Essai
Nouvelle parution
Sandra Barrère, Écrire une histoire tue. Le massacre de Sabra et Chatila dans la littérature et l’art

Sandra Barrère, Écrire une histoire tue. Le massacre de Sabra et Chatila dans la littérature et l’art

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne (Source : Classiques Garnier)

Sandra Barrère

Écrire une histoire tue. Le massacre de Sabra et Chatila dans la littérature et l’art

Sous la responsabilité éditoriale de Catherine Coquio

Paris, Classiques Garnier, Littérature, histoire, politique, 2022

Après un bilan historiographique, cet ouvrage étudie les récits et poétiques relatives au massacre perpétré dans les camps palestiniens de Sabra et Chatila à Beyrouth en septembre 1982, à travers quatorze œuvres évoquant cet événement à la fois fameux et passé sous silence.

Table des matières…

Index des noms…

On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :

"Un sépulcre pour Sabra et Chatila", par Najla Nakhlé-Cerruti (en ligne le 10 juillet 2023).

Dans son ouvrage magistral, Sandra Barrère explore les représentations littéraires et artistiques du massacre perpétré entre le 16 et le 18 septembre 1982 dans les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila, à Beyrouth. Écrire une histoire tue fait partie d’un vaste projet de réhabilitation de la mémoire de cet événement, un moment dont l’intense violence est renforcée par le silence qui pèse autour, un événement tu. Au-delà de l’entreprise de consignation de la mémoire, l’auteure interroge les « poétiques de Chatila » à partir d’un corpus aussi inédit qu’original constitué de quatorze œuvres issues de la littérature (prose, poésie), des arts visuels (peinture, sculpture, body-art), d’un témoignage, d’un carnet de reportage, d’un roman graphique et d’œuvres cinématographiques (un film documentaire et un film d’animation). L’analyse poétique d’un tel objet politique donne enfin lieu à une profonde réflexion sur les fonctions politiques, ou la politicité du poétique.

Extrait :

 « Dia al-Azzawi : Dans Chatila, la plupart des ruelles sont très exigues. Les gens en général se sentent très à l’étroit à l’intérieur des baraquements. Ce n’est pas vraiment agréable, alors ils ont des chaises, surtout les vieux, et ils s’assoient dehors. C’est comme ça que j’ai commencé à travailler le motif de la chaise.

Sandra Barrère : Oui, il y a deux chaises.

DA : Mon propos, c’est le conteur. Vous savez, le conteur dans le monde arabe est une figure importante : quelqu’un qui s’assoit et raconte des histoires. La chaise du conteur est là. Et puis, soudain, le conteur a disparu !

SB : Oui, il ne reste que la chaise.

DA : Seulement la chaise, en effet.

SB : Et des cadavres partout.

DA : Tout autour de la chaise, c’est là que l’histoire commence. Le conteur n’est plus là, mais l’histoire se déroule autour de l’endroit où il était assis. »