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Adab al-malǧa' : représenter le refuge dans le roman arabe du XXIe siècle (MMSH/en ligne)

Adab al-malǧa' : représenter le refuge dans le roman arabe du XXIe siècle (MMSH/en ligne)

Publié le par Esther Demoulin (Source : Annamaria Bianco)

Après quatre ans de recherches menées sous la direction de Monsieur Richard Jacquemond et de Madame Monica Ruocco, Madame Annamaria Bianco (IREMAM/DAAM) soutiendra sa thèse en littérature arabe intitulée  « Adab al-malǧa’ : représenter le refuge dans le roman arabe du XXIe siècle » le vendredi 9 décembre à 14h.


Elle aura lieu en modalité hybride, à la Maison méditerranéenne des sciences de l’homme (MMSH) en Salle G. Duby (RDC à droite après l’accueil), suivie d’un pot à partir de 17h30/18h (pour assister à la soutenance via Zoom, merci d'envoyer un mail à annamaria.bianco@univ-amu.fr).

JURY
Directeur de thèse : Richard Jacquemond, Aix-Marseille Université, Iremam.
Codirectrice de thèse : Monica Ruocco, Université de Naples.
Rapporteur : Laurence Denooz, Université de Lorraine.
Rapporteur : Lorenzo Casini, Université de Messine.
Examinateur : Martina Censi, Université de Bergame.
Examinateur : Alexis Nuselovici, Aix-Marseille Université.

RÉSUMÉ DE LA THÈSE
Cette thèse analyse la littérature arabe de l'exil et de la migration produite au tournant de la « crise des réfugiés » de 2015, avec un focus sur le genre du roman. Elle adopte une perspective à la fois diachronique et synchronique, et vise à décrire l'émergence d'une nouvelle esthétique migrante construite autour de l'expérience polyvalente du refuge, en identifiant les différents éléments de continuité et de discontinuité qui relient la fiction contemporaine au canon du passé.

La recherche retrace les changements intervenus dans le monde arabe de l’époque coloniale à nos jours et met en évidence comment les guerres, les conflits et les diasporas des XXe et XXIe siècles ont fini par placer l'expérience de la mobilité sous le signe de la contrainte et de la précarité, modifiant les conditions de production, de circulation et de réception des textes. L'introduction expose les raisons du choix de l'objet d'étude en les faisant remonter à l'actualité du débat sur la mobilité globale, ainsi qu'à l'intérêt spéculaire qui a fleuri dans la sphère académique. Elle aborde des questions éthiques et méthodologiques, justifiant la préférence pour la formule descriptive d'adab al-malǧa (« littérature du refuge ») par rapport à celle d'adab al-luǧū (« littérature d'asile ») sur la base de recherches préliminaires attribuables à la sociologie de l'art bourdieusienne, dans lesquelles divers acteurs du champ littéraire arabe transnational sont interrogés : les auteurs et les autrices du corpus sélectionné, ainsi que d’autres écrivains, éditeurs, traducteurs, critiques et agents littéraires.

La recherche complète l'étude des textes par celle de leur contexte social et culturel, en mettant en œuvre une approche qui combine l'ensemble des disciplines embrassées par les études sur les réfugiés et les migrations avec les principes fondamentaux de l'analyse littéraire afin de détecter la formation d'une véritable « poétique de la réfugiance » (de l'anglais « refugeedom »), avec des thèmes, des cadres et des personnages spécifiques, tirés à la fois de l'univers de la migration et du monde humanitaire. L'étude, conçue comme un parcours autant chronologique que thématique, est organisée selon une macro-structure tripartite qui vise à reconstituer l'intégralité du parcours des individus en quête de refuge, pris entre l'invisibilité et l'hypervisibilité qui leur sont assignées par la politique, les médias et le régime de l'asile. Focalisée sur de romans qui puisent dans la littérature de harraga (Taytānīkāt afrīqiyya [2008] d'Abū Bakr Ḥāmid Kahhāl et Anāšīd al-milḥ [2019] d'al-'Arabī Ramaḍānī), la première partie met en évidence les liens entre les textes qui relatent l'expérience de la migration clandestine et ceux qui se concentrent sur l'exode des demandeurs d'asile, en faisant ressortir le même type de discours critique à l'égard de la forteresse Europe et des hiérarchies établies par le système humanitaire. Concentrée sur les concepts de vulnérabilité, traumatisme et résilience, la deuxième partie est consacrée aux réalités du transit et de l'immobilité. Elle analyse les espaces d'exception incarnés par les camps de réfugiés palestiniens (Muḫmal [2016] de Ḥuzāma Ḥabāyib) et par la Syrie prérévolutionnaire, caractérisée par une double réalité d'accueil et répression (Ḥurrās al-hawāʼ [2009] de Rūzā Yāsīn Ḥasan). La troisième partie se concentre sur l'expérience de l'asile en Europe (Barīd al-layl [2017] de Hudā Barakāt et 'Āzif al-ġuyūm [2016] de 'Alī Badr), nous permettant d'explorer des représentations anti-hégémoniques des notions d'hospitalité, d'identité, d'appartenance et de citoyenneté.