Déposséder – dépossédé
Journées d’étude internationales consacrées aux mécanismes de dépossession et à leur représentation en Europe pendant la Seconde Guerre Mondiale
« Plus rien ne nous appartient : ils nous ont pris nos vêtements, nos chaussures, et même nos cheveux (…). Ils nous enlèveront jusqu'à notre nom : et si nous voulons le conserver, nous devrons trouver en nous la force nécessaire pour que derrière ce nom, quelque chose de nous, de ce que nous étions, subsiste. »
Primo Levi, Si c’est un homme, 1947 (édition française, Pocket, 1988, p. 15).
Vécue personnellement ou relatée par la fiction, due à l’application de la loi ou à l’opportunisme de certains, la dépossession de certaines catégories de la population au profit d’autres se manifeste de très nombreuses manières en Europe entre 1933 et 1945. La population juive fut particulièrement visée par les mesures d’exclusion qui fit perdre aux individus leurs biens, leur identité et jusqu’à leur existence en les évinçant de la vie économique, de l’espace public et du corps social suivant un mécanisme qui ne faisant souvent que préparer leur déportation et leur mise à mort.
Ces processus, dont l’étape centrale est souvent la modification du cadre légal et sa mise en application par les diverses composantes de la société, ont des retentissements jusque dans l’intime, créant un sentiment d’exclusion dont on trouve notamment l’écho dans les arts. La perte de ce qui constitue son identité, son foyer, son quotidien, s’exprime ainsi dans la peinture comme dans les tableaux de Felix Nussbaum ou Jean Fautrier, ainsi que dans la littérature, avec par exemple Max Jacob, Paul Palgen, Marcel Thiry.
Le but de ces journées d’étude sera d’explorer les différentes facettes de cette dépossession, en particulier mais non exclusivement au Luxembourg, en France et en Belgique, en abordant tout d’abord les mécanismes structuraux et leurs manifestations matérielles, puis leurs conséquences individuelles et la façon dont elles s’expriment notamment dans les arts.
Date de l'événement : 05/07/2021 09:00 - 06/07/2021 17:00
Lieu de l'événement : Université du Luxembourg - Campus Belval et Centre national de littérature, Mersch
Les interventions se feront en Français, en Anglais et en Allemand. Il n’est pas prévu de traduction simultanée.
Les conférences seront accessibles gratuitement en ligne et en direct, après réservation sur le site Eventbrite.com.
Programme
Lundi, 5 juillet 2021, de 9:00 à 17:00 heures
Université du Luxembourg, Campus Belval
9:00
Mot d'accueil par Andreas Fickers, Directeur du Luxembourg Centre for Contemporary and Digital History (C²DH), Université du Luxembourg
9:10
Ouverture de la journée / aspects techniques par Blandine Landau, C²DH, Université du Luxembourg
09:15
Session 1: Problématiques générales entourant la question de la dépossession
Président de séance: Denis Scuto, C²DH, Université du Luxembourg
Le rêve brisé de l’émancipation
Laurent Moyse, journaliste indépendant
Entre œuvres de grande valeur et « objets de pacotille »: La politique de restitution d’œuvres d’art dans l’immédiat après-guerre au Luxembourg
Fabio Spirinelli, C²DH, Université du Luxembourg
Séance de questions
10:15
Pause
10:30
Session 2: Définition juridique de la dépossession
Présidence de séance: Blandine Landau, C²DH, Université du Luxembourg
La confiscation systémique des biens des juifs par les nazis à partir du 5 septembre 1940, prélude à l’état de ‘judenrein’ du Luxembourg
François Moyse, avocat à la Cour et président de la Fondation luxembourgeoise pour la mémoire de la Shoah
Le concept légal de spoliation dans la législation de l’après-guerre et dans la pratique actuelle en Autriche et en France
Johannes von Lintig et Anne Dewey, Rheinische Friedrich-Wilhelms-Universität Bonn
Séance de questions
11:50
Session 3: Que possédaient les juifs avant 1940, la question des sources
Président de séance: Kim Oosterlinck, Institut Solvay, Université Libre de Bruxelles
Analyse des dossiers de la Police des Etrangers du Luxembourg (1933-1940)
Denis Scuto, C²DH, Université du Luxembourg
7 mois d’Occupation: ce que l’analyse des Verzeichnis über das Vermögen von Jüden nous apprend sur l’évolution de la situation des Juifs au Luxembourg entre mai et décembre 1940
Blandine Landau et Benoît Majerus, C²DH, Université du Luxembourg
Séance de questions
12:50
Pause déjeuner
14:00
Session 4: Modalités de la dépossession dans les espaces privés
Président de séance: Tal Bruttmann, Unité Mixte de Recherche Héritages - UMR 9022
L’ordre économique nouveaux : la mise sous tutelle des « biens des juifs et des émigrés » par les autorités luxembourgeoises (juin-septembre 1940)
Vincent Artuso, historien indépendant
Umsiedlung and dispossessions of families of Luxembourgish recruits during the Nazi occupation (1942-1945)
Sarah Maya Vercruysse, C²DH, Université du Luxembourg
Séance de questions
15:00
Pause
15:15
Session 5: Dépossession et appréhension de l’espaceModalités de la dépossession dans les espaces privés
Président de séance: Vincent Artuso, historien indépendant
Des Juifs dans la ville
Tal Bruttmann, Unité Mixte de Recherche Héritages - UMR 9022
Mobiliser les archives de la dépossession pour étudier les parcours des familles juives parisiennes: le cas des quartiers Arts-et-Métiers et Enfants-Rouges
Maël Le Noc, Texas State University
Séance de questions
16:15
Pause
16:25
Recension de la journée par Blandine Landau, C²DH, Université du Luxembourg
16:30
Discussison générale sous la présidence de Kim Oosterlinck, Institut Solvay, Université Libre de Bruxelles
Mardi, 6 juillet 2021, de 9:15 à 16:50 heures
Centre National de Littérature, 2 Rue Emmanuel Servais, L-7565 Mersch
9:15
Ouverture de la journée d’études par Nathalie Jacoby (Directrice du Centre national de littérature) et Atinati Mamatsashvili (Université d’État Ilia)
9:30
Session 1: Espaces de destruction
Président de séance: Maxime Decout, Aix-Marseille Université
Le journal et l’effet-ghetto
Alexis Nuselovici, Aix-Marseille Université / Chaire “Exil et migrations”, FMSH, Paris
La politique des “Judenhäuser” au Luxembourg pendant l’occupation national-socialiste
Renée Wagener, Université du Luxembourg
10:10
Discussion
10:25
Session 2: Artistes et écrivains face au nazisme
Président de séance: Arvi Sepp, Vrije Universiteit Brussel
L’expansion culturelle nationale-socialiste au Grand-Duché de Luxembourg: Artistes face à l‘occupation
Catherine Lorent, Chercheur indépendant, Berlin
Des enfances cachées
Béatrice Gonzales-Vangell, Laboratoire de la Chaire “Exil et migration”, Collège Mondial, FMSH
11:05
Discussion
11:20
Pause
11:45
Session 3: Déposséder du corps, déposséder de l’histoire
Président de séance: Alexis Nuselovici, Aix-Marseille Université / Chaire “Exil et migrations”, FMSH, Paris
Être dépossédé de son histoire
Maxime Decout, Aix-Marseille Université
La dépossession par la terreur et la persécution dans les récits diaristiques juifs-allemands entre 1939-1945
Arvi Sepp, Vrije Universiteit Brussel et Annelies Augustyns, Université d’Anvers / Vrije Universiteit Brussel
Autour de la dépossession du corps de la femme juive durant la Shoah
José Luis Arraez, Université d’Alicante
12:45
Discussion
13:00
Pause déjeuner
14:00
Session 4: Reconstituer l’Histoire. Objets de mémoire
Présidente de séance: Renée Wagener, Université du Luxembourg
Exclues, dépossédées, persécutées : des familles juives d’Esch-sur-Alzette (années 1930-1945)
Elisabeth Hoffmann, Musée national de la Résistance à Esch-sur-Alzette
Do material elements shape memories?
Jakub Bronec, C²DH, Université du Luxembourg
14:40
Discussion
14:55
Pause
15:15
Session 5 – Topographie d’exclusion
Présidente de séance: Jeanne E. Glesener, Université du Luxembourg / Institut des langues et littératures luxembourgeoises
Die „georgischen Juden“ in der Epoche der totalen Herrschaft und des bolschewistischen Terrors
Nino Pirtskhalava, Université d’État Ilia
Der ›Spueniekämpfer‹ in Adolf Weis’ Theaterstück Dohém. Eine literarische Figur im politisch-ideologischen Kontext des Jahres 1939
Daniela Lieb, Centre national de littérature
Espaces de destruction dans les œuvres littéraires luxembourgeoises et françaises
Atinati Mamatsashvili, Université d’État Ilia
16:15
Discussion
16:35 Conclusions
*
Comité scientifique
Vincent Artuso (historien indépendant)
Tal Bruttmann (historien indépendant)
Claude D. Conter (Directeur, Bibliothèque nationale du Luxembourg)
Maxime Decout (Professeur, Aix-Marseille Université)
Jeanne E. Glesener (Associate Professor, Université du Luxembourg ; Responsable de l’Institut des langues et littératures luxembourgeoises)
Blandine Landau (Conservatrice du Patrimoine ; Doctoral Researcher au Center for Contemporary and Digital History – Université du Luxembourg)
Atinati Mamatsashvili (Professeure, Université d’État Ilia ; chercheuse invitée au Centre national de littérature dans le cadre du projet LISPEX/14508523 soutenu par Fonds National de la Recherche du Luxembourg)
Alexis Nuselovici (Professeur, Aix-Marseille Université / Chaire "Exil et migrations", FMSH, Paris)
Kim Oosterlinck (Professeur, Institut Solvay, président du Centre Emile Bernheim, Vice-Recteur à la prospective et au financement de l'Université Libre de Bruxelles).
Denis Scuto (professeur associé, directeur de l’Unité de Recherche en Histoire Contemporaine du Luxembourg, vice-directeur du Center for Contemporary and Digital History – Université du Luxembourg).
Arvi Sepp (Professeur, Vrije Universiteit Brussel)
Renée Wagener (Historienne, Institute for History - Université du Luxembourg)