle que l’homme n'existe pas hors du langage, et que le langage, puisqu’il définit l’humain, appelle en soi un regard anthropologique.
A partir de ces a prioris, nous chercherons à interroger des formes qui ne sont pas habituellement abordées par la linguistique. La musique, en revanche, et en particulier tout ce qui est chant peut apporter ici un nouvel éclairage : discours, langue, rapport au collectif et à la société relèvent en effet aussi de son domaine. On pense par exemple à l’onomatopée et à l’imaginaire qui l'accompagne ; aux différentes formes de danses chantées ; aux différentes modulations de la voix (cris, interjections…) qui interrogent les langues, la société, la capacité linguistique humaine et nourrissent aussi la musique.
Plusieurs angles de réflexion sont alors possibles :
- Comment comprendre le rôle du son, du souffle et du corps (geste, mouvement) dans le discours musical ?
- Comment entendre les langues dans les musiques et les musiques dans les langues ?
- La musique aide-t-elle à réfléchir sur les différentes expressions de la parole ? Que peut-on entendre par “discours musical” ?
- Comment les formes discursives chantées établissent-elles un rapport entre sujet et société ?
- Où seraient, dans les pratiques langagières considérées, la ou les limites entre ce que l’on appelle “art” et ce qui relève simplement d’une culture prise dans sa globalité ?
Le but de notre journée d’étude sera de comprendre, par l’actualisation de pratiques discursives liées à la musique et au chant, comment appartenance à une collectivité, une société et singularité subjective se définissent mutuellement.
Programme :
12H - Acceuil suivit de l'ouverture
12H30 - Daiane NEUMANN (UFPEL, Brésil) - O contínuo na linguagem
13H30 - Maruszka MEINARD (CeRLA, Lyon/UGA, Grenoble) - La voix peut-elle se libérer du signe linguistique ?
14H - Arsène CAENS (Lier-Fyt, Ehess, Paris) - Pragmatique de la pause dans la vocalité poétique : enquêter sur le continuum musique langage
14H30 - Pause café
15H30 - Lorraine PESCHI (UCLouvain, Bélgique) - Les sons de la communication : le « chanté-désenchanté » de Jacques Rebotier
16H - Bianca CZARNOBAI DE JORGE (UFRGS, Brésil/Evry-UPSaclay) - Chant de travail : un discours entre la musique et la parole
16H30 - Valeria GRAMIGNA (Université de Bari Aldo Moro, Italie) - De nouvelles « pratiques musico-littéraires » dans le roman du XXIème siècle
17H - Pause café
18h30 - Concert de clotûre: Comment le peuple a-t-il coassé cette semaine ? Des voix au 18ème siècle - Création pour choeur par Jean-Christophe MARTI, composition et direction musicale, d’après les travaux de l’historienne Arlette Farge