Le terme grec «katharsis» apparaît deux fois dans La Poétique d'Aristote. On peut laisser de côté l'occurrence du chapitre 17 (1455 b 15), où il est simplement question de la purification religieuse qui procure le salut à Oreste, et se reporter au deuxième paragraphe du sixième chapitre (1449 b 24-28), sans doute l'un des passages du traité les plus cités et les plus commentés. Il y est notamment question de la «pitié» («eleos») et de la «terreur» (ou «crainte», ou «frayeur», «phobos»), d'une part, et, d'autre part, de la «katharsis» de «telles» ou de «pareilles émotions» («tèn tôn toioutôn pathèmatôn katharsin») :
La tragédie est la représentation (mimèsis) d'une action noble, menée jusqu'à son terme, et ayant une certaine étendue, au moyen d'un langage relevé d'assaisonnements d'espèces variées, utilisés séparément selon les parties de l'uvre ; la représentation est mise en uvre par les personnages du drame et n'a pas recours à la narration ; et, en représentant la pitié et la frayeur, elle réalise une katharsis de ce genre d'émotions[1].
Ces quelques lignes sont à l'origine de commentaires innombrables et de traductions variées et contradictoires.
- Lectures possibles de la catharsis aristotélicienne, par Bérenger Boulay.
- Autour de l'article de William Marx, «La véritable catharsis aristotélicienne. Pour une lecture philologique et physiologique de la Poétique», (Poétique 166, 2011; repris dans Le Tombeau d'dipe. Pour une tragédie sans tragique, Les Éditions de Minuit, 2012).
- Réponse à William Marx, par Claudio William Veloso.
- Réponse à la réponse de C. W. Veloso sur la catharsis, par William Marx.
- La catharsis d'Aristote à Freud, extraits de M. Escola, Le Tragique, Flammarion, GF-Corpus, 2002).
- Quelques textes sur le paradoxe de la catharsis, présentés par Marc Escola.
- Recensions dans Acta fabula:
- La catharsis revisitée, par Sabine Gruffat. Sur Littérature et thérapeutique des passions. La catharsis en question, sous la direction de Jean-Charles Darmon, Paris, Hermann, 2011.
- Les dieux ne lisent pas, par Florence Dupont. Sur William Marx, Le Tombeau d'dipe. Pour une tragédie sans tragique, Paris, Les Éditions de Minuit, coll. «Paradoxe», 2012.
- Liens utiles:
- Etudes Epistémé n°13, (2008): Teresa Chevrolet (Université de Genève), «Che cosa è questo purgare?». La catharsis tragique d'Aristote chez les poéticiens italiens de la Renaissance (pdf).
- La poétique d'Aristote: lectures morales et politiques de la tragédie, Les études philosophiques, n° 67, 2003/4.
- Jacques Darriulat analyse le traité d'Aristote: http://www.jdarriulat.net/Auteurs/Aristote/Poetique/Catharsis.html
- Page "Catharsis" de Wikipédia.
Pages associées: Tragique, Morale, Effet.
[1] Aristote, La Poétique, texte, traduction et notes par Roselyne Dupont-Roc et Jean Lallot. Paris : Éditions du Seuil, coll. «Poétique», 1980, p. 53 (Roselyne Dupont-Roc et Jean Lallot proposent en fait de traduire «katharsis» par «épuration»).
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