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Appels à contributions
Université et littérature contemporaine : médiations, légitimations, méthodes

Université et littérature contemporaine : médiations, légitimations, méthodes

APPEL À CONTRIBUTION

Université et littérature contemporaine : médiations, légitimations, méthodes

Journée d’étude à l’Université Bordeaux Montaigne le 8 juin 2023 suivie d’un numéro de la revue Essais

Si la présence des auteur·ices vivant·es dans l’enseignement et la recherche n’est pas nouvelle, les évolutions récentes du monde universitaire font émerger plusieurs défis. Quelles en sont les implications épistémologiques, éthiques et méthodologiques ?

La massification des études supérieures et la récente concentration des recherches doctorales en littérature des XXe et XXIe siècles rendent particulièrement sensibles les enjeux symboliques (légitimation, consécration, définition des canons) et économiques (œuvres inscrites dans les programmes scolaires, rééditions) dont est porteuse l’Université. Par ailleurs, en raison des liens toujours plus étroits qu’entretiennent les universitaires avec les auteur·ices (correspondances, invitations), de la juxtaposition croissante des espaces culturels auxquels iels appartiennent désormais (recherche, cours de creative writing, journalisme, médiation culturelle), ainsi que de la superposition des statuts (universitaires et écrivain·es), de nouvelles interrogations adviennent, à la fois éthiques et déontologiques. Une telle interdépendance engage les chercheur·euses à repenser leurs propres pratiques, à adopter une attitude réflexive quant à la distance critique qu’il convient d’adopter. Cette reconfiguration du champ universitaire suscite en outre d’importantes gageures méthodologiques. Dans quelle mesure pouvons-nous importer des méthodes issues d’autres disciplines, comme l’entretien sociologique, l’enquête de terrain, la constitution d’archives ? Avec quels outils aborder la « néolittérature », fortement intermédiale ?

Les réflexions s’inscriront dans le prolongement d’une série de travaux amorcés dans les années 2010, notamment des publications, en 2015, de Pour l’engagement critique (actes du colloque de l’Abbaye de Fontevraud, dirigé par Marc Dambre) et Du « Contemporain » à l’Université (dirigé par Marie-Odile André et Mathilde Barraband). Jalons majeurs dans la compréhension des interactions entre le monde universitaire et la littérature récente, ces ouvrages étudient notamment l’avènement du « contemporain » dans les universités françaises à l’orée des années 1990, les processus de « classicisation » et les divergences de la recherche en littérature contemporaine en France et à l’étranger. Plus récemment, dans Moderne / contemporain, art et littérature des années 1960 à nos jours, Pascal Mougin a présenté une réflexion sur la manière dont, selon lui, la rémanence d’un paradigme moderniste à l’université aurait conduit à l’occultation d’un pan entier de la production littéraire contemporaine.

Nous proposons d’étudier les trois questions suivantes, auxquelles nous adjoignons, de manière non exhaustive et à titre purement indicatif, quelques pistes de travail. Ces indications ne sont pas limitatives.

I. Effets économiques et symboliques de la recherche en littérature contemporaine : l’université est-elle un médiateur comme les autres du monde culturel ou a-t-elle un rôle à part entière dans le champ littéraire ?

  • La formation des canons et la hiérarchisation des textes, des genres et des auteur·ices.
  • Le rôle prescripteur de l’université (programmes scolaires, éditions de textes inédits, rééditions critiques).
  • Le rôle de passeur des professeur·es
  • Le rôle des auteur·es invité·es par l’institution (lectures, entretiens, creative writing, etc.).
  • La reprise des notions de la critique universitaire par le champ littéraire et donc son influence sur la création (littérature d’enquête, auto-fiction, écocritique et écopoétique, etc.).
  • La persistance ou non d’une frontière entre critiques universitaire et journalistique, y compris en ligne.
  • Les reconfigurations sociologiques et économiques du champ littéraire impliquées par les récentes évolutions du champ universitaire.

II. Enjeux éthiques : quelles sont les gageures déontologiques que posent désormais les liens entre l’université et la littérature contemporaine ? Comment résoudre d’éventuels conflits d’intérêts ?

  • Les relations interpersonnelles entre universitaires, écrivain·es et éditeur·ices et la reconnaissance symbolique mutuelle qui est en jeu. Cet aspect pourra par exemple donner lieu à des témoignages et/ou à des publications de correspondances.
  • L’autocensure (des universitaires, des auteur·ices, des éditeur·ices).
  • Les universitaires ayant plusieurs statuts (écrivain·es et/ou éditeur·ices). Cet aspect pourra également donner lieu à des témoignages.
  • La non représentativité des recherches en lettres par rapport à l’ensemble de la production contemporaine (difficulté à prendre en compte la littérature dite populaire ou grand public ; visibilisation d’une littérature blanche, masculine et française au détriment d’autres littératures).
  • Les implications symboliques et économiques de la canonisation (entrer dans les programmes scolaires et des concours, accéder à une large reconnaissance).
  • Les liens entre l’université et les autres acteur·ices du monde du livre et leurs enjeux économiques (librairies, festivals, etc.). 

III. Défis épistémologiques : comment et pourquoi importer et inventer de nouvelles méthodes ?

  • Les outils pour étudier une littérature contemporaine caractérisée par une forte transmédialité, intermédialité et par une circulation numérique.
  • La manière d’aborder le travail de terrain. Quelle place pour les méthodes sociologiques et anthropologiques ?
  • La manière de faire advenir l’archive, les enjeux du passage de l’analyse rétrospective à l’enquête prospective.
  • La modification structurelle de l’université induite par les transformations de la littérature récente (pertinence ou non des divisions génériques, interdisciplinarité des chercheur·euses, restructuration des équipes, refonte des enseignements). 

Soucieux·ses de faire dialoguer l’ensemble des acteur·ices de la littérature contemporaine, nous souhaitons recueillir à la fois des articles de chercheur·euses et les témoignages d’auteur·ices, éditeur·ices, personnes travaillant dans des lieux culturels (festivals, salons, revues, etc.). Des articles préliminaires seront à remettre en vue d’une journée d’étude à l’Université Bordeaux Montaigne le 8 juin 2023. Cette journée prendra la forme d’une série de tables rondes. Les contributeur·ices seront invité·es à échanger sur les thématiques retenues à partir des articles préliminaires qui auront été préalablement consultés par l’ensemble des participant·es. Après cette journée, les participant·es proposeront une seconde version de leur article. L’ensemble des contributions sera regroupé dans un numéro de la revue Essais consacré aux rapports qu’entretiennent l’université et la littérature contemporaine (publication conditionnée à une double relecture anonyme).

Les propositions seront faites en français. Lors de leur examen, nous serons attentif·ves à mettre en avant les variables génériques (poésie, théâtre, roman, genres hybrides) et géographiques (France, francophonie non française). L’ouvrage a vocation à allier travaux de synthèse et études de cas. 

Les propositions interdisciplinaires ou s’intéressant au fait littéraire mais adoptant des méthodes propres à d’autres domaines, comme la sociologie de la littérature, le droit ou l’économie du livre, seront les bienvenues. Nous souhaitons également valoriser des propositions non académiques originales (témoignages, récits, correspondances, entretiens, poèmes, etc.).



Calendrier prévisionnel :

Propositions de contribution : à envoyer avant le 30 septembre 2022, avec un titre, un argumentaire de 300 mots maximum ainsi qu’une brève indication biobibliographique à litt.contemporaine.univ[at]gmail.com. 
Réponses aux propositions de contribution : fin novembre 2022.
Envoi des articles préliminaires : avant le 15 avril 2022.
Journée d’étude à l’Université Bordeaux-Montaigne : 8 juin 2023.
Remise des articles pour soumission à la revue Essais : avant le 15 septembre 2023 (40 000 signes maximum, notes et espaces comprises, notes et bibliographie comprises). 
Publication dans la revue Essais : 2024.



Comité scientifique :  

Benoît Auclerc (Université Jean Moulin Lyon 3, Marge)
Mathilde Barraband (Université du Québec à Trois-Rivières, Laboratoire L’art en procès)
Éric Benoit (Université Bordeaux Montaigne, Plurielles)
Sylvie Ducas (Université Paris Est-Créteil, Lis)
Estelle Mouton-Rovira (Université Bordeaux Montaigne, Plurielles)
Magali Nachtergael (Université Bordeaux Montaigne, Plurielles)
Dominique Rabaté (Université Paris Cité, Cerilac)


Comité organisateur : 

Mathilde Buliard
Heiata Julienne-Ista
Laure Sauvage
(Doctorant·es, Université Bordeaux Montaigne, Plurielles)