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Rire des femmes (avec Molière)

Rire des femmes (avec Molière)

Publié le par Marc Escola


Rire des femmes (avec Molière)
Séminaire de Lise Michel et Marc Escola
assistés de Coline Piot

Université de Lausanne
Semestre de printemps
Jeudi 10h15-12h, Anthropole/4078, du 19 février au 28 mai

Rire des femmes (avec Molière)

Séminaire de Lise Michel et Marc Escola

assistés de Coline Piot

 

Jeudi 10h15-12h, Anthropole 4078

 

Est-il seulement permis de rire (au théâtre) lorsqu’une femme est réduite au silence à coup de bâtons par son mari alcoolique (Martine dans Le Médecin malgré lui)? Qu’ont donc de comique la sottise d’une jeune fille privée de toute éducation par la volonté d’un tuteur tyrannique (Agnès dans L’École des femmes) et les discours d’un homme pour lequel l’esprit féminin n’est rien de plus qu’une « girouette dans le vent » (Gros-René dans Dépit amoureux) ? Et inversement : en quoi deux femmes qui militent pour un égal accès au savoir entre les deux sexes sont-elles ridicules (Philaminte et Armande dans Les Femmes savantes)? La complète humiliation d’une coquette trop sûre d’elle-même est-elle vraiment comique (Célimène dans Le Misanthrope) ? Sait-on toujours de quoi les spectateurs se moquaient lorsqu’ils riaient aux pièces de Molière, et de quoi nous nous moquons ? Rousseau en doutait nettement dans la Lettre à d’Alembert sur les spectacles

S’il entre une part de mystère dans le génie comique de Molière, ou une part de magie dont les spectateurs font l’épreuve génération après génération depuis plus de trois siècles, il passe peut-être en partie par le traitement accordé à la « question féminine ». Le séminaire se propose de comprendre, dans son principe et son contexte de production, le fonctionnement d’un humour singulier, qu’une critique postérieure a bien rapidement considéré comme misogyne, le réduisant à n’être qu’une manifestation de la « querelle des femmes » parcourant les siècles classiques.

On confrontera quelques comédies de Molière aux débats qui leur sont contemporains sur la question féminine dont elles se font apparemment l’écho (au vrai, le milieu du XVIIe siècle voit l’apparition des premiers manifestes « féministes »), mais aussi à ce que l’on peut savoir de la réception des pièces. Comment expliquer qu’un large public féminin ait fait le succès d’un théâtre qui maltraite aussi régulièrement « le beau sexe » ? On sait assez ce qu’est un rire misogyne : est-il seulement permis de postuler l’existence d’un rire « philogyne » dont les femmes seraient (avec Molière) les complices avisées ?

Le séminaire s’inscrit dans le cadre d’un projet de recherche sur la représentation de Molière mené en collaboration avec les Universités de Montpellier (B. Louvat) et de Fribourg (C. Bourqui). Un stage d’initiation à la diction et aux postures scéniques de l’époque classique réunira les étudiants des trois universités les 1er et 2 avril 2015, à La Grange de Dorigny.

 

Pièces retenues :
 -       Les Précieuses ridicules, éd. C. Bourqui, Le Livre de Poche, 1999.
-       Sganarelle ou le Cocu imaginaire, éd. P. Dandrey, Paris, Gallimard, Folio, 2004.
-       L’Ecole des maris, Paris, Petits classiques Larousse, 2014.
-       Le Dépit amoureux – texte fourni sur l’espace Moodle du séminaire.
-       L’École des femmes, éd. B. Louvat, Paris, Flammarion, « GF », 2011.
-       Le Médecin malgré lui, éd. B. Rey-Flaud, Paris, Le Livre de Poche, 1986.
-       Les Femmes savantes, éd. C. Bourqui, Paris, Le Livre de Poche, 1999.
-       Le Misanthrope, éd. C. Bourqui, Paris, Le Livre de Poche, 2000.