Revue
Nouvelle parution
Mosaïque, n° 18 :

Mosaïque, n° 18 : "La physique"

Publié le par Esther Demoulin (Source : Marine Bastide De Sousa)

Lorsque le mot « physique » vient à l’esprit, celui de « chimie » arrive, ne serait-ce qu’à cause/grâce à l’enseignement scientifique délivré aux collégien.nes et aux lycéen.nes. Pourtant, lorsque le déterminant s’adjoint à ce nom, le sens explose. A n’en regarder que l’article composé par D’Alembert pour Le Dictionnaire raisonné, ce n’est pas moins de dix sept renvois que l’on compte. Définir la physique, c’est apprécier son histoire à travers les théories et les systèmes, c’est étudier le mouvement mais aussi la nature, ce sont des corps et des espaces, les mathématiques mais aussi l’astronomie. La « physique » seule semble donc échapper à une théorie simple et renfermer en elle-même des problématiques diverses ; et les sciences humaines ont bien leur rôle à jouer. 

Puisqu’il faut approcher des domaines aussi diverses, une histoire si complexe, et une littérature scientifique (ou non) très riche, nous avons choisi de proposer le thème de « physique » à la réflexion, appelant des écrits composés par des philosophes, historiens, littéraires, sémioticiens, des spécialistes des époques antique, médiévale, moderne et contemporaine, afin d’apprécier d’une part l’évolution des conceptions de la physiques selon les époques et selon les milieux philosophiques et intellectuels, d’autre part les nombreux domaines où la physique entre en jeu. La grande liberté du sujet, ne contraignant qu’à une approche d’« humaniste », a ainsi permis l’élaboration d’un numéro hétéroclite, au même titre que la définition même de « physique ».

Le numéro propose cinq articles approchant la physique selon un angle singulier. Ainsi on appréciera l’enjeu que fut les objets scientifiques, leur déplacement et leur conservation au lendemain de la Révolution française (Vincent Guillaume), ainsi que l’enjeu de la représentation de l’allégorie scientifique, en particulier d’Uranie, dans l’ornement des horloges (Marie-Ange Jesu Duchatel). Quittant le monde des objets, nous pourrons découvrir avec Marin Mersenne les premiers temps de la « nouvelle physique » à l’époque classique et le rôle que joua la musique dans cette révolution épistémique (Julien Gominet-Brun). Enfin, deux articles permettront de saisir l’importance de l’expression en physique : d’une part une étude sur les théories philosophiques de l’antiquité proposera un parcours dans l’œuvre de Platon afin de saisir les mécanismes rhétoriques de sa pensée, qui se construit contre celle d’Aristote, accusée de reposer sur des « métaphores » (Marion Pollaert) ; d’autre part une étude sur l’ethos du vulgarisateur scientifique interrogera les outils verbaux et non verbaux qui permettent d’expliquer plus grand nombre les théories et les systèmes de la physique contemporaine (Adrien Mathy).  Enfin, nous proposerons un entretien avec Bernard Joly, membre de la « secte » des historiens de l’alchimie, qui nous permet finalement de prendre en compte une grande oubliée de la science de la nature et d’interroger les raisons de cet oubli. 

On l’aura compris, La Physique ne propose aucunement une réflexion complète, mais un échantillon de tout ce que les sciences humaines ont dit, ont pris, ont pensé de la science dite dure, et continue à le faire. C’est donc un dialogue qui est proposé aujourd’hui, entre deux univers, certes séparés par les programmes scolaires et les domaines universitaires, qui pourtant ne sont pas étrangers l’un à l’autre. 

Sommaire

Introduction

1. Vincent Guillaume (Paris 1 Panthéon-Sorbonne) p. 3-21

Des instruments pour la République
Formation, conservation et usages des collections nationales de physique durant la Révolution française

2. Marie-Ange Jesu Duchatel (Université de Lille) p. 22-37

Uranie ou l’allégorie de l’astronomie
Une figure privilégiée dans l’ornementation des pendules des XVIIIe-début XIXe siècles

3. Julien Gominet-Brun (Université Montpellier 3) p. 38-52

Musique et physique dans l’Harmonie universelle de Marin Mersenne (1636)

4. Marion Pollaert (Université de Lille) p. 53 – 71

Explication physique, mythe et causalité des Formes platoniciennes
Une lecture critique de la critique aristotélicienne de la physique de Platon

5. Adrien Mathy (Université de Liège) p. 72 – 89

Modalités éthotiques et mise en scène oppositive de deux « faire science » en physique
La théorie des cordes et sa critique par un promoteur d’une vision alternative de la gravitation quantique

6. Entretien avec Bernard Joly (propos recueillis par Marine Bastide De Sousa, Clémence Sadaillan et Valentin Meriaux) p. 90 – 103

« La secte des historiens des sciences »


Les coordinateurs

Marine Bastide De Sousa, Alithila, LETTRES

Valentin Mériaux, IRiS, HISTOIRE

Clémence Sadaillan, STL, PHILOSOPHIE