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Prénom Louise

Prénom Louise

Publié le par Faculté des lettres Université de Lausanne

Contemporaine d’Olympe de Gouges, invisibilisée par son mari et restée dans l’ombre des trois penseurs auxquels elle eut affaire : Montesquieu, Rousseau et Voltaire, Louise Dupin (1706-1799) tenait pourtant, à Paris, l’un des plus fameux salons littéraires et philosophiques de son époque. Elle dénonçait les violences faites aux femmes, militait pour l’égalité professionnelle et l’accès des femmes à la politique, pour le divorce, pour la transmission du nom de la mère aux enfants, et critiquait le manque de considération envers les femmes dans les écrits des plus grands auteurs depuis l’Antiquité. Rousseau tomba amoureux d’elle, Louise Dupin l'éconduit puis l'engagea comme secrétaire. Ensemble, à Paris ou au château de Chenonceau, dont elle était propriétaire, ils travaillèrent à un grand livre féministe. Le résultat, ce sont des milliers de pages qui finiront, au XXe siècle, dispersées dans toute l’Europe et en Amérique… En les traquant pour les rassembler, Frédéric Marty a retrouvé un manuscrit formant comme une longue introduction à son grand-œuvre, où sont formulées les idées de Louise Dupin sur l’égalité des sexes ; c’est ce texte totalement inédit qui nous a été rendu en août dernier par la Petite Bibliothèque Rivages sous le titre Des femmes. Discours préliminaire.

Mais c'est le grand œuvre de Louise Dupin, resté à l'état de manuscrit depuis 1751, qui paraît ces jours-ci aux Classiques Garnier, toujours par les soins de F. Marty : Des femmes. Observations du préjugé commun sur la différence des sexes, ouvrage féministe majeur où l’autrice défend la stricte égalité des sexes dans une perspective encylopédique et propose un projet global de réforme de la société.

F. Marty avait préludé à ce travail d'édition avec un essai signalé par Fabula dès sa parution l'an dernier : Louise Dupin. Défendre l'égalité des sexes en 1750 (Classiques Garnier).

Portrait de Louise Dupin (1706-1799). Peinture de Jean-Marc Nattier avec la collaboration de sa fille, Catherine Pauline Nattier (1725-1775).