Colloques en ligne

Andrea Oberhuber et Alexandre Gefen

Souci d’autrui, soin, écriture

1Dans Journal implicite (2013), livre de souci de soi et de soin, Lydia Flem poursuit en mode photolittéraire sa réflexion, d’une part, sur l’héritage et le travail de deuil entrepris dans l’essai Comment j’ai vidé la maison de mes parents (2004), et d’autre part, sur la maladie du cancer l’ayant transformée en Reine Alice (2011). La démarche créative semble s’être imposée comme une nécessité, une manière de se ranger du côté de la (sur)vie :

Ces photographies sont nées d’une nécessité : créer un monde imaginaire pour reprendre pied dans la réalité, transformer la douleur en beauté, l’aléa en élan.

[…]

Assembler quelques objets à portée de main, trouvés au hasard d’une poche, d’un tiroir, sur le rebord d’une fenêtre, dans le désordre des jours et des lieux […]. Mêler à cette « conversation des choses » des mots, des chiffres, des symboles. Non pas natures mortes, mais still life, tableaux vivants1.

Relation(alité) et vulnérabilité dans la perspective du care

2L’une des photographies de Journal implicite est particulièrement intéressante dans le contexte du care et de ses rapports à la préservation de la vie (pour faire écho aux jeu de mots entre le genre pictural « nature morte » et son pendant anglais, « still life », ce qui sous-entend ici « still alive »), au « prendre soin » lié à des objets, à la mémoire et aux êtres humains. L’image révèle, en effet, un récit qui appartient au passé familial de l’auteure-photographe tout en actualisant une période de l’Histoire du XXe siècle : on y voit un assemblage d’objets hétéroclites, à priori peu éloquents, trouvés dans une boîte entreposée dans l’un des tiroirs du secrétaire de la mère de l’artiste. Prise en 2013, cette photographie est insérée dans la partie intermédiaire de l’album, intitulée « Pitchipoï2 & Cousu main » et consacrée, sous forme d’une « Suite photographique à Comment j’ai vidé la maison de mes parents », à « la Shoah vue par les yeux d’un enfant3 ». Parmi les menus objets quotidiens – trombones, plumes d’écriture, bouts de papier gris, coquillage, attaches parisiennes, étui à plumes, etc. –, on perçoit un insigne de la Croix-Rouge. C’est cet objet, symbole du soin médical ou infirmier, qui est associé à un souvenir maternel, comme l’explique Lydia Flem4. Sa mère lui avait raconté que la veille de son arrestation et de sa déportation, elle avait ramassé à Grenoble et gardé dans sa poche un insigne de la Croix-Rouge, que celui-ci lui avait permis d’affirmer qu’elle était infirmière, en arrivant à Auschwitz, que ça lui avait sauvé la vie5.

3Le titre de la photographie qui mime l’esthétique du collage – Et cetera – indique, selon la locution latine (et cetera desunt), qu’il manque des choses dans l’agencement des objets déposés sur une surface blanche, qu’il manque peut-être un fragment de ce récit de guerre, un souvenir, une expérience non partageable entre la mère et la fille : comment survivre en temps de guerre. Symbole des soins médicaux et infirmiers, s’il en est un, l’épingle de la Croix-Rouge constitue le punctum pour quiconque s’interroge sur d’éventuels liens entre les objets et les mots (« dessous », « longtemps », « yeux », « éponge », « fébrile ») découpés d’un récit auquel on n’a pas accès sans connaître l’histoire de la mère. Le récit maternel fictionnalisé par la fille écrivaine contient sa propre « piqûre », sa « petite tache », « petite coupure », bref ce « détail6 » qui rend significative l’histoire « anecdotique » : grâce à une feinte comme dernier recours au moment de l’arrestation par la Gestapo le 10 juillet 1944 dans une ruelle de Grenoble, arrivée à Auschwitz, la résistante se déclare « infirmière ». Cette fiction de soi lui permet non seulement de survivre au camp, mais également d’être en relation avec les autres déporté.e.s, de leur prodiguer des soins matériels et affectifs. En s’inventant infirmière, la résistante construit le souci des autres et le soin dans un système concentrationnaire dont le but est de détruire le lien social, autrement dit d’anéantir toute relationalité humaine7. Elle y oppose la feinte, la fiction et la préservation de la vie.

4Quels modèles relationnels, quels modèles de conduite humaine l’éthique du care propose-t-elle justement ? Comment lire des textes littéraires à l’aune de cette nouvelle éthique qui accorde une préséance à la relation(alité) et à la vulnérabilité8 par rapport à une pensée abstraite, juridique ? Mais il y a plus, comme on verra dans les études qui suivent : qu’apporte la prise en compte du concept parapluie « care » et des nombreuses notions corollaires qui ne sont pas autant de synonymes (la bienveillance, la sollicitude, la charité, le don et le sacrifice, le souci des autres et le self-care) à la relecture des œuvres anciennes – celles du XIXe siècle ou de la première moitié du XXe siècle, par exemple, pour transposer dans le domaine littéraire cette question posée par Patricia Paperman et Sandra Laugier à propos de l’éthique et de la politique du care9 ? Quelle relation l’écriture et le care peuvent-ils entretenir par-delà la méprise que face à tant de bons sentiments, il s’agirait d’une littérature « feel good » ? Une littérature du care se ferait-elle plus hospitalière à l’égard des « voix différentes », par exemple de sujets subalternes ou de groupes historiquement minorisés10 que l’on entend effectivement moins dans nos sociétés dites démocratiques ? Serait-elle plus à même de chercher à « voir le visible » dans des « réalités sociales invisibilisées11 », de prioriser la réciprocité du souci d’autrui et l’horizontalité des relations humaines plutôt que la verticalité et des structures de pouvoir hégémoniales ? Dans quelle mesure et selon quelles conditions une littérature du care peut-elle proposer des « models of care / des modèles de care » à même les textes12, quelles en sont les potentialités ? Ultime question : de quelle manière le « prendre soin » peut-il travailler l’écriture, et comment les écrivain.e.s négocient-ils.elles avec un care qui ne se situe pas forcément du côté des sentiments de la bienveillance ou du réconfort ?

5La perspective du care est bien plus complexe en littérature et, de manière générale, en création (tous arts confondus), notamment contemporaines, qu’une affaire de représentation de figures qui prennent soin d’autrui. Contrairement à l’un des lieux communs persistants, le « prendre soin » n’est pas le propre ni des femmes (portées naturellement vers les « bons sentiments »), ni des personnages féminins. On ne peut toutefois ignorer qu’il existe, historiquement, des prérogatives féminines du soin prodigué au corps d’autrui : ceux des enfants, du mari, des personnes âgées ou malades, bref des êtres considérés les plus vulnérables d’une société. « Le care échappe, insiste Vanessa Nurock, aux structures binaires en les dépassant (que ces alternatives soient celles du genre féminin ou bien masculin, du théorique ou bien du pratique […]), ce qui le rend peut-être aussi plus difficile à appréhender avec nos catégories traditionnelles qui s’inscrivent justement trop souvent dans ces partitions dichotomiques13 ». Si, dans nombre d’œuvres littéraires et artistiques des XIXe, XXe et XXIe siècles, les Germinie Lacerteux (la domestique dans le roman éponyme), Françoise (la cuisinière dans La Recherche du temps perdu), Claire (la vieille fille-« sorcière » dans Amour, Colère et Folie), Louise (la nounou dans Chanson douce) et autres personnages féminins, ainsi qu’Anne et Laura (la fille et l’aide-soignante qui, dans le film The Father, s’occupent d’Anthony souffrant d’Alzheimer) semblent témoigner davantage d’une caring attitude que leurs homologues masculins14, c’est qu’écrivain.e.s et artistes leur assignent ces rôles de service ou de servitude15. Ce que l’on doit constater en revanche, sans tomber dans des généralisations essentialisantes, est l’assignation socialement construite des pratiques attentionnelles, comme l’ont démontré à tour de rôle Carol Gilligan16, Eva Kittay17, Fabienne Brugère18, Sandra Laugier19 Sophie Bourgault et Julie Perreault20, entre autres. Si l’on se défait de ces construits historiques, ce que nous nous proposons de faire dans les réflexions menées dans le présent collectif, le care se manifeste dans les différents exemples des corpus littéraires abordés (qui appartiennent à diverses époques et littératures « nationales ») comme une pratique éthique qui tantôt perpétue d’anciens modèles ancillaires, tantôt les interroge de manière critique et les déplace. Cette attention aux besoins des autres « vaut comme souci de sujets relationnels » – souci de soi et souci des autres –, « les deux étant nécessaires au déploiement d’un bien qui doit prendre la forme d’un mieux-être ou d’un maintien dans l’être21 ». On se souvient alors que Berenice Fisher et Joan Tronto ont proposé en 1993 une définition du care plutôt large, mais surtout inclusive :

[…], nous suggérons que le care soit considéré comme une activité générique qui comprend tout ce que nous faisons pour maintenir, perpétuer et réparer notre « monde », de sorte que nous puissions y vivre aussi bien que possible. Ce monde comprend nos corps, nous-mêmes et notre environnement, tous éléments que nous cherchons à relier en un réseau complexe, en soutien à la vie22.

6Reprise de leur article « Toward a Feminist Theory of Care » (« Pour une théorie féministe du soin »), cette définition insiste sur le soin du monde, qu’il s’agit collectivement de préserver, sur « les interactions que les humains ont avec les autres », de même que sur l’idée que le « souci/soin » s’applique également aux « objets et à l’environnement23 ». Afin que l’idéal philosophique du vivre-bien, c’est-à-dire par et pour des valeurs, puisse se réaliser en termes de relationalité, il convient d’intégrer au système de valeurs celles du souci de l’autre (philia), dans une approche symétrique, et du sens des responsabilités réciproques, propices à assurer et à maintenir le lien social24.

Enjeux sociaux et littéraires

7Si la littérature permet de rendre visible le travail du care, d’en décrire les acteurs et d’en dégager les enjeux, si elle permet de penser le care, cette notion permet inversement de réfléchir à nouveaux frais à la littérature. Sur un plan théorique, la question du care nous invite à voir la littérature comme une forme d’attention et de relation. Loin d’être seulement l’occupation solitaire de l’auteur.e dans sa tour d’ivoire et des lecteurs dans son monde propre, les pratiques contemporaines sont souvent situées et contextualisées : ateliers d’écritures, résidences d’écrivain, invitations à des festivals font de l’écrivain.e ce que Dominique Viart a nommé un « partenaire d’élucidation25 » mais aussi le médiateur intime des identités et des expériences : il est vu comme un soignant, un accompagnant dans les paroles des lecteurs ou le métadiscours commun sur la littérature, il est de plus en plus souvent interpellé dans les librairies, les salons ou les festivals. Que le lecteur écrive ou qu’il interroge directement l’auteur, c’est souvent moins au titre d’une interpellation abstraite que motivé par une demande d’aide, voire un appel au secours, dans une société contemporaine sécularisée et accélérée où bien des médiateurs traditionnels ont disparu. Tandis que les groupes de lecture fleurissent et que les communautés numériques de lecteurs se développent, la lecture devient une activité dont la dimension thérapeutique est soulignée sans même recourir à des pratiques organisées comme la bibliothérapie : tandis que le libraire devient un prescripteur de livres pour aller mieux et combler la souffrance, le groupe de lecture devient le lieu d’une entraide.

8Contre la notion d’œuvre figée, le faire et le faire ensemble sont alors aussi importants que le résultat, la production artistique relevant d’une forme de vie ordinaire enrichie dans la lignée de la pensée pragmatiste de John Dewey. Elle s’accompagne d’une riche socialisation dont témoignent les politiques publiques inclusives de la création et de la lecture contemporaines, valorisant les savoirs propres des individus et des communautés dans leur capacité à produire des mondes habitables, comme des expérimentations littéraires originales : pensons, à l’interface exacte entre le care et le care littéraire, aux dispositifs de Mathieu Simonet, promouvant divers projets collaboratifs, dont une « autobiographie collective » consistant à faire circuler en hôpitaux des carnets des patients relatant leur adolescence26. Ces pratiques ordinaires ou extraordinaires font résonner à leur manière l’empathie, l’écoute et l’attention qui sont au cœur du care. Elles invitent à considérer la littérature comme une forme d’action, réparatrice ou transformatrice, et rapprochent l’action de l’écriture et de la lecture d’une forme de soin, faisant de l’écrivain un travailleur du care à sa manière – continuité revendiquée par exemple par Gisèle Pineau, infirmière psychiatrique durant sa carrière et aidante au service de ses communautés et écrivaine. En dehors même de son créateur et de ses médiateurs, l’œuvre est investie d’une forme parfois magique d’agentivité sur les âmes et les corps : un dispositif d’aide, voire un médicament. Dans Le Lambeau (2018) de Philippe Lançon, récit du séjour à l’hôpital d’un homme blessé par l’attentat de Charlie, l’œuvre de Proust est ainsi considérée comme participant autant de la réparation que la chirurgienne ou les infirmières qui accompagnent le narrateur. Contre l’idée d’une littérature conçue comme une représentation à distance, c’est donc toute une théorie littéraire recentrée sur l’agentivité de la littérature, comme puissance d’empathie et manière de réorienter l’attention vers la vie ordinaire, le temps long du soin, et de conférer de l’importance aux relations de proximité. On ne s’étonnera donc pas de l’importance des théories critiques recentrées sur la réception de l’œuvre et qui soulignent les liens psychiques créés par celle-ci, les interactions par les expériences de pensée et les imaginaires. Pensons aux interrogations nouvelles de Rita Felsky27 sur la manière dont les personnages de fiction nous habitent et agissent, aux travaux sur les usages sociaux ou les innombrables études sur le lecteur transformé par le texte, aux réflexions récentes de Jean-Marie Schaeffer28 nourries par la psychologie cognitive aux témoignages de lecture grand public ou aux propositions de passer « un été avec [Proust, Montaigne, Colette, etc.] » comme le propose France Culture depuis quelques années. Sur un plan historique, ce que le rapprochement avec les pratiques du care nous dit de la littérature, c’est donc la fin de son autotélie esthétique, qui valait dans des sociétés holistes et pesantes ? comme un schème de libération mais qui s’inverse dans une ambition au contraire relationnelle et éthique. La littérature contemporaine dénonce l’illusion de l’autonomie dans les société complexes et mondialisées et vise à penser le rapport aux autres, y compris lorsqu’elle est conflictuelle. Elle veut produire un « vivre ensemble » par l’éducation morale sensible de chaque individu. Dire la vulnérabilité avec justesse, accéder à l’autre par l’empathie, performer le lien, créer des communautés et les lier par des récits, combler la distance que l’homme a creusée avec l’environnement et les autres vivants : néo-humaniste, la politique de la relation qui, promise par la littérature à l’heure des sociétés néo-libérales dont la solitude individualiste fluide est la norme, résonne ainsi fortement avec les valeurs promues par les éthiques du care.

Littérature du care, care littéraire

9La plupart des contributions rassemblées ici sont issues du colloque « Caring lit’/Pour une littérature du care », organisé du 25 au 27 octobre 2021 par Alexandre Gefen, Sandra Laugier et Andrea Oberhuber à l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne. Afin de compléter ces analyses, menées souvent à partir de questions historiques, théoriques ou génériques précises ainsi que de cas de figure français, italien, québécois, francophones et chicana, nous avons sollicité un certain nombre de spécialistes du care en littérature dont les études s’ajoutent comme autant de pierres à la mosaïque composée de réflexions à la fois complémentaires et divergentes. Si, dans la première partie du titre du colloque, nous avions utilisé l’expression « caring lit’ », bien implantée dans le domaine anglo-saxon29, nous optons, dans le cadre de la publication, pour la mise en valeur de ce qui se veut un postulat – Pour une littérature du care –, puisque la dimension revendicatrice nous semble encore nécessaire dans la mesure où l’acceptation de nouvelles approches théoriques telle l’éthique du care se fait lentement, notamment dans le domaine des études littéraires d’expression française. Aussi la préposition « pour » traduit-elle le parti pris en faveur d’une pensée de la littérature, qu’elle soit francophone (au sens large) ou étrangère, en termes de care dans ses dimensions théoriques, pratiques (le travail du care, les tâches de soin) et affectives (le care émotionnel réhabilitant le « beau mot de “sollicitude” au nom d’un usage non sexué de la morale30 »). Le spectre de cette pensée arrimée à des théories du care (qui, depuis la publication de In a Different Voice il y a précisément 40 ans, se sont diversifiées des deux côtés de l’Atlantique, notamment en sciences humaines et sociales) s’étend de la bienveillance au self-care, en passant par l’attention au détail, l’empathie et l’(inter)dépendance. Le but des études est d’examiner les manifestations d’un care littéraire comme 1o thématique, certes, mais davantage comme 2o moyen de décliner diverses figures au service d’autrui, qui prennent soin des autres, pour faire entendre, dans la foulée du postulat gilliganien, des voix différentes, de faire apparaître ce qui est là mais qu’on ne voit pas toujours, et 3o comme formes d’écriture et d’énonciation qui peuvent témoigner d’une caring attitude (à l’égard d’autrui ou de l’environnement) ou, au contraire, l’interroger, voire la problématiser pour susciter une réflexion critique. Les contours d’une « littérature du care » se dessinent à travers les analyses menées sur des écrivains et écrivaines, tous plus différents les uns que les autres, mais que les outils de pensée et les regards critiques nouveaux permettent de rassembler en un portrait de groupe diversifié, transhistorique et pluriculturel : Giacomo Leopardi, Charles Baudelaire, Léon Bloy, Jean Giraudoux, Jean Giono, Charlotte Delbo, Varlam Chalamov, Annie Ernaux, Pat Mora, Louise Dupré, Lot Vekemans, Ouanessa Younsi, Sophie Calle, Leïla Slimani, Frédéric Pommier, Marie-Sabine Roger, Mathieu Riboulet, Melatu Uche Okorie, Josué Mufula Jive, Vincent Kulimushi, Lydia Flem, Anne Pauly, Stéphane Martelly et Valérie Lefebvre-Faucher.

10Divisée en quatre parties (« Le care avant le care » ; « Travail de care et de deuil – médecine narrative » ; « Souci de l’autre, souci de soi et création » ; « Pe/anser les traumatismes, soigner le lien avec l’Autre ») et se terminant par une table ronde consacrée aux « Récits de fin de vie », avec Claire Fercak et Mathieu Simonet, ce collectif numérique s’intéresse au nœud où se croisent une littérature qui accueille des figures du care et des écritures qui, sans prétendre à une valeur « thérapeutique », donnent à lire une pluralité de pratiques attentionnelles, entre le XIXe siècle et l’époque contemporaine. Les écrivain.e.s proposent des configurations fictionnelles du souci d’autrui (du modèle compassionnel à la résistance à certaines attentes d’un care exclusivement bienveillant et unilatéral, à une « vision appauvrie et stéréotypée du care31 », en passant par des formes de résilience, de deuil et d’autoréflexivité critique), des modalités du « prendre soin » qui peuvent parfois nous surprendre, des questionnements sur ce que signifierait l’idéal démocratique d’une « caring society32 », et comment l’atteindre. Cet idéal ne concerne pas que les professionnel.le.s du soin (médecins, infirmières, aides-soignantes et autres auxiliaires de vie), mais vise à repenser collectivement les fondements du lien social entre les sujets humains, de même que leur manière d’habiter le monde.