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Entre salons et cénacles : Chateaubriand en ses groupes et réseaux (Saint-Étienne)

Entre salons et cénacles : Chateaubriand en ses groupes et réseaux (Saint-Étienne)

Publié le par Alexandra Follonier (Source : Jean-Marie Roulin)

Entre salons et cénacles : Chateaubriand en ses groupes et réseaux 

Colloque international organisé par l’UMR IHRIM

Université Jean Monnet, Saint-Étienne

 

La carrière de Chateaubriand s’est déroulée entre le crépuscule des salons d’Ancien Régime et l’émergence des cénacles romantiques. Dans les années mêmes où la littérature redessine son territoire, une nouvelle sociabilité s’invente ; des « groupes littéraires », pour le dire avec Sainte-Beuve, ou d’autres réseaux, intellectuels, politiques, médiatiques se créent. À travers le cas emblématique de Chateaubriand ce sont les mutations de ces sociabilités au moment 1800 que ce colloque se propose d’interroger.

  

Programme

  

Jeudi 13 octobre

13h30     Jean-Marie Roulin, « Introduction »

 

Session 1 :  Groupes, sociabilités, communautés

Président de séance : Fabio Vasarri

14h Vincent Laisney (Université Paris Nanterre, CSLF) : « Foyers éteints : se souvenir de Chateaubriand (et son groupe) »

14h30 Alain Vaillant (Université Paris Nanterre, CSLF) : « D’une révolution à l’autre (1800-1830) : une parenthèse heureuse pour les sociabilités intellectuelles »

15h Philippe Antoine (Université Clermont Auvergne – CELIS) : « La parole de l’absent. La lettre de voyage et l’instauration de communautés à distance »

16h Pause café

 

Session 2 : Réseaux interpersonnels

Présidente de séance : Fabienne Bercegol

16h30 Emmanuelle Tabet (CNRS – CELLF, Paris) : « Sur le cercle de Joubert »

17h  Fabio Vasarri (Université de Cagliari) : « Rencontres manquées et médiations : Chateaubriand et Xavier de Maistre »

17h30 Blandine Poirier (Université de Paris, CERILAC) : « “Vous êtes une femme cruelle de me ravir le bonheur de vous être utile” : Staël et Chateaubriand, maître et disciple, et réciproquement » (en visioconférence)

  

Vendredi 14 octobre 2022

Session 3 : Réseaux médiatiques

Président de séance : Alain Vaillant

9h Morgane Avellaneda (Université Jean Monnet – UMR IHRIM, Saint-Étienne) : « Le Conservateur : véritable groupe politique ou illusion médiatique ? »

9h30 Romain Jalabert (Sorbonne Université – CELLF,  Paris) : « Le « grand tapage de journaux » autour de Chateaubriand, dans les premières années de la monarchie de Juillet »

10h30 Pause café

 

Session 4 : Décentrements

Président de séance : Philippe Antoine

11h Jean-Marie Roulin (Université Jean Monnet – UMR IHRIM, Saint-Étienne) : « Les cercles de l’émigration à Londres : excentrement et sociabilité littéraire »

11h30 Apolline Streque (Université Jean Monnet – UMR IHRIM, Saint-Étienne) « Chateaubriand et les milieux artistiques »

12h30 Déjeuner

 

Le colloque sera suivi de la rencontre annuelle organisée par le GIC – Groupe Interuniversitaire Chateaubriand

  

Séminaire Chateaubriand

Animé par Fabienne Bercegol

 

Vendredi 14 octobre 2022

14h  Jing Wang (Sorbonne Université et Université de Pékin) – « Du visuel au spirituel : la "mémoire" dans les récits viatiques de Chateaubriand » (en visioconférence)

Présentation de sa thèse de doctorat, soutenue le 13 mai 2022, en cotutelle Sorbonne Université et Université de Pékin

14h40 Arlette Girault-Fruet (Université Clermont-Auvergne) : « De la mer comme lieu originel à une perception marine du monde »

Présentation de son livre : Mers intérieures. Chateaubriand, la mer et les Mémoires d’outre-tombe, Classiques Garnier – Médaille 2021 de l’Académie de Marine

15h20 Christophe Tournu (UR 4378 Théologie protestante - Université de Strasbourg) : « La traduction du Paradis perdu par Chateaubriand. »

Présentation de la nouvelle édition parue dans la série des Œuvres complètes, Champion

16h    Fin de la journée

 

Comité scientifique

Philippe Antoine (Université Clermont-Auvergne, CELIS), Edoardo Costadura (Friedrich-Schiller-Universität Jena, Allemagne), Andrew Counter (Oxford University, Royaume -Uni), Pierre Glaudes (Sorbonne Université CELLF, Paris), Anne-Sophie Morel (Université Savoie Mont Blanc), Jean-Marie Roulin, Emmanuelle Tabet (Chargée de Recherche au CNRS, CELLF Paris) et Fabio Vasarri (Université de Cagliari, Italie)

 

Lieu

Université Jean Monnet – Saint-Étienne

Campus « Centre des Savoirs pour l’Innovation (CSI) – Salle : Salle du Conseil

Bâtiment des Forges

11, rue Dr Rémy Anino – 42000 Saint-Étienne

Accès : depuis la gare de Saint-Étienne Chateaucreux, Tram ligne 2, arrêt « Cité du Design »  

 

Argumentaire

Entre deux siècles et entre deux rives, Chateaubriand a affronté une rupture qui n’est pas simplement politique. C’est l’ensemble des structures de la vie artistique et sociale qui a subi de profondes mutations : l’espace de la vie littéraire, entre autres, et les lieux d’échange comme les supports de publication ont été bouleversés. Aussi, au lecteur du xixe siècle Chateaubriand décrit-il avec une nostalgie teintée d’ironie la revue qui a accueilli ses premiers poèmes comme un périodique appartenant à un temps disparu : « À cette époque, on devenait un personnage important quand on avait barbouillé quelques lignes de prose ou inséré un quatrain dans l’Almanach des Muses » (Mémoires d’outre-tombe, IV, 11). Si les études critiques et historiques récentes n’ont pas manqué de souligner ces transformations des sociabilités littéraires, elles ont laissé le moment 1800 hors de leur champ d’étude. Ainsi, Antoine Lilti, analysant la vie des salons au xviiie siècle, s’arrête au début de la Révolution, et note que la période de la Révolution mériterait une étude spécifique (Le Monde des salons, 2005) ; dans L’Âge des Cénacles (Paris, 2013), Anthony Glinoer et Vincent Laisney constatent qu’entre les salons de l’Ancien Régime, qui périclitent après 1789, et les Cénacles romantiques, qui prennent leur essor à partir de 1820, la tradition des cercles littéraires s’interrompt. Or, c’est juste en ce point aveugle que la carrière de Chateaubriand s’est développée : entre les salons, qu’il a peu connus, et les cénacles, aux portes desquelles il est resté, il a inventé ses réseaux littéraires, créé sa propre sociabilité littéraire, au fil des rencontres et des voyages. Cette reconstruction des sociabilités a connu son moment peut-être le plus marquant dans ce que Sainte-Beuve a appelé « son [de Chateaubriand] groupe littéraire sous l’Empire », aux côtés de ce qu’on a appelé le « groupe de Coppet ». De quoi ce « groupe », terme aux contours flous, est-il le nom ? En quoi hérite-t-il ou se distingue-t-il des autres sociabilités littéraires ? Est-ce que la polarisation politique de la vie littéraire ne trouve-t-elle pas son origine dans ce moment ?

À travers le cas de Chateaubriand, ce numéro s’interrogera sur les mutations des sociabilités littéraires entre la fin des salons, tels du moins que les a connus l’Ancien Régime, et l’essor des cénacles romantiques, ancêtres des soirées de Médan ou des mardis de la rue de Rome. Il s’agira d’étudier les diverses formes prises par les réseaux de Chateaubriand : les sociétés littéraires auxquelles Delisle de Sales introduit Chateaubriand dans le Paris prérévolutionnaire, les cercles de l’émigration à Londres, les groupes qui se fédèrent sous l’Empire autour du Mercure, ses relations avec Germaine de Staël, voire avec le groupe de Coppet, les correspondants avec qui il a échangé, voire qu’il a rencontrés, à l’occasion de ses voyages en Italie ou en Orient, les milieux de la presse politique sous la Restauration, les cercles qui se sont constitués autour de Claire de Duras et de Juliette Récamier, qui réinvente le salon à l’Abbaye-aux-bois. À cet égard, la correspondance a été un formidable support d’une communauté à distance. Et, dans une forme de mise en abyme, face dissolution des anciennes communautés, son œuvre a cherché à penser la reconstruction des sociétés, dans une tension entre la tentation de l’isolement (la Vallée-aux-Loups ou Rancé, figure de la retraite hors du monde) et le désir du groupe. À travers les documents historiques, la correspondance, les œuvres, les témoignages, on interrogera ainsi les mutations sociales et institutionnelles que mettent au jour les réseaux de Chateaubriand, les nouvelles sociabilités qui émergent dans la vie littéraire postrévolutionnaire, la manière dont la création littéraire, la réflexion esthétique et la critique littéraire, entre autres dans la presse, se développent au sein de ces sociabilités.