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L’Histoire littéraire de la France aux Éditions sociales (années 60-70). Une histoire marxiste de la littérature ?

L’Histoire littéraire de la France aux Éditions sociales (années 60-70). Une histoire marxiste de la littérature ?

Publié le par Esther Demoulin (Source : Quentin Fondu)

Séminaire littéraire des armes de la critique

Vendredi 2 décembre 2022, 15h-17h

Campus Condorcet – Centre des colloques – salle 3.01

L’Histoire littéraire de la France aux Éditions sociales (années 60-70).

Une histoire marxiste de la littérature ?

par Quentin Fondu (EHESS) et Mario Ranieri Martinotti (ENS)



L’Histoire littéraire de la France aux Éditions sociales, prenant d’abord la forme d’un manuel de six tomes (1965-1982) avant d’être remaniée, illustrée et publiée en douze volumes en format « beau-livre » (1974-1980), a été la plus ample tentative, réalisée en France, de construire une histoire sociale de la littérature. L’initiative naît au début des années 1960 au Centre d’études et de recherches marxistes (CERM), l’un des lieux les plus ouverts du débat intellectuel au sein du PCF, et ce sont deux communistes, Pierre Abraham, directeur de la revue Europe, et Roland Desné, dix-septièmiste bientôt professeur à Reims, qui en prennent la direction à partir de 1963. Il s’agit d’une entreprise collective et interdisciplinaire impliquant une centaine de contributeurs et contributrices qui, loin d’être tous communistes ou même marxistes, y emploient des approches diverses. Parmi les contributeurs, on peut citer non seulement Henri Weber, Anne Ubersfeld, Guy Besse, Albert Soboul, Michèle et Claude Duchet et Pierre Barbéris mais aussi, entre autres, Jean Goulemot, Jean Dufournet, Michel de Certeau, le jeune Marc Fumaroli, Henri Guillemin, Henri Meschonnic, Jacques Seebacher…

La séance sera l’occasion de découvrir ensemble cet objet pour essayer de comprendre : 1. d’où il vient et ce qui pousse les contributeurs et contributrices à participer à ce projet ; 2. le geste critique et politique qu’il constitue ; 3. les traces qu’il a laissées dans les développements ultérieurs de la recherche, et ce malgré son relatif oubli. Il s’agit en particulier de pouvoir répondre aux questions suivantes : comment est construite la synthèse historique à laquelle il prétend ? quels en sont les aspects conformistes ou originaux par rapport à de plus traditionnelles histoires de la littérature (place de la francophonie et d’objets littéraires « mineurs » par exemple) ? quels liens noue-t-il avec le marxisme ? Première pierre apportée à une redécouverte nécessaire, la séance sera une introduction à une recherche en cours. Après avoir présenté le projet éditorial d’ensemble – et ses éventuelles transformations au cours du temps –, nous reviendrons sur deux objets : le roman au XIXe siècle d’abord, et notamment Balzac, qui constitue l’auteur central pour la critiquemarxiste ; le théâtre du XXe siècle ensuite, au travers duquel voit poindre le renouvellement disciplinaire dont le théâtre fait alors l’objet, en refusant de l’appréhender sous son seul aspect littéraire au profit d’une approche matérielle. 

L’attention que nous portons à l’Histoire littéraire de la France relève de notre volonté de prendre conscience de la diffusion et de la transmission d’approches critiques matérialistes dans la lignée desquelles le travail mené au sein du Séminaire littéraire des armes de la critique s’inscrit.