Noémi Duchemin est une enfant surdouée, née dans une famille dysfonctionnelle, élevée dans une décharge, recueillie après un drame familial par mademoiselle Minnier, institutrice rigide qu’elle vénère jusqu’au désenchantement lorsqu’elle découvre ce que sa sollicitude signifiait.
Nul doute que La décharge est l’œuvre maîtresse de Béatrix Beck. C’est un roman qui, dans sa profusion, son exubérance et son extrême liberté, concentre tous les partis pris qui rendent l’autrice irremplaçable. Qui saurait aujourd’hui donner vie à une telle héroïne ?
Béatrix Beck ose tout, montre tout, renverse tout : le déterminisme, la bêtise, les conventions, les superstitions, les marges, l’inceste ou la mort sont broyés, disséqués, au fil d’un texte monstrueusement prolifique. Bien au-delà de la satire sociale, La décharge est un monument scandaleusement généreux de littérature porté par la plume alerte de Béatrix Beck et sa capacité inépuisable d’étonnement. Elle emprunte au langage populaire, s’amuse des rythmes, se joue du verbe pour le plus grand bonheur du lecteur qui en sort estourbi mais réjoui.
Rob Miles relève le défi d’accompagner en image ce roman foisonnant. Il multiplie les points de vue, parsème ses dessins d’indices et de références au texte tout en bousculant l’espace et sa logique. Lui aussi brise avec malice la convention d’une représentation linéaire. Gageons que Béatrix Beck aurait adoré cette liberté.
La décharge a reçu le prix du livre Inter en 1979.
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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cette réédition :
"Au propre et au figuré", par Roger-Yves Roche (en ligne le 16 juillet 2022)
On réédite La décharge de Béatrix Beck, paru en 1979. Un roman sur la misère sans misérabilisme aucun, écrit dans une langue et un style ébouriffants.
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Revue de presse
“Les rapports de Mlle Minnier et de Noémi sont ce que j’ai lu de plus fort sur le plan romanesque depuis pas mal de temps. Merci pour ce chef-d’œuvre.” — Jean-Pierre Martinet
“Livre terrible et envoûtant et Noémi me poursuit jusque dans mon sommeil. Merci pour ce maître-livre.” — Norge
“La décharge m’enthousiasme et me bouleverse. Peut-être ne disposons-nous des mots que pour nous aider à vivre. En quoi,
pour ce livre, nous vous devons un profond merci.” — Jean-Pierre Énard
“Une institutrice incite aÌ€ eÌcrire une fillette de terrain vague doueÌe en « reÌdac » – cela arrive – afin de teÌmoigner sur le « sous-proleÌtariat rural ». Rien de plus difficile que de faire parler l’enfance et la miseÌ€re. BeÌatrix Beck gagne ce double pari. Elle y met l’espieÌ€glerie ravageuse de Queneau et de Christiane Rochefort. C’est Zazie zonarde.” — Bertrand Poirot-Delpech, Le Monde