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"L'écriture de la pensée". Avec Hyein Lee et Xavier Phaneuf-Jolicœur (Séminaire de B. Clément et F. Noudelmann, en ligne)

Publié le par Marc Escola (Source : Bruno CLEMENT)

Cette dernière séance du semestre aura lieu le vendredi 10 juin 2022.

Elle se déroulera exclusivement en visioconférence.

Pour nous rejoindre, se connecter grâce au lien

https://nyu.zoom.us/j/95488844698

Exceptionnellement, la séance au cours de laquelle nous aurons le plaisir d'entendre les deux interventnions d'une doctorante et d'un doctorant, durera trois heures, de 14:00 à 17:00

 

Hyein LEE - De l’« écrivaine de cinéma » à l’écrivaine : Chantal Akerman et ses cheminements d’écriture


Chantal Akerman a dit à maintes reprises lorsqu’elle était petite qu’elle voulait devenir écrivaine. Alors que sa prédilection pour l’écriture est un fait avéré, il est frappant de voir son évitement presque systématique de l’écriture. Bien qu’elle écrive constamment en faisant du cinéma qui est d’ailleurs une forme d’écriture, il semble qu’elle n’« ose » pas « seulement écrire ». De son vivant, à part les textes commandés et les scénarios, Akerman publie deux livres autonomes. Son premier récit littéraire, Une famille à Bruxelles, parut en 1998, à savoir trente ans après son premier court-métrage Saute ma ville. Puis pour la publication de Ma mère rit (2013), il a fallu encore quinze ans. Comment peut-on interpréter ses publications tardives et peu nombreuses ? Pourquoi ne pas écrire ? Et pourquoi écrire ? En interrogeant les enjeux et le défi que représente l’écriture littéraire pour Chantal Akerman, je voudrais mettre en perspective l’importance grandissante de cette dernière dans ses cheminements artistiques. Sans jamais cesser d’être réalisatrice, Akerman devient aussi écrivaine.
 
Hyein Lee est doctorante à l’ED 31 Pratiques et théories du sens à l’Université Paris 8. Dans sa recherche doctorale, elle tente d’examiner le parcours autobiographique d’Annie Ernaux, d’Hélène Cixous et de Chantal Akerman à travers la conception d’écriture de deuil. Son travail s’intéresse en particulier au rapport mère-fille. Elle est intervenue dans plusieurs colloques (Bruxelles, Bratislava, Paris 8…), l'une de ses interventions a donné lieu à publication, les autres sont soit en cours d’édition, soit en peer-review.
Hyein Lee est aussi traductrice. Elle a récemment traduit en coréen Ayaï ! Le cri de la littérature d’Hélène Cixous et Une famille à Bruxelles de Chantal Akerman.

      Xavier PHANEUF-JOLICŒUR: Le moyen de perdre ses moyens et l’image de la mort feinte


Ma thèse interroge l’image de la mort feinte dans trois romans publiés entre 1950 et 1960 : la « trilogie » de Beckett (1951-1953), Moderato cantabile de Duras (1958) et La route des Flandres de Simon (1960). Pour la séance, j’ai choisi de cibler une question spécifique qui découle de ces recherches, liée à l’enjeu de notre séminaire sur le rapport entre écriture et pensée : le réseau qui entoure la notion de moyen dans le discours des écrivains sur leur pratique (entretiens, correspondance, essais, etc.). En effet, par sa polysémie, le terme de moyen me paraît être un lieu de tension, se déclinant en acceptions souvent contradictoires : les moyens comme instruments, la perte de ses moyens, les moyens d’écrire, les moyens de survivre ou de tenir le coup. Dans le discours des écrivains sur leur œuvre, il semble que la perte de moyens se renverse paradoxalement en moyen poétique. Je donnerai en terminant une idée de la façon dont ces réflexions se rattachent à ma recherche sur l’image de la feinte de mort au sein des œuvres.

Xavier Phaneuf-Jolicoeur est candidat au doctorat au Département des littératures de langue française, de traduction et de création (DLTC) de l’Université McGill, sous la supervision d’Isabelle Daunais (McGill) et de Bruno Clément (Paris 8). Il a présenté une communication intitulée « “C’est fait” : la mort feinte dans Moderato cantabile » lors de la Journée d’étude annuelle Marguerite Duras (Université de Lille, 2020). Un article issu de son mémoire de maîtrise, « “Vers un espace qui prenait vie à chaque foulée” : puissance des Atavismes de Raymond Bock », est paru dans la revue Voix et Images (2020).