Isabelle Dumas : "Le polemos proustien : figures et figurations de l’agressivité dans l’œuvre de Marcel Proust"
Isabelle Dumas soutiendra sa thèse de doctorat en littérature française :
Le polemos proustien : figures et figurations de l’agressivité dans l’œuvre de Marcel Proust
La soutenance se déroulera à partir de 14 heures dans la salle Athéna de la Maison de la Recherche de l’Université Sorbonne Nouvelle (4, rue des Irlandais Paris 5e) et à distance.
Le jury sera composé de :
- Mme Mireille Naturel, maître de conférences émérite, HDR, Université Sorbonne Nouvelle (directrice de thèse)
- M. Gilles Dupuis, professeur titulaire, Université de Montréal (codirecteur)
- M. Luc Fraisse, professeur des universités, Université de Strasbourg
- Mme Marianne Brody-Baudin, professeure des universités honoraire de psychopathologie, Université Sorbonne Paris Nord et psychanalyste
- M. Michel Erman, professeur des universités, Université de Bourgogne
- M. Michel Pierssens, professeur émérite, Université de Montréal
Résumé
La première partie de cette thèse se consacre à l’agressivité proustienne destructrice et involontaire. Elle s’attache au thème de la cruauté par ambition, rivalité, profanation des figures maternelles, intérêt pécunier ou mondain, contamination du milieu, lâcheté, ou sous l’emprise d’une sorte de fatalité. Notre deuxième partie, portant sur l’agressivité proustienne destructrice et volontaire, est d’abord consacrée au thème du sadisme, exercé dans une recherche de toute-puissance, par opportunisme, oisiveté ou proximité, notamment par effet d’entraînement. D’autre part, un faux sadisme, théâtral, ludique, érotique, révèle une cruauté véritable et, dans certains cas, des motivations purement alimentaires. Notre étude de l’agressivité nous amène ensuite à celle d’un masochisme proustien permettant d’exister socialement, à travers une identité par défaut, ou de poursuivre la recherche d’un moi augmenté et extrême, dans la sexualité ou le sacrifice narcissique de soi. Notre troisième partie aborde la généalogie d’une agressivité proustienne créatrice, d’abord par l’étude du voyeurisme. L’œil proustien, qui voit sans être vu, jouit d’une puissance scopique instructive et inspirante, avant de se muer en regard artiste, un voir-pouvoir qui canalise son agressivité dans la création démiurgique. Nous étudions enfin les cycles agressifs proustiens qui sous-tendent des relations de jalousie-amour-haine, thèmes intimement liés à la recherche de la vérité. Ces cycles présentent une agressivité multiforme où la cruauté, le sadisme, le voyeurisme et une part de masochisme interviennent, principalement à travers l’emprise et la destruction, avant de trouver salut et sublimation dans l’art.
Abstract
The first part of this thesis is devoted to destructive and involuntary Proustian aggressiveness through the theme of cruelty by ambition, rivalry, profanation of maternal figures, pecuniary or social interest, contamination of the environment, cowardice, or under the influence of a sort of fatality. Our second part, about destructive and voluntary Proustian aggressiveness, first focuses on the theme of sadism, exercised in a search for omnipotence, by opportunism, idleness or proximity, in particular by ripple effect. On the other hand, a false sadism, theatrical, playful, erotic, reveals real cruelty and, in some cases, purely dietary motivations. Our study of aggressiveness then leads us to that of a Proustian masochism allowing to exist socially, in a default identity, or to continue the search for an increased and extreme self, in sexuality or the narcissistic self-sacrifice. Our third part deals with the genealogy of a creative Proustian aggressiveness, first through the study of voyeurism. The Proustian eye, which sees without being seen, enjoys an instructive and inspiring scopic power, before changing into an artist’s gaze, a seeing-power that channels its aggressiveness into demiurgic creation. Finally, we study the Proustian aggressive cycles that underlie relationships of jealousy-love-hate, themes closely linked with the search for truth. These cycles present a multifaceted aggressiveness where cruelty, sadism, voyeurism and a part of masochism intervene, mainly through sway and destruction, before finding salvation and sublimation in art.
La soutenance est publique et sera suivie, vers 18 h, d’un pot.